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Crédit photo : Annie Éthier & Frédérique Ménard-Aubin
Tout d’abord, revenons un peu en arrière et discutons un peu de Philippe Brach, ce jeune auteur-compositeur-interprète de 24 ans, originaire du Saguenay Lac-Saint-Jean, lequel a remporté la 18e édition des Francouvertes aux côtés des finalistes Julie Blanche et Deux Pouilles en Cavale.
C’est avec son charisme magnétique et sa bonne humeur contagieuse que Philippe Brach a fait son entrée sur scène, échangeant avec ses trois musiciens quelques regards complices, signes d’une belle amitié pleine d’insides. Quelques accords de guitare, quelques cris sortis de la gorge d’un dément, et le public a tout de suite pu reconnaître «Dans ma tête», pièce phare de son album La foire et l’ordre.
«Fuck yeah le Club Soda! J’vais prendre une bonne gorgée de Coors Light à votre santé!», c’est exclamé un Philippe Brach qui avait le ventre vide, probablement à cause de la brosse qu’il a virée à Vancouver, la veille. Thématique alcool oblige, Brach a enchaîné avec la ballade «Le matin des raisons», nous berçant avec son chant rassurant, et nous laissant sur de belles images mentales: «C’est l’matin / Et j’suis déjà stone / Pis j’ai encore mes deux yeux / Pour pleurer».
Entre chansons plus entraînantes («Gaston», «Race-Pape») et ballades mélancoliques («Chien», «T’aurais pas pu nous prendre à deux»), cette dernière étant l’histoire d’un vieillard qui perd sa femme et qui décide d’écrire une lettre à Dieu, Philippe Brach a bercé son public avec des histoires de cul et des anecdotes drolatiques, comme cette chanson nommée «Alice», que Brach a décrit de «petite chanson belle et douce qui parle d’avortement», pour reprendre ses mots.
S’il est parfois cru, tantôt incorrigible, la plupart du temps vraiment, vraiment drôle, Brach a aussi cette qualité d’incarner son personnage en chantant avec aplomb ses compositions qui adoptent une belle dimension sur scène avec ses musiciens et amis David Couture, Pierre-Olivier Gagnon et Justin Allard.
Les Hay Babies
Les trois chic filles des Hay Babies, originaires du Nouveau-Brunswick, ont mis la table tout en douceur en livrant la dernière chanson de leur album Mon Homesick Heart, intitulée «Me reconnais-tu?», avant d’enchaîner avec «Horse On Fire», tirée de leur EP Folio, sorti en juillet 2012.
D’emblée, le trio séduit par son naturel et son aisance sur scène, mais surtout avec cet accent qui n’est pas toujours évident à décrypter, du moins pour un Québécois pure laine: «J’sais pas si vous avez remarqué, mais on a un p’tit accent. Un p’tit accent parisien!», ont-elles lancé à la blague, provoquant une vague de rires dans l’assistance.
Elles ont joué dans son intégralité leur maxi, qui contient notamment les pièces «Obsédée» et «On ne reviendra plus en courant», mais aussi un lot de chansons de leur premier album studio, dont «N’importe quel gars», «Néguac and Black», «J’ai vendu mon char» et, bien sûr, l’excellente «Fil de téléphone», qui les a fait sortir de l’ombre il y a quelque temps. Il est seulement dommage que leur invitée surprise Lisa leBlanc soit seulement restée à jouer du banjo le temps d’une chanson, tant qu’à être là, pourquoi ne pas l’avoir gardée plus longtemps?
«On a fait les Francos l’an dernier devant beaucoup de gens pis on a failli faire pipi sur le stage! Pis, on s’est dit aussi que ça serait le fun d’être avec un full band», a confié la plus grande des trois, trois secondes avant que trois musiciens entrent sur scène pour donner plus de substance aux mélodies indie-folk du trio d’origine.
Les filles sont certes belles à voir sur scène, l’une étant raide comme un piquet, grattant sa guitare avec rigidité mais chantant comme un ange, l’autre, sa mini-guitare en main, dansant avec légèreté et naturel, la dernière maîtrisant son banjo avec son look cowgirl et sa voix claire et haut perchée, chacun ayant une personnalité qui se marie bien avec celle des autres.
C’est un fait: les mélodies des Hay Babies, sur album, sont en général toutes très sympathiques, mais font montre d’une certaine redondance, sentiment qu’on a également ressenti hier soir au Club Soda, comme si on avait déjà fait le tour après la première heure de leur prestation. Mais une chose est sûre, ces trois musiciennes sont vouées à un bel avenir, il ne leur reste plus qu’à trouver leurs couleurs et des mélodies qui se distinguent plus encore, et sûrement qu’à ce moment-là on aura le goût d’en écouter encore, et encore.
L'avis
de la rédaction