LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Éditions du Seuil
Un «thriller glaçant», peut-on lire sur le quatrième de couverture, et force est d’admettre que l’adjectif est faible, puisque Valentin Musso nous convie à un véritable plaisir littéraire où l’auteur tient les ficelles de cette histoire qu’il s’amuse à présenter en trois points de vue narratifs, pour mieux tromper même le plus perspicace d’entre nous.
Il y a d’abord cette introduction violente et tellement d’actualité ces temps-ci, ceux qui ont peiné à visionner Elephant ou encore le premier épisode de la saison deux de 19-2, se souviendront des sentiments vécus, avec cette boucherie infâme à l’université où de nombreuses victimes sont tombées sous les balles d’un tireur fou.
Aucune mise en contexte; juste une prémisse assassine pour nous souhaiter la bienvenue dans son univers.
Puis on retrouve François Levasseur, Parisien au quotidien morne mais sans stress réel, lequel tente de retrouver la santé après un épisode malheureux – visiblement un AVC – carabiné à un incident inconnu lui ayant coûté la mobilité d’une de ses jambes. Jusqu’à sa rencontre, par une journée orageuse, avec Ludovic, ce jeune homme brandissant sa pancarte à la pluie battante, au moment où notre protagoniste rencontre une crevaison à un jet de pierre.
Et voilà le destin des Vasseur scellé à jamais après cette rencontre.
Et par cet heureux hasard du destin qui se moque parfois de nous, car les Vasseur avaient justement mis en veilleuse leurs projets d’engager un professionnel pour rafistoler quelques pans de leur demeure, voilà que le jeune Ludovic, débrouillard et fort habile de ses mains, s’avère le candidat idéal pour réaliser les travaux.
Mais de fil en aiguille, et à force de le côtoyer, François et Mathilde Vasseur trouveront quelques manières rustaudes à ce Ludovic, peu loquace d’ailleurs, qui tiens à demeurer mystérieux sur son passé.
Qui est-il ? D’où vient-il ? Au diable les questions, car après tout il travaille tellement bien. Voilà ce que se diront les Vasseur, jusqu’au jour où ils ne pourront plus revenir en arrière…
Valentin Musso marche quelque peu dans les pas du cinéaste François Ozon avec Une vraie famille, car on retrouve cette même ligne directrice tordue qui donnait tout le plaisir à son film Dans la maison, mettant en scène Fabrice Luchini et Ernst Umhauer. Ici, un jeune homme s’immisce dans l’intimité d’un couple de bourgeois, retrouvant cette famille qu’il semble avoir manqué.
Mais là réside tout le pouvoir de Musso: tel un marionnettiste tenant à bout de doigts les ficelles de ses marionnettes, ils contrôlent les faits et gestes de ses personnages, s’amusant à se jouer de son lecteur pour mieux le tromper.
La forme du roman brille par ces trois voix narratives qui constituent les trois parties principales du squelette, l’auteur nous racontant l’histoire à travers les yeux des trois personnes: François, Mathilde puis Ludovic.
Si le plaisir tend à s’atténuer aussitôt que la vérité devient plus évidente, car malheureusement certaines longueurs ont réussi à s’installer confortablement à travers ces quelques 370 pages, on termine le nouveau Musso avec ce sourire en coin qui semble dire «bien joué».
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de la rédaction