LittératureBandes dessinées et romans graphiques
Crédit photo : Les Éditions Albert René
C’est un deuxième coup d’envoi pour le duo composé du scénariste Jean-Yves Ferri et du dessinateur Didier Conrad, qui ont brillamment pris la relève d’Uderzo et de Goscinny à partir d’Astérix chez les Pictes, le 35e album.
L’intrigue commence fort, où l’éditeur Promoplus propose à César de couper un passage de son manuscrit qui traite des revers subis face aux irréductibles Gaulois, la seule tache à son dossier à titre de conquérant. Malgré que les scribes muets soient «réduits au silence» pour que personne ne découvre cette tromperie, l’un d’entre eux appelé Bigdatha remet le chapitre qui devait être supprimé à Doublepolémix, un colporteur de nouvelles.
Et c’est bien là que réside tout le charme des Astérix: ces sous-entendus dans les noms et les caractéristiques des personnages. Ici, les scribes muets ne sont nul autre que les «nègres littéraires» d’aujourd’hui. Et Doublepolémix trouve son inspiration de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks.
La «technologie» fait aussi son entrée dans l’armée romaine qui dispose d’une «offre illimitée» de pigeons. Les messages qu’ils transportent doivent être courts et abrégés, les ancêtres des textos que l’on connaît. Un des ennemis des pigeons, le brouillard (voir ici une analogie avec le stockage d’information dans le nuage) peut toutefois entraîner leur perte lorsqu’ils tombent sur des pirates. À ces délicieux jeux de mots s’ajoutent de nouveaux personnages aux noms actuels comme Rézowifix.
Certes, les Astérix n’existent pas pour nous offrir chaque fois un divertissement surprenant ni un dénouement imprévisible. L’univers ne change pas. Et on ne s’attend pas qu’il en soit autrement, un peu comme de manger la bonne vieille recette familiale de sauce à spaghetti sans en modifier un seul ingrédient. Cette intemporalité rassure et en fait un vieux compagnon, plutôt deux, qu’on ne voudrait surtout pas voir changer.
Notre Obélix, on l’aime gros et naïf (qui a dit gros), et notre Astérix, petit et intelligent. On a hâte d’assister au buffet de sangliers à la fin comme à une fête familiale, même si ça signifie d’entendre les mêmes chicanes et les mêmes sons discordants. Et c’est sûrement cette continuité qui en fait la bande dessinée la plus lue et la plus vendue au monde.
En guise de post-scriptum à la toute fin, les deux auteurs ont rendu hommage à René Goscinny et Albert Bébert Uderzo qui réussissent à avoir vent de la vérité sur la supercherie de César par le bouche-à-oreille, un moyen de communication assurément lent, mais qui réussit à faire son chemin jusqu’à nos oreilles d’aujourd’hui.
Peut-être que cet amour inconditionnel des Astérix perdure parce que tous sont tombés dedans lorsqu’ils étaient petits et qu’à chaque lecture, on a l’impression de se faire injecter une bonne dose d’enfance à la mémoire.
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Par Gracieuseté Les Éditions Albert René
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