CinémaCritiques de films
Crédit photo : Métropole films
N’en faisons pas un cas, Almodóvar utilise ses caméos au tout début du film. En guise de clin d’œil, il donne à Penelope Cruz et Antonio Banderas, deux de ses muses de la veille, de brefs rôles qui donnent le ton à cette comédie déjantée qui semble bien s’intégrer aux comédies espagnoles de l’été à caractère télé-romanesques ou même feuilletons. Par la suite, avec une certaine évidence, il semble vouloir faire une pause dans sa filmographie et traiter les inquiétudes du quotidien avec une légèreté désarmante.
L’histoire porte sur un grand avion voyageur et ses passagers qui se retrouvent à faire le tour de lui-même parce que non seulement il y a un problème à l’interne, mais également, parce qu’il ne trouve aucune piste d’atterrissage où se poser. Par la suite, on suit les actions et réactions qui résultent des quelques passagers que le cinéaste cible au passage. Parmi eux, une star, un couple nouvellement marié, une soi-disant voyante, un homme mûr, sans oublier les agents de bord et le pilote et son copilote!
Afin de jeter un peu d’huile sur le feu, au fur et à mesure que la tension monte à bord, on complexifie les relations des uns et des autres, puis on construit avec amusement l’insoutenable anxiété qui les poussent à atteindre le bord de la crise de nerf. Entre la folie et les soupçons de certain, les passés nébuleux d’autres, tout comme cette abondance de somnifères, le vol prend décidément des tournures non-recommandables! C’est à ce niveau qu’Almodóvar trouve son plus grand coup de génie en construisant avec habileté une montée dramatique divinement malsaine en apportant, à l’aide d’une trame sonore envoûtante d’Alberto Iglesias, une résultante ultrasexuelle et sensuelle autant déroutante qu’inévitable. Une scène à la fois choquante et magnifique où les pulsions sont en symbiose avec l’art.
Les fleurs étant étalés, on ne peut toutefois pas passer à côté du pot. Bien que le film soit assez court, on ne peut cacher que l’ensemble soit fortement brouillon. En ne voulant pas délaisser ses thèmes de prédilections tels que l’homosexualité, la sexualité refoulée, les relations impossibles, la mort et on en passe, Almodóvar injecte à son long-métrage bon nombre d’idées et de clins d’œil qui manquent de consistance. Du coup, on ne peut cacher notre divertissement face à un film aussi éclaté où la distribution s’amuse follement à nous en faire voir de toutes les couleurs. On regrette seulement que le tout ne soit pas plus consistant et resserré pour nous permettre de rester intéressé du début à la toute fin.
Ainsi, Pedro Almodóvar, qui tombe souvent dans le piège du cliché ou de la surenchère mélodramatique, ne parvient pas ici à faire une croix sur ses mauvaises habitudes, ne parvenant qu’à livrer la moitié du film qu’il aurait pu offrir. On se retrouve alors avec une comédie semi-satisfaisante qui nous apportera au moins quelques francs sourires aux lèvres. C’est déjà ça!
Les amants passagers prend l’affiche en version originale espagnole sous-titrée ou en version doublée ce vendredi 19 juillet.
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de la rédaction