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Crédit photo : www.interscope.com
Composé de quinze pièces, Matangi reste un produit déstabilisant mais similaire à Kala, son deuxième opus: il affirme une fois de plus son identité musicale avec un lot de chansons à travers lesquelles on peut entendre un éventail de sonorités éclectiques, et exotiques.
Avec cette nouvelle offrande, la chanteuse pop, fidèle à elle-même, est retournée aux sources en reprenant les sonorités qui ont jadis fait son succès. Attachée à ses origines sri-lankaises, elle a choisi pour titre Matangi afin de rendre hommage à la déesse hindoue qui a inventé la musique il y a 5000 ans.
L’album s’ouvre sur la pièce «Karmaggedon», un mixte entre spiritualité et révolte, qui correspond bien au caractère rebelle de l’artiste et qui illustre également le ton d’ensemble donné à Matangi.
Dans cette même lignée, M.I.A. proposait en février 2012 son premier extrait, «Bad Girls», accompagné d’un clip original mais un tantinet sexiste qui mettait en opposition un milieu masculin et des femmes voilées à un côté bad girl qui étaient en contradiction directe les uns envers les autres.
Ce premier single imposait déjà des beats singuliers en alliant des sonorités orientales à son flow hip-hop. Puis en juin dernier elle revenait avec un nouvel extrait et vidéoclip, «Bring the Noize», qui débutait par des sons orientaux, mais qui accordait plus d’importance aux sons électroniques, énergiques et répétitifs associés au style trap music, qui rappelle Major Lazer ou A$AP Rocky, et lequel a été assimilé au phénomène Harlem Shake de Baauer.
Il reste toujours difficile d’étiqueter M.I.A. avec précision, elle qui expérimente souvent les genres en alliant ses origines sri-lankaises à d’autres styles exotiques. C’est pourquoi on retrouve des influences Bollywood, pop, hip-hop, orientales et surtout électro. C’est clairement sa marque de commerce de mixer les styles tout en restant fidèle à elle-même et à sa réputation de «tête dure», car on peut dire qu’elle ne mâche pas ses mots en faisant une critique acerbe de la société.
Dans sa chanson «Boom Skit», elle critique justement la superficialité liée à Internet: «With your crazy shit, you’re bombing up the area / Looking through your Instagram», ou la pauvreté dans le monde: «All I see is poor people, they should be on ghetto-gram».
De manière ironique, elle s’attaque également au rappeur Drake et à son populaire «Y.O.L.O. (You Only Live Once)» dans l’extrait «Y.A.L.A» en chantant: «YOLO? I don’t even know anymore, what that even mean though / If you only live once, why we keep doing the same shit?». Y.A.L.A. (You Always Live Again) devient donc une nouvelle alternative sensée et plus proche de la réincarnation et de ses origines.
À travers cet album, M.I.A. alterne autant des pièces extrêmement dynamiques comme «Attention» à des pièces plus lentes telles qu’«Exodus». Un enchaînement dérangeant mais nécessaire pour alléger le tempo rapide et parfois agressif de l’électro.
On préfère toutefois les pièces plus tranquilles telles qu’«Exodus» ou «Come Walk With Me» aux pièces «Bring the Noize» et «Y.A.L.A», qui sont définitivement trop empreintes de trap music, ce qui résulte d’une rythmique intense et agressive qui nous mène droit vers l’overdose musicale.
M.I.A., c’est toujours un flow hip-hop, une énergie hors du commun, une puissance au niveau de ses sonorités et une association de différentes rythmiques, passant de la musique du monde à l’électro.
Mais c’est aussi des collaborations de choix, notamment avec Switch, Doc McKinney, Surkin ou The Weeknd, qui signent plusieurs arrangements et qui font de «Matangi» un album à réécouter.
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de la rédaction