Pierre Lapointe sur la Scène Bell des FrancoFolies de Montréal

«Si vous êtes ici, c’est que vous devez connaître un peu mon univers, donc vous devez savoir que ça peut être très joyeux, comme ça peut être plutôt tristounet, ou vraiment très grave. Là, je vais vous faire une chanson vraiment dramatique», a-t-il lancé presque d’entrée de jeu avant d’entamer l’effectivement dramatique «Barbara», que l’on peut entendre sur son dernier album Punkt, sorti en mars 2013. Toute la soirée, il a donc alterné entre les chansons «dépressives» et celles «vraiment plus joyeuses», tout comme il a alterné entre des accompagnements parfois très simples, parfois plus élaborés. «Vous avez vraiment une qualité d’écoute exceptionnelle», a-t-il complimenté la foule après «Les vertiges d’en haut», présentée sans autre accompagnement musical que son piano, ce qui était un pari risqué pour un spectacle d’une telle envergure en plein air.

On connaît Pierre Lapointe comme étant un personnage mordant et faussement prétentieux lorsqu’il est sur scène. Il n’a pas fait exception hier soir, alors qu’il a dédié une chanson aux célibataires présents dans la foule. «J’ai remarqué qu’il y a beaucoup plus de célibataires à Montréal que dans les autres villes du Québec et même en Europe. Est-ce parce que Montréal est la ville du vice? Vous n’êtes pas capable de stucker avec une seule personne, ma bande de courailleux? Bon, alors, tous les célibataires, je vous dédie cette chanson vraiment déprimante, qui parle de solitude. Oui, je suis de même moi. Je ne veux pas que vous oubliiez que, à moins d’un MIRACLE, vous rentrerez seul ce soir. Et vous serez encore seul demain matin. Est-ce que j’entends des gens en couple rire des célibataires? Dois-je vous rappeler qu’un couple, ça peut se briser. Ça dure JAMAIS pour toute la vie ces affaires-là! Peut-être qu’il y en a qui sont venus en couple ce soir et qui repartiront seuls ce soir. Au moins votre rupture aura eu lieu pendant un spectacle de votre chanteur québécois populaire PRÉFÉRÉ, moi, Pierre Lapointe!» Suite à ces paroles empreintes de bonheur et d’espoir, il a enchaîné avec la magnifique «Nos joies répétitives».

Puis, il a demandé à ses musiciens de le rejoindre sur scène pour jouer «Tel un seul homme», invitant la foule à faire un «gang bang de tendresse». Et c’est avec Félix Dyotte (Chinatown), Denis Faucher, Amélie Mandeville et Francis Mineau (Malajube, Oothèque), tous regroupés autour de lui, qu’il a aussi proposé au public une version ensoleillée de «L’étrange route des amoureux», dont le clip osé et audacieux a beaucoup fait parler il y a quelques semaines. On y voit notamment le chanteur embrasser langoureusement Michèle Richard!

Mauvaise planification ou simple coup du hasard, plus le spectacle avançait, plus les chansons se faisaient douces et plutôt tranquilles. Même le refrain de «La sexualité», chanté par Fab et Frannie de Random Recipe, manquait un peu de punch. Idem pour ce duo presque improvisé avec -M- (Mathieu Chédid) sur «Nostalgic du cool», une pièce du chanteur français. Heureusement, «Deux par deux rassemblés» est un peu venue sauver la mise avant un rappel aussi très tranquille pendant lequel Pierre Lapointe a offert au public une chanson inédite, ainsi que «Tête pointant le nord», issue de son premier album.

Malgré ce petit bémol, Pierre Lapointe a démontré qu’il a beau faire son comique en se disant parfait et merveilleux, il a plutôt raison. Il occupe la scène et se l’approprie comme un enfant sur un terrain de jeux. On lui souhaite de s’amuser tout autant en formule très intime vendredi soir prochain lors de sa représentation presque privée au Grévin Montréal.