LittératureRomans québécois
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Il y a un an, les 19 employés de Bleu Communication remettaient tour à tour leur démission à Collard Vincent, (ancien) patron de cette agence de communication. Ne lui restant que Laure, son assistante, il cherche un moyen de relancer son entreprise. Dieu seul sait où l’homme a pêché une telle idée, mais Collard décide de transformer les locaux en «un bordel de jour». Un lieu ouvert selon l’horaire traditionnel d’une entreprise (9 h à 17 h) où serait disponible ce qu’il se plaît à nommer des «escortes de luxe». Très excité par cette perspective de changement de cap pour son entreprise, il ne lui manque plus que des employées.
C’est à la thérapie de groupe pour phobiques qu’il fréquente qu’il dénichera ses putes: Ève, Inès, Lilou, Perle et Agathe. Cinq femmes ayant chacune leur phobie respective, que ce soit la peur du noir ou même la peur d’être sale. Bien qu’elles soient chacune porteuse d’un bagage qui leur est propre et unique, elles sont toutes plongées dans une certaine léthargie et Collard semble leur offrir le moyen de se dégourdir. Encore là, les motivations et les raisons d’embarquer dans ce plan varient et chacune d’entre elles y risque quelque chose. Si Agathe est simplement excitée par cette aventure, l’aspirante comédienne Inès essaie de se convaincre qu’elle le fait pour se préparer à un rôle éventuel.
Marcotte se penche sérieusement sur la psychologie et le mal-être de ses personnages et nous permet d’entrer dans l’intimité de ces derniers. On y découvre les démons et les incertitudes qui les grugent. Collard lui-même sait qu’elles ont accepté sa proposition, car «elles sont perdues». Il y a évidemment des conséquences, et le quotidien des protagonistes ne sera plus jamais le même une fois ces derniers plongés dans cette histoire.
Il est fascinant de suivre ces cinq femmes alors qu’elles font ce changement de vie radical. On est curieux de voir comment chacune va s’en sortir avec son premier client et laquelle s’en tirera le mieux. Certes, on assiste à des drames humains, mais on accompagne aussi ces putes dans leurs premiers pas. Au final, l’auteure explore la noirceur de l’âme de façon dramatique et offre une finale surprenante.
L’Orphéon a souvent traité de la déchéance de ses personnages, ce qui s’avère un thème encore très présent dans Coïts. Les gens qui semblent au-dessus de leurs affaires finissent par frapper un mur et s’effondrer. Si cette chute libre ne comble pas les lecteurs, il y a toujours les scènes délicieusement explicites de Marcotte. Jamais redondants et toujours pertinents, ces moments sauront plaire et répondre à la soudaine popularité de la littérature érotique.
Dans la même série:
- Stéphane Dompierre, Corax.
- Roxanne Bouchard, Crématorium Circus.
- Geneviève Janelle, Odorama.
- Patrick Sénécal, Quinze minutes.
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