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Crédit photo : Universal Music Canada
Né à Brooklyn, New York, Shawn Corey Carter se fait surnommer Jazzy en raison de sa passion pour la musique. Il a commencé sa carrière dans les années 80 en tant que rapper et revendeur de drogues, une expérience marquante qui a toujours été un sujet de prédilection pour ses chansons. C’est sous le nom de Jay-Z qu’il fait paraître son premier disque en 1996, Reasonable Doubt. Depuis, il est un artiste controversé, que ce soit à cause des ses discordes publiques avec d’autres chanteurs hip-hop, de son succès en affaires ou du contenu de ses paroles… L’opinion que l’on se fait de lui vacille entre le gangster qui a perdu sa crédibilité et le meilleur rapper de sa génération.
Magna Carta… Holy Grail est la suite logique de Watch the Throne. Bien qu’il ne soit pas aussi puissant, il s’agit d’un très bon album. Hova revisite les thèmes qui sont près de lui: il parle des difficultés inhérentes de sa jeunesse dans un quartier défavorisé, de sa réussite, de la célébrité, de son rôle de père, de sa spiritualité et de ses détracteurs.
Il y a plusieurs titres vraiment emballants dont «Holy Grail», qui est définitivement un des joyaux de cet opus, lequel emprunte des paroles de «Smell Like Teen Spirit» de Nirvana et dont le refrain est chanté par Justin Timberlake, que l’on pourrait méprendre pour Bruno Mars.
S’ensuit «Tom Ford», qui deviendra sûrement un des favoris des DJ’s dans les clubs cet été, il contient notamment des échantillons de «Bad Girls» de la très talentueuse M.I.A. Le titre «BBC» est un morceau super funky et particulièrement dansant, dont le flow et le chœur sont bien rythmés. Vous y entendrez des bribes de «Feel So Good» de Mase.
La chanson «Crown» est plus sombre et grave que le reste, voire dramatique, on perçoit un certain sentiment d’urgence, mais elle est fascinante. «Heaven» traite de religion et de questionnement, vous y remarquerez une reprise des paroles de R.E.M., la façon de chanter de Timberlake et la manipulation en studio sur le refrain, ce qui la rend méconnaissable.
«Picasso Baby» parle de luxure et d’art, alors que Hova se moque de lui-même, intéressant! «Versus» est un extrait plutôt prétentieux où Jay-Z nous explique tout simplement pourquoi il est extraordinaire, tandis que la pièce «Jay Z Blue» est intime et contient des échantillonnages de son ami, le regretté The Notorious B.I.G. Il y expose également un autre aspect de sa personnalité: le père qui admet éprouver des doutes par rapport au futur de sa famille.
«Oceans» est un sublime duo avec Frank Ocean qui nous donne l’impression de flotter: la voix d’Ocean est remplie d’émotions, mais avec une certaine retenue, jamais exagérée. «Part II» et «La Familia» sont peut-être les morceaux les plus faibles de cette offrande.
«Part II», un duo de M. et Mme Carter, qui est la suite de «03 Bonnie & Clyde», met à l’avant-plan la participation de Beyoncé, qui n’offre pas une interprétation digne de ses cordes vocales. De plus, Jay-Z semble absent sur cet extrait. Bref, ils ont mieux réussi leurs collaborations passées. En ce qui a trait à «La Familia», le beat qui se veut accrocheur, similaire à «Hard Knock Life», est plutôt énervant et cela gâche le plaisir de l’écoute.
Quoi qu’il es soit, Magna Carta… Holy Grail est un très bon disque et il sera sûrement aussi populaire que ses prédécesseurs. Il va certainement ravir les amateurs de hip-hop et il y a fort à parier que M. Carter conservera son trône.
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de la rédaction