CinémaCritiques de films
Crédit photo : www.skyfall-movie.com
Comme toute franchise qui se respecte, la série Bond a connu des hauts et des bas, tout en demeurant un gage de films d’action de qualité. La nouvelle proposition qui ramenait Daniel Craig au service de sa majesté avait de quoi nous pousser à se poser de sérieuses questions, alors qu’on a demandé au spécialiste de drame de ménages de banlieue Sam Mendes de se lancer dans un tel défi.
Que les rétracteurs se réservent ou se cachent puisqu’il n’y a plus de craintes à y avoir. Dès les premières minutes, ce James Bond est la combinaison idéale entre séquences d’action impressionnantes et scénario qui tient en haleine. D’une élégance qui fait même rougir le montage ordinaire qu’avait livré Marc Forster précédemment dans Quantum of Solace, on nous met immédiatement dans l’action pour ensuite calmer nos ardeurs et se concentrer plus précisément sur la psychologie, sur l’histoire.
Mauvais choix? Ennui? Que nenni. Les occasions sont si rares qu’un film d’action se concentre d’abord et avant tout sur son scénario qu’il ne faut certainement pas baisser les bras ou crier au malheur. Témoignage de la fin d’une époque, la vulnérabilité est à l’avant-plan et l’humain au cœur de tout dans ce film qui remet en cause les services secrets et tout ce qui s’ensuit. Plaçant M au cœur de l’intrigue, aux côtés d’un Bond meurtri, ridé et loin de la perfection qu’on aime lui accorder, et ce, même s’il semble toujours aussi puissant (quand même!), on trouve pour leur faire face une idée complètement démente afin de livrer le méchant rêvé. De quoi s’amuser follement, puisque le rire, bien présent fort heureusement, est aussi visuel que dialogué avec des répliques qu’on aura tôt fait de se répéter à l’aveuglette.
Multipliant les références et faisant de nombreux parallèles pour donner un ton unique à ce film présent pour célébrer et saluer la longévité persistante de l’entreprise, on donne un côté moderne qui ne renie en rien le passé (on revient d’ailleurs plusieurs fois sur ce sujet), ce qui donne juste ce qu’il faut de panache pour illustrer le meilleur des mondes. À la fois continuation d’une histoire et retour aux origines, le tout est doté d’un visuel tout simplement magnifique où la direction photo de Roger Deakins aura rarement semblé aussi imaginative et visuellement impeccable sur grand écran, se jouant merveilleusement bien des ombres et des lumières qui lui sont accordés, tout comme d’un jeu admirable des reflets et des impostures.
Et s’il y a bien de jolies filles pour tapisser la galerie, il faudra redonner à César ce qui lui revient de droit et saluer le génie de Mendes de traiter ici M et Bond comme un vieux couple ayant traversé le point de non-retour, sujet fétiche du réalisateur, cette mélancolie persistante des êtres solitaires. Cela fait franchement la différence avec tout le côté superficiel dont est habituellement composé la trame principale de tout bon James Bond qui se respecte, créant une profondeur qu’on n’attendait pas et menant son lot de moments déchirants et larmoyants.
Ainsi, si on pourrait vanter cet opus pendant des heures encore, que ce soit pour le génie de sa distribution, le brio de Javier Bardem, l’efficacité de la trame sonore de Thomas Newman, l’excellence des scènes d’action et l’aisance que le film prouve au gré de ses 143 minutes qui passent à la vitesse de l’éclair au point d’en redemander, il ne vous reste plus que l’option suivante: allez passer un bon moment en salles sombres et savourer ce qui est certainement l’un des meilleurs films de l’année, toutes catégories confondues.
Skyfall prend l’affiche dans certains cinémas ce soir à minuit et partout au Québec dès vendredi.
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de la rédaction