«I Love You, Honeybear» de Father John Misty – Bible urbaine

MusiqueCritiques d'albums

«I Love You, Honeybear» de Father John Misty

«I Love You, Honeybear» de Father John Misty

Convertir les sceptiques

Publié le 5 mars 2015 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : Emma Tillman

Les batteurs demeurent la plupart du temps dans l’ombre, cachés derrière leur grosse caisse. Rares sont ceux qui décident de quitter leurs tambours pour écrire leur propre matériel. Ceux qui le font et qui connaissent du succès par la suite sont encore plus difficiles à trouver. Dave Grohl en est un. Father John Misty pourrait bien en être un autre.

Après avoir joué la batterie pendant quelques années avec le groupe folk-enchanté Fleet Foxes, Joshua Tillman décide de quitter le groupe de Seattle et de lancer son premier album solo en 2012 sous le pseudonyme Father John Misty. Les réactions sont bonnes, car Misty a du talent. Il a d’ailleurs fait paraître d’autres albums avant l’aventure des Foxes sous J. Tillman au début des années 2000. Son parcours quelque peu rocailleux l’amène finalement à son plein potentiel ici avec sa deuxième offrande, I Love You, Honeybear.

L’auteur-compositeur ne perd pas de temps et ouvre le bal avec la chanson titre: ballade à saveur country agrémentée d’arrangements piano-cordes. La pièce, d’une grande émotivité, trouve immédiatement son chemin vers l’auditeur, comme d’ailleurs toute bonne première chanson d’un album pop doit faire. Il y chante comme un jeune Elton John. Il puise d’ailleurs énormément son inspiration dans le folk et la pop baroque des années 1970.

fatherjohnmisty

Là où Father John Misty devient vraiment intéressant, c’est lorsqu’il ne peut s’empêcher d’y aller de réflexions sociopolitiques extrêmement sarcastiques. Ses paroles sont souvent très cyniques et quasi-désillusionnées, livrées avec un charisme qui frôle juste assez la prétention. «Is this the part where I get everything I wanted? / Who said that / Can I get my money back?», lance-t-il sur «Bored in the USA», exprimant le vide que laisse le rêve américain. Sa prestation à Letterman montre d’ailleurs à la fois le message qu’il veut transmettre ainsi que sa considérable nonchalance.

Et quand Tillman parle d’amour, il n’est guère plus tendre, comme sur la beaucoup plus rock «The Ideal Husband» ou bien la plus délicate «The Night Josh Tillman Came to Our Apartment». Cette dernière fait drôlement contraste avec des paroles beaucoup plus rudes: «I obliged later on when you begged me to choke you». Misty sait comment marier mélodies élégantes avec des paroles déroutantes.

Au final, un album très riche avec seulement quelques faux pas (la plus électro «True Affection» casse un peu l’ambiance organique) d’un artiste qui ne manque pas d’ambition ou de style (il ressemble à un prophète sorti de chez Urban Outfitters). Parions qu’il fera de nombreux nouveaux adeptes en 2015.

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début