«Match imparfait» de Joanie Godin

«Charles et Charlie. Difficile d’imaginer plus cliché, me direz-vous. Eh bien, je suis tout à fait d’accord! Poussons davantage le cliché: le Charles en question est un beau joueur de hockey un peu timide, et Charlie (c’est moi!), une jeune femme de dix-sept ans «pas comme les autres» (manière polie de dire un peu cinglée)», peut-on lire sur la quatrième de couverture. Le ton du roman est donné.

Six ans après sa première rencontre avec Charles, Charlie fait le point sur leur relation et raconte les centaines événements qui ont bousculé le cours de leur vie pendant ces années. Il aurait pu être question d’une simple histoire d’amour, clichée peut-être, mais efficace. Malheureusement, il arrive tellement de choses dans ce roman qu’on finit par décrocher complètement et ne plus y croire. Entre les nombreuses ruptures et retrouvailles de Charlie et Charles, le récit est ponctué des drames personnels et des joies de chacun. En plus des nombreuses larmes et questions de Charlie, on parle grossesses et bébé, maladie, mort, soirées bien arrosées et sorties de filles, travaux scolaires, décisions crève-coeur, etc. Ça ne finit plus! Et c’est sans mentionner les histoires des sœurs de Charlie aux noms extravagants (Noémie-Soleil, Sydney-Lune, Alysson-Mai, notamment). On peut vouloir faire original ou différent de ce qu’on retrouve habituellement dans les romans de chicklit, mais des fois, c’est trop.

Joanie Godin, l’auteure du roman, a dit vouloir s’adresser aux jeunes femmes de l’âge du personnage du roman, c’est-à-dire entre 16 et 25 ans environ. Par contre, malgré les thèmes très «adultes» qui sont abordés dans l’histoire, celle-ci plaira peut-être plus aux adolescentes, notamment à cause du style d’écriture. Cette impression est notamment justifiée par le fait que Charlie, la narratrice de l’histoire, s’adresse parfois directement au lecteur, une caractéristique qu’on retrouve généralement plus dans les romans pour adolescents que ceux pour adultes.

La trop grande quantité de drames vécus par les personnages et le manque de sensibilité et de subtilité avec lequel ils sont racontés laisse penser que l’auteure a voulu écrire quelque chose d’assez loin d’elle, alors qu’elle aurait peut-être eu avantage à faire le contraire.

Malheureusement, Match imparfait est loin d’être aussi rafraîchissant et divertissant que certains autres romans de type chicklit parus ces dernières années. Par contre, il saura probablement plaire aux jeunes adolescentes friandes de séries américaines dramatiques dans lesquelles les drames sont chose communes et où les parents sont inexistants ou presque. Après tout, l’auteure ne nie pas être influencée par celles-ci!

Match imparfait est publié aux Éditions de Mortagne dans la collection Lime et citron. 427 pages.