Un premier spectacle pour Roman Frayssinet dans le cadre de Zoofest

Introduit par son double dans cet intime lieu qu’est le Théâtre Sainte-Catherine, Roman Frayssinet est apparu sur scène avec un charisme et une désinvolture qui laisseraient penser qu’il a fait ça toute sa vie. Ce n’est pas entièrement faux pour cet amoureux de l’humour francophone qui, à 12 ans, a eu sa première révélation. Finissant de l’École nationale de l’humour et un spectacle déjà à la clé, c’est du quotidien qu’il désire nous parler.

Il n’y a pas à dire, le genre du stand-up lui va à merveille. Après sa chamaillerie avec Roman Virtuel (appelons-le comme ça), on saisit déjà ce personnage qui remet tout en question avec une honnêteté audacieuse et qui s’extasie devant ce qui peut nous apparaître très banal. C’est que l’être humain aime bien se complaire dans l’habitude jusqu’à effacer toute trace d’émerveillement.

Il va au-delà de l’éloge de l’ordinaire quand Frayssinet nous parle des gestes routiniers et de leurs impacts, sur l’ego ou le plaisir désintéressé. La différence des cultures s’est vue nommée dans ce numéro de la file d’autobus. Mais ne nous bernons pas, la politesse de nos jours est rare, s’il n’y a pas une gratification en retour. Par exemple, sauver une vie, «s’il n’y a pas personne pour regarder, je ne donnerai pas mon 100 %», nous dit Roman.

L’humain et ses petites bassesses fascinent l’humoriste.

Le stand-up, malgré son apparence improvisée, est soigneusement travaillé et cela s’est ressenti dans les blagues de Frayssinet qui fonctionnent par l’image. Se masturber dans un genou, ça a le mérite de se graver dans un esprit. On ne sait pas trop si ça lui vient de ce sourire à la Dexter, mais on a envie de l’écouter jusqu’au bout, lui et son alter ego qui a tendance à le ramener à l’humilité. Ce jeu donne une idée précise des chemins de traverse dans le cerveau de l’artiste et, oui, ça peut donner la migraine, et à nous, un beau fou rire.

En attendant son one man show (on lui souhaite!), la saison 2 de Migraine vient d’être lancée. C’est étourdissant.