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Crédit photo : Félix Bouchard
La salle était pourtant archi comble ce mardi au Théâtre Granada alors que s’annonçait l’un des concerts les plus attendus de cette fin d’année à Sherbrooke. L’excitation était palpable dès 20h alors que se produisait Emmanuel Jal en première partie.
Il était temps, vers 21h30, que Xavier Rudd fasse son entrée sur scène, une partie de l’assistance commençait passablement à s’impatienter. C’est alors qu’il apparut enfin, seul d’abord pour entamer l’un de ses premiers succès «To Let» (2002), avant d’être rapidement accompagné des membres de The United Nations.
La soirée s’amorçait à peine que déjà cette interprétation d’un titre solo en formation collective sonnait comme un artificiel chahut. La faute à une musicalité cafouilleuse, à une batterie trop forte malgré la qualité indéniable du batteur, à une voix trop arrangée et trop faible eu égard à l’instrumentation du groupe, sans parler des deux choristes kitsch…
Pourtant, les plusieurs morceaux joués ensuite et issus de cet album collaboratif étaient à la hauteur d’un album bien conçu et à la production impeccable. On eut droit à «Flag», «Hanaleie», «Struggle», «While I’m Gone», et chacun de ces titres ont permis au public en partie connaisseur d’apprécier à sa juste valeur l’interprétation live de «Nanna». Car, à ce niveau-là, peu de choses peuvent être reprochées au «nouveau» Xavier Rudd dans ce virage résolument reggae aux ambitions légitimes.
Le bât blesse dès lors que l’artiste s’est attaché à interpréter des titres provenant de son répertoire solo, des chansons qu’il a toujours jouées assis, guitare à la main et didgeridoo à la bouche. «Follow the Sun», «Come Let Go», «Better People», «The Mother», tant de titres ne s’arrangeant pas avec une performance collective. On l’aime bien Xavier Rudd quand il s’installe calmement avec sa guitare pour nous jouer son folk libérateur et rassembleur comme il le fit lors du rappel avec «Spirit Bird».
La longueur du concert offert par Xavier Rudd & The United Nations entacha également la soirée, certains y trouvèrent leur compte et notamment les admirateurs présents aux avant-postes, d’autres, un peu assommés, quittèrent la salle petit à petit. Si bien qu’avant même la dernière chanson (donc avant même le rappel), près d’un tiers de la salle avait quitté le Théâtre Granada.
Xavier Rudd a évolué, est devenu plus fougueux, plus enflammé. C’est souvent ce qui arrive quand un artiste en vient à se produire avec un groupe, mais là malgré l’évidence de certaines raisons, le jeune hippie calme et charmant nous manque. On lui préfère sa musique de feu de camp à son virevoltant reggae qui tombe parfois dans la ringardise d’une wold music aux accents africains sonnant parfois comme un pastiche de la bande originale d’un Disney tel que Le Roi Lion.
Dès lors, malgré ce concert décevant, nous sommes loin d’oublier les mérites accordés à l’artiste au regard d’une carrière solo riche en satisfactions, on espère seulement qu’il reviendra vite à ses premiers bercements plutôt que «surjouant» et sautillant une guitare électrique à la main.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. To Let
2. Flag
3. Hanaleie
4. Struggle
5. While I'm Gone
6. Follow The Sun
7. Warrior
8. Come Let Go
9. Come People
10. Nanna
11. Solace
12. Messages
13. Better People
14. The Mother
Rappel
15. Creancient
16. Spirit Bird