«Supermodel» de Foster the People

Un peu plus long et certainement plus soigné, l’album du groupe, originaire de Los Angeles, n’a certainement pas mis de côté les refrains accrocheurs et la pop sucrée, mais ils ont décidé de complexifier leur son, ce qui n’est certainement pas un élément négligeable. Une sonorité plus approfondie évite aussi que l’album sente la redite en moins d’une heure. On les remercie d’avoir confié la majorité de la production au talentueux Paul Epworth (proche collaborateur des nombreux Florence + the Machine, Cee-Lo Green, Bloc Party et Bruno Mars, notamment), lequel s’est assuré que l’opus fasse montre d’une belle richesse créative.

Ainsi, dès la pièce d’ouverture «Are You What You Want to Be?», qui exhibe une variété de percussions aux sonorités quasi tribales, on comprend que le groupe a décidé d’ouvrir ses horizons. Du coup, pas question de seulement donner dans les tubes radiophoniques. Si on a bien essayé quelques touches plus expérimentales et psychédéliques, comme la mystérieuse pièce de trente secondes «The Angelic Welcome of Mr. Jones», on reste néanmoins bien loin de l’album conceptuel qui a souvent défini bon nombre de groupes intemporels au fil des dernières décennies.

Ce n’est tout de même pas une raison pour bouder notre plaisir, puisque le résultat fait un bien fou aux oreilles. On y découvre de belles réussites comme les morceaux «Coming of Age» et «The Truth», et les nombreuses écoutes nous permettent de mieux découvrir le soin apporté derrière chacune des pièces. À ce titre, «Best Friend» et «Ask Yourself» sont bien plus qu’un bon refrain, alors que «Pseudologia Fantastic» se rapproche vite fait d’un beau délire musical, évoquant quelques touches de Tame Impala. Certes, comme toutes bonnes choses, il ne faut pas non plus en abuser au risque de s’en lasser, mais on salue le courage de Foster the People de ne pas avoir livré une nouvelle «Pumped Up Kicks» et d’avoir osé un plus grand nombre de trajectoires.

Là où la réussite est moins évidente, c’est sur le plan des textes. Le groupe a vraisemblablement tenté d’insuffler aux paroles une signification plus importante que sur le premier album. Une tentative plus ou moins convaincante, car les messages remplis de bonne volonté sur des réflexions préconçues de la société semblent faire un effet plus grand lorsque l’on ne s’y attarde pas trop. Comme quoi c’est bien plaisant de chanter à tue-tête: «Is this the Life you’ve been waiting for or are you hoping that you’ll be where you want with a little more», même si, au fond, cela ne veut pas vraiment dire grand-chose.

Par ailleurs, pour revenir sur les prises de risque, le plus bel exemple de courage se retrouve probablement à la fin du disque. En effet, on y trouve un Mark Foster, grand manitou du trio à qui l’on doit d’ailleurs une partie du nom du groupe, qui se livre en toute intimité dans la magnifique ballade «Fire Escape», qu’il a écrit et qu’il interprète en solo, autant au chant qu’au piano, au vibraphone et à la guitare acoustique! Une chanson qui s’éloigne certainement des territoires habituels du groupe pour nous laisser sur une affirmation: celle que le groupe a plus d’une corde à son arc et qu’il pourrait encore parvenir à nous surprendre dans les années à venir.

En attendant, on peut sans mal admettre que Foster the People a su joyeusement rajouter à la liste un bon nombre de nouvelles pièces qu’on voudra réécouter plus d’une fois. Aidé de sa magnifique pochette au joli graphisme, Supermodel demeure un disque parfait pour accompagner le soleil et sa chaleur qui promet de nous enrober toujours un peu plus chaque jour.