Alain Lefèvre et l’OSM à la Maison symphonique de Montréal – Bible urbaine

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Alain Lefèvre et l’OSM à la Maison symphonique de Montréal

Alain Lefèvre et l’OSM à la Maison symphonique de Montréal

Hommage décoiffant à Gershwin

Publié le 28 juin 2014 par Charlotte Mercille

Crédit photo : Frédérique Ménard-Aubin

L’ambiance était à la fête hier à la Maison symphonique de Montréal. 35e anniversaire du Festival international de Jazz de Montréal, 80e anniversaire de l’OSM et 90e anniversaire du classique Rhapsody in Blue composé par Gershwin; Alain Lefèvre et l’Orchestre symphonique de Montréal célébraient plusieurs anniversaires pour le moins importants. Les chandelles ont été soufflées dans un élan de virtuosité et d’énergie contagieuse qui ne pouvait mieux amorcer la plus récente édition du Festival de Jazz.

George Gershwin fut parmi les premiers à introduire le jazz dans les salles de concert, un genre longtemps relégué à l’antichambre de la scène symphonique. Le programme soulignait précisément cet héritage colossal qu’a légué le compositeur américain au jazz contemporain.

En pleine forme, l’OSM a brisé la glace avec la célèbre ouverture cubaine de Gershwin. Percussions tropicales et cuivres ludiques se sont mariés dans une harmonie surprenante. L’auditeur croirait se retrouver dans un club sélect des Antilles où James Bond aurait résidé entre deux missions secrètes. C’est dire toute l’influence que le compositeur exerce sur la musique de film du dernier siècle.

Gershwin gâte particulièrement les vents à travers ses compositions. Comment oublier la célèbre introduction langoureuse de la clarinette dans «Rhapsody in Blue», ou les passages suaves de la clarinette basse du concerto en fa pour piano? La première clarinette a été à son meilleur: ronde et colorée, en plus d’un forte particulièrement clair entre les passages d’ensemble presque pharaoniques. Bien que moins flamboyant que Nagano, Jean-François Rivest dirige avec rigueur les musiciens sans vraiment s’éloigner de l’interprétation.

Les percussionnistes s’en sont également donnés à cœur joie dans toute la diversité de médiums insolites utilisés par Gershwin et Bernstein tels que le claquement des doigts, le gong ou même les exclamations de musiciens. Les gratte-ciels de Manhattan ont transpiré des partitions de West Side Story.

En guise d’intermède plus intimiste entre les pièces d’orchestre, Alain Lefèvre a joué quatre pièces de son cru en compagnie de ses vieux amis, Michel Donato à la basse et Paul Brochu à la batterie. Outre le talent indéniable de ces musiciens aguerris, la performance fut admirable pour la grande complicité qui résidait entre eux. Sans tomber dans le mauvais jeu de mots, Lefèvre est un grand attentif qui préfère de loin se nourrir de l’énergie des autres artistes que de s’en isoler. Plus tard, le pianiste a prouvé de nouveau son talent unique lorsque le piano devient une symphonie à lui seul lors du concerto en fa spectaculaire, pièce ultime de la soirée.

Seul bémol à la fin d’un concert où amateurs et novices furent conquis: on se demande si le programme aurait pu être moins chargé, question de se sentir moins saturé malgré l’endurance remarquable des musiciens devant des morceaux aussi costauds. Alain Lefèvre et l’OSM ont pourtant relevé le défi en livrant une prestation aussi décoiffée que la chevelure de Lefèvre, débordante de nuances, mais qui se termine toujours sur une note souriante.

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