ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : David Ospina
Cette fois, c’est la comédienne, chanteuse et DJ Sarah Laurendeau qui partage la scène avec Jean-Philippe Lehoux afin d’assurer l’accompagnement musical, la narration et l’interprétation des personnages secondaires.
Malgré les nombreux bafouillages et quelques problèmes techniques, les deux comédiens étaient très drôles dans la peau d’une panoplie de personnages, tous plus éclatés les uns que les autres. Il faut dire que le visage très typé de Jean-Philippe Lehoux y est pour beaucoup! Mention spéciale à la scène mettant en vedette Keith et Tommy, ainsi que leur chat Thor, chez qui Jean-Philippe sera hébergé quelques jours.
L’utilisation d’une scène bi-frontale permettait aux spectateurs de s’installer de part et d’autre de la chambre d’hôtel reconstituée par Julie Vallée-Léger, donnant vraiment l’impression de faire partie du décor. Plusieurs adresses au public renforçaient d’ailleurs ce sentiment.
Les costumes et les accessoires, à la fois ludiques et évocateurs, permettaient de dynamiser un peu le spectacle, qui pouvait sembler parfois un peu long. Mais il s’agit justement là du grand défi du spectacle : comment témoigner de la platitude d’une ville sans ennuyer le spectateur? À force de voir le personnage en train de réfléchir dans sa chambre du Motel 6, de manger du Wendy’s et de se promener à bicyclette en faisant toujours le même trajet, la pièce peut devenir un peu lassante.
Des réflexions de Barthes et de Foucault amènent une profondeur intéressante au spectacle et font réfléchir à la solitude à laquelle nous sommes tous confrontés en début de voyage. Ces ruptures de tons contrastaient bien avec les scènes comiques, comme la séance de méditation bouddhiste ou avec la soirée passée dans l’un des deux bars de la ville.
Coup de coeur pour la finale du spectacle, toute aussi réussie pour la poésie de la scénographie et des éclairages que pour la morale humoristique qui renverse ce qui aurait pu être une scène tout simplement quétaine.
Comme peut l’être un bon feel good movie, Normal est une proposition originale et divertissante, mais ceux qui auraient vu Napoléon voyage (2014) ou Comment je suis devenu touriste (2013) pourraient être un peu déçus par le côté brouillon qui ressort du spectacle.
Normal est une production du Théâtre Hors Taxe, présentée en codiffusion avec le Théâtre de la Manufacture jusqu’au 25 septembre 2015.
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de la rédaction