ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : PL2studio
S’il fallait résumer Constellations en quelques mots, l’expression anglaise short and sweet conviendrait à merveille. Une théorie controversée de la physique quantique suggère que le temps ne serait pas linéaire. Chaque décision prise donnerait vers un autre univers parallèle. Le même dialogue entre les amoureux est ainsi répété plusieurs fois, toujours vers un dénouement différent. La plupart des reprises sont des occasions manquées, sauf quelques exceptions où les planètes s’alignent parfaitement. À l’image du Big Bang, la pièce démontre que des circonstances bien précises et coordonnées sont nécessaires pour qu’une rencontre puisse porter ses fruits.
La pièce saura plaire aux amoureux du film 500 Days of Summer, pour le thème de l’écart entre les attentes et la réalité dans une relation amoureuse, la chronologie pèle-mêle, et l’utilisation originale des codes romantiques. Difficile de ne être enchantée par les compositions sublimes de Fanny Bloom, dont le spectacle n’aurait pu se passer. La voix claire et innocente de la jeune chanteuse aurait encore plus rayonné si elle n’avait pas été mêlée aux répliques feutrées des comédiens.
Pour ce qui est du jeu des acteurs, la gestuelle manque de naturel et certains dialogues ne coulent pas assez; rien qu’on ne puisse pardonner un soir de première, mais voilà des points qui méritent d’être surveillés pour les prochaines représentations. Le vrai bémol se voit dans la chimie qu’on avait peine à sentir entre les deux comédiens.
Heureusement, le texte est craquant et arrache souvent des rires au public. Les échanges nerveux montrent un joli portrait de la maladresse des premières conversations. Le papotage qui tente de remplir les silences gênés de l’amour naissant fait peut-être rire parce qu’il nous rappelle un peu nos propres gaucheries passées.
Outre le thème de l’amour, Constellations explore également des sujets d’actualité chauds au Québec tels que l’euthanasie. Les deux camps du débat sont bien représentés par le couple. Marianne (Stéphanie Labbé) est en phase terminale d’un cancer du cerveau. Philippe (Alexandre Fortin) veut profiter de chaque instant qui leur reste. Il la supplie de se battre jusqu’au bout, quitte à repousser de quelques mois son projet de «tirer la plug». Pour lui, la vie vaut mieux d’être vécue le plus longtemps possible, tandis que Marianne, lasse de la maladie, souhaite abréger ses souffrances pendant qu’elle a encore la force de choisir sa mort.
Bref, en ces temps de grands froids, Constellations réchauffe le coeur. Cette histoire d’amour parmi tant d’autres fait à la fois rire et arracher quelques larmes. Elle interpelle les sentiments, tout en faisant réfléchir son public sur le destin, la mort et, par-dessus tout, le sens de l’amour dans un monde de plus en plus régi par l’ordre scientifique. Après avoir connu le succès au Royal Court de Londres en 2012, la pièce risque de connaître un bel accueil également à Broadway et à Montréal.
La pièce Constellations est une production de La Parade et sera à l’affiche à la Petite Licorne du 27 janvier au 13 février 2015.
Le EP «Constellations» de Fanny Bloom composé de quatre titres spécialement composés pour la pièce sont en vente en format numérique sur iTunes, Bandcamp et au Théâtre les soirs de spectacle au coût de 4$.
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de la rédaction