SortiesHumour
Crédit photo : Andréanne LeBel
Ils ont travaillé fort jusqu’à la toute fin les Rouges de Benoît Chartier, malgré l’écart qui grandissait dans le pointage, improvisation après improvisation. Mais il n’y avait rien à faire: l’ingéniosité, le sens du comique et la constance de l’équipe formée d’Anne-Élisabeth Bossé, de Laurent Paquin, de Virginie Fortin et de Simon Boudreault ont su voler la vedette et récolter davantage de votes du public. Avec la créatrice Salomé Corbo, le vétéran Réal Bossé, l’énergique Jean-François Nadeau et l’étoile montante Ève Landry, les Rouges n’étaient pourtant pas en reste.
Dès le début de la partie, les Bleus ont donné le ton en effectuant une scène au ralenti, mettant l’emphase sur l’humiliation subie par le personnage de Simon Boudreault à la suite d’un «Canular». Puis, Salomé Corbo s’inclina devant Anne-Élisabeth Bossé, qui a pris le contrôle de l’improvisation en instaurant la plupart des éléments de l’histoire, bien que les qualités d’auteure de Corbo soient indéniables. Simon Boudreault l’emporta ensuite contre Réal Bossé dans un numéro à la manière de Fred Pellerin, même si Bossé a très bien saisi l’univers de Pellerin, malgré une vulgarité nettement plus présente que chez le conteur. Des victoires qui ne cessèrent de creuser l’écart d’avec les Rouges, eux qui n’avaient réussi jusqu’alors qu’à obtenir un point lors d’une improvisation avec des lampes de poche, inspirée d’une proposition d’éclairages, notamment grâce à une luciole mémorable interprétée par le joueur Nadeau. Un seul point au terme d’une première période, en plus de deux pénalités, pour non-respect du thème et pour obstruction, dans différents numéros.
Qu’à cela ne tienne, et même si une troisième pénalité à l’équipe de Benoît Chartier en troisième période donna un point supplémentaire aux Bleus, c’est plutôt une ambiance festive et un beau désir d’échange qui se dégagea de l’ensemble de ce Match des Étoiles. Les spectateurs ont d’ailleurs pu être témoins de l’écoute formidable et de la construction impressionnante, réplique par-dessus réplique, dont faisaient preuve les joueurs des différentes équipes, lors d’une improvisation mixte de vingt minutes intitulée «Petits jeux badins et contrepèteries», et qui reçut une ovation. Simon Boudreault est même allé jusqu’à exploiter l’espace du Club Soda en émergeant par surprise au balcon, au milieu des gens, durant ce numéro, qui compris également une compétition de danse entre Boudreault et Nadeau, à la fois magique et comique. Tout le monde ajoutant son grain de sel à l’improvisation d’une durée d’un court-métrage, le score fût très serré et nécessita un comptage de la part des officiels avant de sacrer les Rouges vainqueurs.
Ce qui est certain, c’est que les Bleus ne manquent pas d’audace. En envoyant Laurent Paquin seul face aux quatre joueurs adverses dans une improvisation mixte à la manière de François Archambault, puis en demandant à ses joueurs d’interpréter «La traversée des apparences» en chantant, bien que ça ne fût pas requis par la catégorie, Christian Laurence s’assure que ses joueurs ne s’assoient pas sur leurs lauriers. Et ça leur réussit: avec sept improvisations gagnées sur les dix jouées lors de la soirée, les Bleus ont su se démarquer tout au long de la soirée, ce qui a d’ailleurs valu à deux de leurs joueurs, Laurent Paquin et Anne-Élisabeth Bossé, respectivement la troisième et la première étoile du match. Jean-François Nadeau, de l’équipe des Rouges, a tout de même su se faufiler au deuxième rang des étoiles de la partie, prouvant qu’il n’est pas nécessaire de faire partie de l’équipe gagnante pour briller.
Confrontation des étoiles
La veille, le 30 mars à 15h, toujours au Club Soda, huit étoiles, dont quelques-unes se retrouvaient aussi au match du lundi, se sont affrontées dans une série d’épreuves qui pouvait mener à tout: du meilleur bruit d’hélicoptère au joueur le plus touchant. C’est encore une fois en deux équipes, celle de Jean-Philippe Durand comprenant Anne-Élisabeth Bossé, Joëlle Paré-Beaulieu, Simon Boudreault et Laurent Paquin; et celle de René Rousseau accueillant Florence Longpré, François-Étienne Paré, Mathieu Lepage et Marie-Soleil Dion, que les joueurs sélectionnés par les abonnés de saison se sont confrontés.
Malgré qu’elle fût la risée des analystes Nicolas Pinson et Christian Vanasse durant toute la catégorie bruitage, puisqu’elle n’était pas très bonne mais se faisait sauver, car d’autres étaient pires encore, c’est Joëlle Paré-Beaulieu qui se faufila en finale contre Laurent Paquin et l’emporta grâce à son bruit de pas dans la neige. En file et à tour de rôle, les joueurs devaient exécuter les demandes de l’arbitre, Simon Rousseau, et recréer un son, qu’il soit celui d’une explosion de dynamite ou d’une caisse enregistreuse, en passant par un cri d’orignal et une voiture de course, cette dernière demande éliminant une Marie-Soleil Dion qui a tenu à préciser qu’elle avait d’autres qualités.
La catégorie «horloge interne», durant laquelle les joueurs doivent eux-mêmes mettre fin à leur improvisation lorsqu’ils pensent être le plus près des deux minutes allouées, a permis d’établir qu’il est difficile de penser, de créer et d’être conscient du temps qui passe tout à la fois. La catégorie «slogans publicitaires», quant à elle, prouva toute l’imagination des comédiens, tandis que la «polyglotte» a démontré que ça n’est pas tout le monde qui sait recréer les accents haïtien, arabe ou encore celui du Burkina Faso.
Entre les fusillades, les improvisations chantée, rimée – cette-dernière remportée haut la main par Laurent Paquin, qui poussa même François-Étienne Paré à demander s’il était possible d’abandonner avant même d’avoir essayé – ou sans parole, les règles de trois où il faut proposer trois éléments nécessaires pour remplir un énoncé, par exemple afin d’obtenir une augmentation de salaire, ou encore le meilleur caucus, les joueurs présents ont tous su démontrer leur créativité et leur détermination.
Chaque joueur s’étant illustré dans une catégorie, chacun est reparti avec un semblant de médaille mettant un baume sur les quelques humiliations vécues. Après tout, chaque joueur a ses forces, et il n’est pas question d’avoir peur du ridicule à la LNI. Si on ne fait pas rire volontairement, par ingéniosité, au moins on fait rire!
L'avis
de la rédaction