«Québec cherche Québécois pour relation à long terme et plus – comprendre les enjeux de l’immigration» de Tania Longpré: ou comment faire face à une dure réalité – Bible urbaine

Littérature

«Québec cherche Québécois pour relation à long terme et plus – comprendre les enjeux de l’immigration» de Tania Longpré: ou comment faire face à une dure réalité

«Québec cherche Québécois pour relation à long terme et plus – comprendre les enjeux de l’immigration» de Tania Longpré: ou comment faire face à une dure réalité

Publié le 27 mai 2013 par Éric Dumais

Le premier contact d’un immigrant en sol québécois est lors de son arrivée aux douanes canadiennes. Sur place, un agent fédéral inspecte ses papiers et engage la conversation en anglais, puisque c’est la langue avec laquelle les nouveaux arrivants sont habituellement accueillis. D’entrée de jeu, la situation pose problème et cet exemple n’est qu’un cas parmi d’autres. Tania Longpré, avec toute l’expertise dont elle a fait preuve depuis 2007 comme enseignante en francisation des immigrants, pose un regard critique mais cohérent sur l’intégration de ces derniers, qui ne se fait pas toujours sans anicroche.

«Au Québec, les adultes ne sont pas obligés d’avoir une connaissance du français, ni pour passer leur permis de conduire, ni pour obtenir un permis de travail. Vous pouvez travailler, vous déplacer, vous faire soigner, subvenir à vos besoins financiers et tout le reste sans parler français. De plus, vous avez accès au press nine. Cela n’aide en rien la motivation puisqu’il n’y a pas un besoin fondamental de connaître le français pour fonctionner dans la société.» Ainsi, notre gouvernement, avec ses brochures colorées et incitatives, vend une image d’un Québec bilingue aux étrangers, alors que ce dernier n’a jamais cessé de se battre, depuis l’adoption de la Charte de la langue française (loi 101) le 26 août 1977, contre l’envahissement de la langue anglaise en territoire québécois. Nul doute que notre métropole est devenue bilingue, nous n’avons qu’à nous promener un peu partout, notamment au centre-ville, dans les quartiers Outremont et Mile-End, pour constater que plusieurs anglophones ont bel et bien fait leur niche, en anglais.

Tania Longpré, en tant qu’enseignante de langue seconde, fille d’une mère originaire de Calabre, en Italie, dont le grand-père a jadis exigé que sa descendance étudie à l’école francophone pour mieux s’intégrer à la société québécoise, est la personne parfaite pour écrire un essai sociologique de cette envergure. N’ayant nullement la langue dans sa poche, l’auteure et enseignante appuie sa thèse à l’aide d’exemples concrets de sa vie quotidienne et de sources fiables dénichées dans la plupart des grands quotidiens tels que Le Devoir, La Presse, le Journal de Montréal, L’Actualité et la plupart des sites gouvernementaux tels qu’Immigration-Québec, le MICC (ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles) et le MELS (ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport).

Ainsi, son ouvrage Québec cherche Québécois pour relation à long terme et plus se veut une construction brillante, déconcertante et parfois révoltante, qui dresse le portrait de plusieurs phénomènes qui tendent à soulever une myriade de problématiques auxquelles ni le gouvernement ni les Québécois n’ont malheureusement le contrôle, notamment la situation de la francisation au Québec, la laïcité des lieux publics, l’intégration ou la non-connaissance des codes culturels et la non-intégration des immigrants dès leur arrivée.

Pour un Québécois pure laine, dont la souveraineté et les codes culturels du Québec lui tiennent à cœur, certains exemples et situations énoncés par l’auteure risquent d’affecter son âme de souverainiste, par exemple, lorsqu’elle paraphrase le phénomène de «l’inversion du devoir d’intégration» que le sociologue Mathieu Bock-Côté définit ainsi: «l’immigrant récalcitrant à l’intégration demande à la majorité de s’intégrer aux nouveaux venus plutôt que l’inverse». Imaginez une femme musulmane qui a emménagé au Québec depuis quelque temps et qui refuse de serrer la main de ses collègues de travail, car dans son pays cette proximité avec les hommes est strictement interdite pour elle? Ou encore cette Québécoise d’origine algérienne qui a quitté son pays natal pour venir s’installer au Québec, mais qui exige que les Québécois l’accueillent comme elle est, avec ses coutumes et sa religion, vu qu’elle prétend que c’est «à la société québécoise de s’adapter aux immigrants et non aux immigrants de s’adapter à leur société d’accueil». Dans ces deux cas, avouons-le, extrêmes, le Québec ne doit en aucun cas plier sous de tels caprices et l’auteure ne se gêne pas pour l’affirmer à voix haute.

Tania Longpré, dans cet ouvrage brillamment construit, insiste sur le fait que, malgré notre grande ouverture d’esprit face à l’immigration, il ne faut absolument pas que le Québec oublie ses origines, ses valeurs et ses codes culturels dans cette société désormais en perpétuels changements, car autrement elle risque d’être à des lieux de celle dont rêvait René Lévesque, cet éternel Québécois qui s’est battu pendant de nombreuses années pour préserver notre langue chérie, le français.

*Cours la chance de gagner l’un des deux exemplaires de Québec cherche Québécois pour relation à long terme et plus. Pour les détails, visitez la section Concours du webzine! Vous avez jusqu’au vendredi 31 mai pour participer.

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: Éditions Stanké

Écrit par: Éric Dumais

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