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Crédit photo : Bonsound
Sabrina Halde et Jean-Vivier Lévesque, les deux instigateurs du projet, ont quitté leur bunker torontois et se sont entourés de petits génies d’ici, Jonathan Charette (batterie), Simon Gosselin (basse), Gabrielle Girard-Charest (violoncelle) et Fanny C. Laurin (violon), puis Philippe B et Guido Del Fabbro à la réalisation, pour donner du coffre et de la profondeur à une pièce qui, malgré son potentiel évident, manquait certes de parures et d’éclats, faute de financement.
Le groupe, devenu dès lors sextuor, a ajouté ici et là des accords soyeux de ukulélé, des moments distingués au violoncelle et plus prenants au violon, arrangements qui ont su redonner à la voix de Sabrina Halde toute l’attention qu’elle méritait. Profond, solide, assumé, son chant dégage une détermination apportant toute la crédibilité à The Chase qui multiplie les bons coups au fil de l’écoute.
C’est justement la pièce «Our Last Shot» qui ouvre l’album, avec une version améliorée et peaufinée qui prouve dès lors tout le travail d’habillage qu’a réalisé Groenland depuis la sortie de l’extrait. La fluidité qui se dégageait des accords funky au piano et du chant prometteur de Sabrina s’est multipliée avec l’apport d’une délicate ambiance électro et d’instruments à cordes qui ont su redonner vie à un morceau maintenant abouti, entraînant et enjôleur.
Le single «Superhero» bat la mesure avec une mélodie rythmée qui nous mène vers d’autres territoires que ceux explorés par les autres formations des membres (Roi Poisson, Lac Estion, Ralf Wiggum et Le Citoyen), mais surtout une voix oscillant entre la gravité d’Adèle et le ton jazzé d’Amy Winehouse. Si la comparaison paraît excessive, monter le son pendant les pièces «26 septembre», «The Things I’ve Done» et surtout «Immune», l’un des beaux plus morceaux de l’album.
Miss Halde, accompagnée d’un piano mélancolique, d’une percussion vive et d’un violon accusateur, nous chante à travers cette chanson les déchirements intérieurs d’une femme qui se contemple dans le miroir et qui n’y reconnaît plus l’ancien reflet suite au départ d’un être cher: «I know it’s been a while since we talked / That doesn’t erase feelings / And since my pride went for a walk / I don’t answer to nothing». Digne d’une ballade de 21, on y ressent tout le désarroi et l’incompréhension qui se dégagent des paroles, et c’est grâce aux arrangements à cordes et au chant émotif de la chanteuse que le groupe vient nous toucher droit au cœur.
Oscillant entre la pop indé légère («Criminals», «Daydreaming») et les ballades électro émotives, Groenland nous transporte à travers des variations musicales qui n’épuisent jamais notre écoute de The Chase. Décidément un petit bijou brillant d’inventivité et d’ingéniosité à mettre sous votre radar.
Groenland lance The Chase le mercredi 17 avril dès 20h30 au Divan Orange (4234, boul. St-Laurent). Pour plus d’information, visitez leur page Facebook au https://www.facebook.com/events/485368038176974.
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de la rédaction