ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Yves Renaud
D’abord, rendons à César ce qui lui est dû. La distribution du spectacle est impeccable. Éric Bruneau, Guillaume Cyr et Benoît McGinnis sont très crédibles et savoureusement prétentieux en mousquetaires virtuoses de l’épée.
Philippe Thibault-Denis, qui interprète D’Artagnan, est une belle découverte, excellent autant dans les scènes de combat que lorsqu’il joue l’amoureux épris de la belle Constance Bonacieux (Marie-Pier Labrecque). Son travail de danseur auprès du chorégraphe Dave St-Pierre a sans doute contribué à la qualité de ses prouesses techniques. Julie Le Breton est perfide et manipulatrice à souhait dans son rôle de Milady de Winter, grande stratège dont la beauté et le charme sont les plus grandes armes. Mention spéciale à Mani Soleymanlou, très drôle dans le rôle du fidèle Planchet.
Le décor de Guillaume Lord, constitué d’escaliers et de plateformes, convient parfaitement aux nombreuses ellipses temporelles qui marquent le roman de Dumas. En plus d’être magnifique, il permet de laisser toute la place au jeu des dix-huit (!) comédiens. Les costumes de François Barbeau complètent bien la réussite visuelle du spectacle, notamment les chapeaux portés par la reine Anne d’Autriche (Bénédicte Décary) et par Milady de Winter, aussi extravagants qu’élégants.
Avec une impressionnante brochette de comédiens de talent et des concepteurs d’expérience, la nouvelle mouture des Trois Mousquetaires avait tout pour être une réussite. Toutefois, le texte n’est pas à la hauteur. L’humour souvent grossier des intrigues secondaires a pour effet d’obscurcir le récit principal, si bien que le public a l’impression d’assister plutôt à une parodie de ce qui constitue sans doute une des plus belles épopées de cape et d’épée de la littérature. Le texte de Lemieux se limite à faire rire sans faire réfléchir. Les évènements qui auraient pu ajouter une profondeur aux personnages ont été écartés au profit d’anecdotes qui cassent le rythme.
Serge Denoncourt ne rend pas justice aux exploits légendaires d’Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan. Sa mise en scène présente ces mousquetaires courageux comme des hommes débauchés, grossiers et paresseux. Ces traits sont effectivement présents dans l’histoire originale, mais le texte de Lemieux les exacerbent jusqu’à rendre les héros caricaturaux. La quête de D’Artagnan, pour être à la hauteur du dévouement et du courage des mousquetaires, est supprimée pour être présentée comme une simple chance d’avoir été là au bon moment.
Dommage que l’oeuvre de Dumas serve de prétexte pour présenter un spectacle fait «juste pour rire».
La pièce Les Trois Mousquetaires est présentée au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) jusqu’au 29 août 2015.
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de la rédaction