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Crédit photo : Pacifique Barrette inc.
«Vous êtes courageux d’être ici ce soir. Parce que la majorité des chansons, vous ne les connaîtrez pas. Je vous garroche ça, puis on se revoit en septembre!» a lancé d’emblée une Salomé Leclerc rieuse, visiblement heureuse d’offrir à son public ses nouvelles créations. Et même si elle offrait durant la soirée cinq chansons qui se trouvaient sur sa première offrande, Sous les arbres (2011), il y a tout de même lieu de les appeler «nouvelles créations».
Il était en effet étonnant de reconnaître d’anciennes chansons telles que «Ne reviens pas», plutôt dépouillée même avec l’ajout de synthétiseurs, ou encore «Love Naïve Love», dans une version très rock, malgré le fait que Leclerc l’interprète majoritairement seule à la guitare en grattant à peine les cordes, donnant une performance douce mais saisissante. C’est avec le co-réalisateur de 27 fois l’aurore et multi-instrumentiste Philippe Brault que l’artiste a revisité ses «plus grands succès du premier disque», pour les amener ailleurs. Mais vraiment ailleurs. À l’exception de «Longue Saison», qui s’est révélée être très fidèle à la version de l’album, avec tout autant de ressenti au niveau de l’interprétation.
Indéniablement, les synthétiseurs et différents effets sonores que Philippe Brault a ajoutés à la musique de Leclerc créent des sonorités électroniques qui, s’ils surprennent au début du spectacle et semblent prendre beaucoup de place – presque trop, par rapport aux «vrais» instruments comme le trombone de Benoît Rocheleau ou la batterie de José Major –, finissent par bien coller aux compositions et aux envolées instrumentales de l’artiste.
Et ce n’est pas parce que les ambiances électro font maintenant partie intégrante de la musique de Salomé Leclerc que les chansons intimistes et la voix si particulièrement rauque et envoûtante de la chanteuse ont disparu! En fait foi «L’icône du naufrage», «probablement le tableau le plus cinématographique de l’album», un joli morceau inspirant et inspiré des bords de l’eau qu’affectionnent particulièrement la musicienne. Ce morceau laisse effectivement entendre une certaine fragilité malgré les artifices des synthétiseurs, et il a permis pour la seule fois de la soirée d’entrevoir une Salomé Leclerc à la basse plutôt qu’à la guitare.
Si l’on se fie à cette présentation en primeur des nouvelles chansons, 27 fois l’aurore promet un bel équilibre. On y retrouvera encore des ballades intimes à saveur folk rappelant Sous les arbres, mais agrémentées de synthétiseurs, mais aussi des pièces plus dynamiques et rock, comme les très entraînantes «Le bon moment» et «En dedans». Si on connaît déjà, grâce au vinyle paru le 29 avril dernier, les pièces «Arlon» et «Vers le Sud», il est intéressant de noter que «Sur moi la glace» a également déjà pu être entendue par les admirateurs de l’artiste qui l’auraient vue en spectacle, du moins à la fin de sa tournée précédente.
Malgré tout, et contre toutes attentes, c’est une «Vers le Sud» tout à fait dépouillée d’artifices, uniquement à la guitare et à la voix, qui a été offerte en rappel. Le spectacle entier a pourtant présenté de nombreuses envolées instrumentales intenses et chargées de sonorités diverses – notamment une «Partir ensemble» si modifiée et électronique que Salomé Leclerc, jouant du tambour avec ardeur, a cru bon de demander si on la reconnaissait –. Étonnant, venant de la pièce «sur la face B du vinyle… qui ne contient que deux chansons!» qui est justement supposée représenter le nouveau son de Salomé Leclerc et qui contient d’ordinaire des synthétiseurs et sons préenregistrés.
Les spectateurs rassemblés au Gesù hier allaient donc de surprise en surprise, découvrant au fil des chansons un nouvel univers, un nouveau tableau, mais surtout un nouveau son. Si beaucoup de ces créations ont pu en surprendre plus d’un, nul n’aura été surpris de constater l’aisance de l’interprète sur scène, son bonheur d’offrir ses chansons et son talent certain pour créer des ambiances. La surprise du début, de la découverte des nouvelles sonorités, aura rapidement fait place à la satisfaction de se dire que 27 fois l’aurore, prévu pour le 23 septembre prochain, sera franchement intéressant. Seule Salomé Leclerc aura été surprise jusqu’à la toute fin, constatant en souriant timidement l’amour de son public, qui l’a ovationnée à deux reprises plutôt qu’une.
Gael Faure
Le Français Gael Faure, accompagné d’un batteur et d’un multi-instrumentiste (basse, guitare électrique, synthétiseur), a relevé avec brio le défi d’effectuer la première partie de Salomé Leclerc, avec sa folk-pop dynamique. Démontrant une belle maîtrise de sa guitare et une voix polyvalente, l’artiste n’a pas hésité, non plus, à discuter avec le public et à raconter certaines histoires liées à ses chansons, dont «On dirait l’Islande», qui traite de son village français, dans les montagnes, ou encore «Château de sable», un morceau à propos des adultes qui ne veulent plus faire les mêmes choses que quand ils étaient jeunes de peur d’avoir l’air immatures. Charismatique et sympathique, Gael Faure a fait preuve d’une belle énergie sur scène, ayant un plaisir évident à jouer ses chansons avec une groove intéressante, parfois avec des ambiances plus intimistes et bien senties. Son album, De silences en bascules, est paru au Québec le 27 mai dernier.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Caméléon
2. Arlon
3. Ne reviens pas
4. J'espère aussi que tu y s'ras
5. Love naïve love
6. L'icône du naufrage
7. Le bon moment
8. Attendre la fin
9. Longue saison
10. Sur moi la glace
11. En dedans
12. Partir ensemble
Rappel
13. Vers le sud
14. Devant les canons