«Mon Homesick Heart», le premier opus de la formation Les Hay Babies – Bible urbaine

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«Mon Homesick Heart», le premier opus de la formation Les Hay Babies

«Mon Homesick Heart», le premier opus de la formation Les Hay Babies

Le coût du succès

Publié le 25 avril 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Simone Records

Après avoir remporté les grands honneurs aux Francouvertes en 2013, Julie Aubé, Katrine Noël et Vivianne Roy, alias Les Hay Babies, sont parties sur une lancée qui fera rayonner leur indie-folk bien au-delà de leur Nouveau-Brunswick natal. Entre mélodies rythmées et ballades sentimentales, le trio présente sur son premier effort, Mon Homesick Heart, onze pièces sensibles et authentiques qui témoignent des sacrifices à faire pour arriver au succès qu’elles connaissent maintenant et qui ne cessera de croître.

Un banjo (Julie Aubé), un ukulélé (Katrine Noël) et une guitare (Vivianne Roy), agrémentés de trois voix en sublimes harmonies: on aurait pu croire que le succès des Hay Babies ne se résumait qu’à cela, à les voir aller sur les scènes durant les Francouvertes, puis en Suisse et en France, qui les ont accueillies à plusieurs reprises déjà. Et à l’écoute de la pièce d’ouverture, «Bonnie and Clyde», on tombe tout de suite dans le piège. Le banjo prédominant, les chœurs qui embarquent avec aplomb sur les refrains, le charmant accent, des hands claps pour battre le rythme, et une histoire assez comique et imagée, tout y est pour former une chanson entraînante et représentative du folk acadien pour lequel Lisa LeBlanc a pavé la voie. Mais grâce à la réalisation de François Lafontaine, qui a vraiment mis ses claviers et la pedal steel guitar de Joe Grass de l’avant, il y a sur Mon Homesick Heart des arrangements plus complexes et des ambiances aériennes bienvenues, qui contribuent tout de même à flirter avec le country.

C’est «N’importe quel gars» et «Trop Frette», cette dernière avec ses sonorités différentes du reste de l’album, sa voix plus franche et dénudée sur fond de mélodie au clavier au son s’apparentant au marimba et, plus loin, sa guitare électrique planante, qui emboîtent le pas non seulement aux morceaux plus sensibles et intimes des Hay Babies, mais aussi au son plus complexe et aérien de l’album. La seule pièce en anglais du disque, «Salsa Sea», est également très représentative du son Lafontaine, tout en étant la chanson la plus sentie de l’opus, sur laquelle les jeunes femmes n’ont pas besoin d’entertainer, mais uniquement de s’ouvrir franchement à l’auditeur.

Si on compare beaucoup Les Hay Babies à Lisa LeBlanc, en raison de leur origine commune et du charmant accent qu’elles possèdent toutes, c’est plutôt aux sœurs Boulay qu’il y a lieu de comparer certaines des pièces du premier effort du trio. Certaines chansons se veulent en effet très sensibles, mettant l’accent sur les voix en harmonie et la simplicité d’arrangements tout aussi efficaces pour chanter des amours déçus, comme sur «N’importe quel gars». «Fil de téléphone», au refrain des plus entraînants et ravissants, permet également d’entendre la jolie superposition des trois voix féminines. Parfois avec aplomb lors du refrain, parfois avec délicatesse dans de doux chœurs supportant la chanteuse principale à la voix presque langoureuse durant les couplets, elle possède aussi un style pouvant rappeler celui des Gaspésiennes, malgré le banjo enjoué.

«Me reconnais-tu?», enregistrée sur iPhone, se révèle également être l’une des plus belles et des plus sincères du disque, laissant entendre «Me reconnais-tu? / On s’est déjà aimé / D’un bout à l’autre du monde / Jusqu’à ce qu’on pouvait pu s’entendre». Pièce de clôture de Mon Homesick Heart, elle ravit et boucle la boucle, car le fil conducteur de l’album est très clair, mais aussi très senti. Cette relation s’effrite parce que leur «amour se tient par un fil de téléphone» («Fil de téléphone»); Néguac, cette ville qui leur est chère et qu’elles n’ont plus le temps de visiter sur le touchant et entraînant cri du coeur «Néguac and Back»; les amis qu’elles ne voient plus, chantant «J’ai beaucoup d’amis, mais j’les vois pas souvent / J’ai manqué trop de fêtes pour me remettre au courant» sur la ballade au ukulélé «La toune du Soundman»: Les Hay Babies ont bien nommé leur premier album, car elles ont le mal de la maison et de la difficulté avec l’éloignement et les relations à distance qu’elles doivent entretenir en raison de la vie de tournée.

Elles devront pourtant s’y faire, car leur folk indé autant enjoué («Néguac and Back», «J’ai vendu mon char») que délicat charme dès la première écoute, malgré une formule qui se répète sur beaucoup de chansons, même si elle est gagnante et appréciée.

Le premier album de la formation Les Hay Babies, Mon Homesick Heart, est en magasin depuis le 15 avril 2014. Le trio a aussi beaucoup de dates de spectacles à venir. Pour plus de détails, consultez leur site officiel au www.leshaybabies.com/spectacles.

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