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Crédit photo : Ipecac Recordings / Lex / Peter Hinson
Bien que Nevermen ait vu le jour en 2008, il aura fallu patienter jusqu’en 2016 pour que cette première offrande soit lancée. En effet, les trois membres, qui sont tous des musiciens très occupés, ont réalisé ce disque pendant leur temps libre. Doseone avait déjà collaboré avec Patton (Peeping Tom) et les deux artistes souhaitaient travailler ensemble à nouveau. Adebimpe et Doseone ont amorcé ce projet et ont demandé, peu après, au chanteur de Faith No More de se joindre à eux.
Le fil conducteur de ce projet est vraiment intéressant: il n’y a pas de leader dans ce groupe, mais plutôt trois chanteurs qui expérimentent en studio. Et ils ont, effectivement, une présence équivalente sur ce disque. Les trois hommes ont, bien sûr, des voix très différentes; celle de Doseone est plus aiguë, Adebimpe, facilement reconnaissable, a un timbre de baryton tandis que Patton est super versatile et possède un registre de six octaves. Mais cet amalgame fonctionne bien et le résultat est fluide.
Ce qui est impressionnant avec ce super groupe, c’est qu’il y a un véritable effort de cohésion et de création. Les trois chanteurs auraient pu se laisser porter par leur réputation respective, comme c’est trop souvent le cas avec ce genre de projet. Fort heureusement, ce n’est pas le cas ici. Après quelques écoutes, on remarque que Nevermen est beaucoup plus pop que ce que Patton a l’habitude de présenter, plus électro que ce que TV On the Radio offre et possède un rythme plus soutenu, comparativement à ce que Doseone a fait paraître par le passé.
Cette offrande contient plusieurs chansons solides, dont «Wrong Aminal Right Trap», qui est une joyeuse cacophonie ultra limpide, alors que «Tough Towns» révèle des harmonies de voix hallucinantes et un rythme particulièrement entraînant. «Dark Ear», pour sa part, possède des couplets très pop et joyeux tandis que les refrains sont beaucoup plus pesants, alternant entre le rap et le métal.
Soulignons également, parmi les titres accrocheurs, «Hate On», qui est plus lente et sombre, presque trip-hop, mais dont la finale est percutante, ainsi que «Shellshot», qui allie dance, sonorités industrielles et hip-hop, un véritable tour de force. Par ailleurs, la pièce «Mr Mistake», qui tombe dans l’électro et qui est trop enfantine, n’est pas représentative de l’album, bien que ce soit l’un des extraits officiels.
La réalisation de Nevermen est fluide et, malgré ses rythmes pop, cet album démontre une certaine complexité au niveau des textures. Le son est riche, influencé par la musique industrielle et électronique, ce qui lui confère une énergie dance. Ce n’est pas aussi tordu que Mr. Bungle, mais c’est tout de même plutôt original. Si vous êtes un fan de l’un de ces trois artistes, Nevermen vous plaira assurément.
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de la rédaction