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Crédit photo : Lou Scamble
Heureusement, cette semaine-là, personne n’avait grand-chose à perdre: ton nouveau band n’était pas au programme, ton ancien band non plus, ni ton set de DJ et encore moins ton lancement d’album autour d’un bol de chips.
Non, cette semaine-là, au Quai, y’avait des mots. Un lâcher lousse de verbes mouillés, de paroles crues et d’émotions dures surgissant à point nommé pour te rappeler à quel point la littérature et la poésie sont les meilleurs remèdes contre le mal de beige. J’me suis alors mise sur plotte automatique pour pas avoir à trop me sentir, et j’ai pesé sur mon kodak.
Initié par le Festival international de la littérature (FIL), conjointement avec les Éditions Poètes de Brousse, le Cabaret des Brumes a proposé tous les soirs de la dernière semaine de septembre, entre 21h30 et 23h, un rendez-vous poétique musical rouge écarlate.
Animé par le poète François Guerrette et sur fond de musique improvisée par les subversifs musiciens de Mutante Thérèse (Jean-François Poupart, Laurent Aglat, Nicolas Therrien et Alain Quirion), des poètes aussi incontournables qu’insolents se sont relayé la langue bien pendue, en rondes de cinq minutes et sur un choix libre de leur propre cru.
Au menu des festivités, rien de moins que José Acquelin, Zéa Beaulieu April, Catherine Lalonde, Emmanuel Simard, Natasha Kanapé-Fontaine, Maxime Catellier, Carole David, Roger Des Roches, Sonia Cotten, Jean-Philippe Bergeron, Monique Deland et Jean-Marc Desgent, Patrice Desbiens, Sébastien Dulude, Martine Audet, Kim Doré pour finir avec Jean-Paul Daoust, Danny Plourde, Laurence Lola Veilleux et Élise Turcotte.
Après une semaine à te le faire dire sur le ton de la déraison et dans des termes qui dépassent les bornes avec délice, tu ne peux pas vraiment faire autrement que d’en ressortir grandi, du Quai. Le salace dans les yeux, l’effronterie au bord des lèvres, avec le goût de tout reprendre dans le désordre, à commencer par l’urgence de vivre fort.
Soyons
Soyons rien
Rien qu’amour qu’incendie rien reflambés repris
Plaisir de je percluse de toi dentée soli gorgée ma peau que pisse t’amour et gorge-moi soyons soyons pire bêtes ensemble et frère plais-moi mâche mes fers
C’est un ordre messe-moi baise ma bouche mire-moi brûle qu’apnée mes bras de crin de poix verse-moi tes tant soleils
C’est un ordre bûche-moi tes bouches coulées des mâchicoulis tes trop soli et mes bras paillis embrase brasse-moi soyons m’amants soyons qu’incendie soyons qu’apnée que moi je ne sois que feue et queue et que toi – Catherine Lalonde – «Brêche-moi»