LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Albin Michel
Comme pour Le dôme et 22/11/63, l’idée a d’abord germé dans l’esprit de Stephen King, mais a tardé avant de prendre le dessus sur le flot de ses pensées. Il avait constamment cette envie irrésistible, comme un ivrogne fixant une bouteille de Jack Daniel après quelques années d’abstinence, d’explorer la destinée de Wendy et Danny Torrance, deux âmes esseulées et perturbées à jamais suite aux évènements tragiques survenus à l’Overlook et à la suite desquels Jack Torrance a péri. Puis, King a-t-il eu une brillante idée finalement? Plus ou moins, à vrai dire.
Le pari était certes risqué d’allonger la pâte et d’offrir une suite à l’un des romans les plus marquants de la littérature d’horreur du XXe siècle. Et le défi aurait été le même si Stephen King avait eu l’envie d’inventer une suite à Misery ou Bazaar, par exemple. Le principal hic de Docteur Sleep demeure la lenteur de son entrée en matière – le lecteur doit parcourir près de deux cents pages avant que les péripéties ne se mettent en place – et du suspense, que l’on sent aussi étiré qu’un élastique sur le point de céder.
Tel père tel fils, Danny Torrance a suivi le sillage de son défunt paternel en affrontant un passé brumeux dissipé sous les vapeurs de l’alcool et les échos d’un pouvoir lui causant plus de torts que de biens. Désormais membre d’un club des AA et nouvellement arrivé au New Hampshire, Dan essaie tant bien que mal de sauver son existence en démarrant une nouvelle vie comme bénévole à l’hospice Helen Rivington.
Mais un jour, il entre en contact avec une jeune fille nommée Abra Stone, qui se retrouve dans de beaux draps après avoir usé de son don sur Rose Claque, la chef d’une tribu de gens-fantômes qui se nourrissent de la vapeur d’enfants qu’ils torturent et tuent sauvagement. Nul besoin de vous dire que c’est à ce moment-là que les emmerdes vont commencer et que Danny Torrance va devoir user de son Don pour tenter de sauver la vie de sa nouvelle amie.
Si les péripéties tardent à venir, il faut avouer que lorsque l’action déboule enfin, les pièces du casse-tête s’assemblent une à une, nous révélant ainsi toute la «complexité» de l’histoire. Mais le suspense est inutilement étiré, un peu comme si Stephen King avait perdu le tour de garder son lecteur en haleine. On pressent la suite des évènements, comme si le destin des personnages était tracé à l’avance, et le dénouement est aussi prévisible que les finales hollywoodiennes. «Tout est bien qui finit bien», comme le dit le proverbe.
Pour ceux qui souhaiteraient réintégrer l’univers de Stephen King sans se tromper, nous vous suggérons plutôt la lecture du monumental 22/11/63, qui témoigne d’un travail de recherche beaucoup plus imposant que cette suite sans saveurs.
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de la rédaction