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Crédit photo : Remstar Films
Écrit par Emma Donoghue d’après son propre best-seller paru en 2010, Room raconte l’histoire bouleversante d’une jeune femme (Brie Larson) qui, séquestrée dans l’étroitesse d’un cabanon depuis sept ans, s’évertue à élever son fils aussi humainement et tendrement que leur funeste condition puisse permettre. Elle commence le jour du cinquième anniversaire de Jack (Jacob Tremblay), pour qui l’univers se résume à ce que renferment les quatre murs de cette pièce froide dans laquelle il est né, ainsi qu’à ce mystérieux individu venant les visiter chaque soir une fois la nuit tombée.
Éventuellement, Jack découvrira le monde extérieur pour la toute première fois: son immensité, sa complexité, l’éclat du soleil et le vacarme de la civilisation… Tout ce dont sa mère tente plutôt de réapprivoiser sans s’abandonner aux séquelles de leur longue captivité. Entièrement rapporté du point de vue naïf de l’enfant, le récit focalise sur la force inaltérable l’unissant à sa mère et sur leur perpétuelle poursuite d’une échappatoire (au sens propre autant que figuré), faisant souvent écho au classique Alice in Wonderland de Lewis Carroll.
Cette perspective subjective du petit Jack se perd toutefois à quelques reprises – comme mentionné précédemment, certains choix de réalisation font défaut –, or la performance du jeune interprète canadien est d’autant plus convaincante qu’elle se mesure parfaitement à celle de sa co-star. Brie Larson, dont on avait déjà repéré le talent pour son rôle dans le très touchant Short Term 12 (2013), confirme avec celui-ci que les maintes éloges qu’elle ne cesse de recevoir depuis sont amplement méritées et, si l’on se fie aux tendances post-festivals habituelles, elle pourrait très bien fouler plus d’un tapis rouge lors de la future «saison des galas». D’ailleurs, advenant le cas où l’Académie choisissait d’ajouter Jacob Tremblay à son scrutin, celui-ci battrait un record vieux de 84 ans en tant que plus jeune acteur ayant jamais été nommé aux Oscars.
Une autre qualité notable de Room réside en son désintérêt quant au personnage de l’agresseur, interprété par Sean Bridgers (de la série Rectify). On ne le voit que très peu, sa violence est plus souvent suggérée qu’exposée, puis il disparait complètement du scénario une fois ses victimes rescapées. Après tout, le propos d’Abrahamson concerne essentiellement la relation profonde entre une mère et son fils, leurs traumatismes personnels et partagés, le chemin vers un nouveau départ.
Le rythme du film s’effrite graduellement à partir de la mi-chemin, alors que l’intrigue laisse place à la phase thérapeutique du parcours de ses personnages, mais la justesse du jeu et l’intensité des émotions véhiculées sont toujours si élevées qu’on n’en sort pas indemne. Somme toute, Room fait absolument partie des titres incontournables de l’année 2015.
«Room» prendra l’affiche au Québec le 23 octobre 2015.
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de la rédaction