«Sans faille» de Valentin Musso

Avant d’arriver au chalet d’un vieil ami qu’il n’a pas vu depuis dix ans, Théo n’aurait jamais imaginé le danger qui le guettait en venant passer le week-end, en pleine nature en compagnie de sa dulcinée Dorothée, du couple d’amis David et Juliette, et de Romuald, l’hôte en question. Mais les anciens camarades de lycée se sont rencontrés par hasard au sortir d’un café et, le temps les rattrapant, ils ont décidé de renouveler leurs voeux d’amitié. Le plan n’était cependant pas de rester peinards, à paresser dans le majestueux chalet loué pour l’occasion, mais bien de suivre les traces de Romuald, ce supposé guide de la survie en montagnes, car le but de leur visite était justement de profiter du décor enchanteur des Pyrénées françaises. Mais au court de la randonnée, de vieux et pénibles souvenirs vont remonter à la surface, de nouvelles tensions vont se créer, et le week-end idyllique va vite se transformer en véritable cauchemar duquel chacun espèrera se réveiller, sain et sauf.

Valentin Musso orchestre fort bien les changements de points de vue narratifs, n’hésitant jamais à faire un bond dans le temps, passé comme futur, pour déguiser son suspense et ainsi tromper son lecteur, afin de mieux rebondir au moment opportun avec un coup de théâtre pour le moins inattendu. Mais là où il perd un peu de plumes en cours de route, c’est lorsqu’il casse le rythme de l’histoire au présent, c’est-à-dire la randonnée en montagnes des cinq personnages, alternant avec le passé des trois vieux potes Théo, David et Romuald pour faire comprendre à son lecteur où résident les vieux secrets enfouis. Alors, la narration vire soudainement à la deuxième personne du singulier, au «Tu»!, comme si le lecteur était tout à coup dans les culottes de Romuald, alors que dans l’histoire principale, on nous présente Théo comme le protagoniste de l’histoire. Drôle de revirement de situation!

L’intrusion dans les vieilles chaussettes du passé tourne parfois autour de trente pages, ce qui est long, trop long, surtout lorsque la trame principale est chargée d’explosifs, et le premier réflexe d’un lecteur impatient est de vérifier dans combien de pages il pourra enfin connaître les dégâts. Ainsi, Valentin Musso a préféré maintenir le rythme en garnissant son roman de force détails sur ses personnages, ce qui rappelle la bonne vieille manie de Stephen King, mais il aurait gagné à ajouter des dialogues révélateurs au profit d’un voyage dans le temps. Ceci dit, malgré ce léger hic, Sans faille demeure un excellent suspense qui se dévore très rapidement et qui promet tout un lot de péripéties en hauteur. Votre appréciation du livre variera en fonction de votre impatience à vouloir connaître la chute de l’histoire!

*Consultez notre critique du roman «Le murmure de l’ogre» du même auteur.