Découvrez les histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de vos chansons préférées (partie 3) – Bible urbaine

Musique

Découvrez les histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de vos chansons préférées (partie 3)

Découvrez les histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de vos chansons préférées (partie 3)

Vous ne les écouterez plus jamais de la même manière!

Publié le 20 septembre 2024 par Manon Beauchemin

Crédit photo : Tous droits réservés @ Montage photo par Manon Beauchemin

Avec cette série, Bible urbaine s’intéresse aux histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de chansons connues, tous genres confondus. Pour cette troisième partie, nous nous sommes intéressés à des pièces déterminantes des années 1990, dont une puissante chanson d'Alice in Chains, qui raconte une expérience traumatisante vécue par un proche du guitariste. Nous nous sommes également penchés sur un morceau du groupe irlandais The Cranberries, très populaire lors des fêtes d'Halloween, et sur une pièce de la formation britannique Oasis, inspirée par un groupe rock phare de la même décennie.

«Rooster» d’Alice in Chains

Tirée de l’album Dirt (1992)

La chanson «Rooster» est parue sur Dirt (1992), le second album de la formation. Elle est aujourd’hui connue comme étant l’une des plus importantes du catalogue d’Alice in Chains.

Le son qui la caractérise renvoie à une atmosphère lourde et intense, et la voix puissante du chanteur Layne Staley accompagne merveilleusement ses paroles fortes.

Celles-ci ont été écrites par le guitariste Jerry Cantrell pour son père, Jerry Cantrell Sr., dont le surnom d’enfance était «Rooster» et qui avait servi dans l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam.

Au début de l’année 1991, Cantrell s’est temporairement retrouvé sans abris. Il a donc emménagé avec un ami, Chris Cornell (le chanteur du groupe Soundgarden) et sa femme Susan Silver (la manager d’Alice in Chains à l’époque) dans leur maison de Seattle.

Lorsqu’il se retrouvait seul la nuit dans la petite pièce où il logeait, Cantrell songeait aux séquelles psychologiques que son père avait héritées lors de son séjour au Vietnam. Celles-ci avaient d’ailleurs mené à l’effondrement de la famille quelques années auparavant.

Paroles de la chanson «Rooster» d’Alice in Chains

En entrevue avec TeamRock en 2006, le musicien a discuté de l’expérience difficile de son père qui a donné lieu à la chanson: «Cette expérience au Vietnam l’a changé à tout jamais», a expliqué Cantrell, «et elle a certainement eu un effet sur notre famille. Donc, je suppose que ça a aussi été un moment déterminant dans ma vie.»

Le guitariste et auteur-compositeur s’est aussi exprimé sur l’impact que ces traumatismes avaient eu sur sa famille: «Il ne nous a pas quittés. Nous l’avons laissé tomber. C’était un environnement qui n’était bon pour personne, alors nous sommes partis vivre avec ma grand-mère à Washington […]»

Le musicien a admis que cette chanson avait permis à son père et lui d’entamer le processus de guérison.

«Quand mon père l’a écoutée pour la toute première fois, je lui ai demandé si je m’étais rapproché de l’état émotionnel ou mental dans lequel il se trouvait dans cette situation. Il m’a répondu: ‘’Tu t’es trop rapproché, tu as frappé fort.’’», a-t-il dit.

Il a ajouté que son père avait été très touché qu’il ait écrit cette chanson de son point de vue et que celle-ci avait permis aux deux hommes de se rapprocher.

Le vidéoclip de «Rooster», sorti en février 1993, montre de véritables images de la guerre du Vietnam et des reconstitutions de scènes de combats très réalistes. Puisqu’il explore l’expérience du père de Cantrell, ce dernier a servi de consultant lors du tournage.

«Zombie» de The Cranberries

Tirée de l’album No Need to Argue (1994)

La chanson «Zombie» est sortie en 1994 chez Island Records en tant que premier extrait du deuxième album studio des Cranberries, No Need to Argue.

Les critiques l’ont décrit comme étant un «chef-d’œuvre du rock alternatif», même si elle ressemble très peu aux autres chansons du groupe. La guitare électrique et la voix haut perchée de la chanteuse, Dolores O’Riordan, étant plutôt caractéristiques des morceaux grunge de l’époque.

La pièce, écrite par O’Riordan, porte sur les jeunes victimes d’un attentat à la bombe à Warrington, en Angleterre, pendant les Troubles en Irlande du Nord, un conflit qui a eu lieu de la fin des années 1960 jusqu’à 1998.

L’Armée républicaine irlandaise provisoire (IRA), une organisation paramilitaire républicaine irlandaise, avait alors mené une campagne armée visant à mettre fin à la domination britannique en Irlande du Nord et à unifier la région à la République d’Irlande.

Lors de celle-ci, les paramilitaires républicains et unionistes avaient tué plus de 3 500 personnes, dont plusieurs dans des attentats à la bombe.

L’un d’eux a eu lieu le 30 mars 1993, lorsque deux engins explosifs improvisés de l’IRA, cachés dans des poubelles, ont explosé sur une rue commerçante de Warrington, en Angleterre.

Paroles de la chanson «Zombie» des Cranberries

Deux enfants, Johnathan Ball, âgé de 3 ans, et Tim Parry, âgé de 12 ans, ont péri dans l’attaque. Cinquante-six autres personnes ont été blessées.

Johnathan, le plus jeune, a perdu la vie sur les lieux de l’attentat en raison des blessures infligées par des éclats d’obus, et cinq jours plus tard, Parry est décédé dans un hôpital à la suite de blessures à la tête.

Après avoir visité la ville, O’Riordan a décidé d’écrire une chanson qui reflétait l’événement et la mort des jeunes victimes.

Avant son décès prématuré en 2018, celle-ci a déclaré au Magazine Songwriting que la chanson lui était venue «inconsciemment» au milieu de la tournée anglaise des Cranberries en 1993, lorsqu’elle écrivait les accords principaux sur sa guitare acoustique.

Cependant, le son de la guitare acoustique, normalement présent dans les morceaux de la formation, n’a pas plu à la chanteuse cette fois-ci. Souhaitant que l’ambiance de la chanson soit en harmonie avec son sujet difficile qui attise la colère, elle s’est emparée d’une guitare électrique en déclarant: «Ça doit sonner lourd!»

Le résultat donne une chanson de protestation rock puissante et très accrocheuse. Cette dernière a connu un immense succès, atteignant la première position des palmarès dans plusieurs pays.

La vidéo, qui montre la chanteuse dont le corps complet est couvert d’une peinture dorée, ainsi que des images de Belfast déchirée par la guerre, est devenue, en 2020, la première chanson d’un groupe irlandais à dépasser le milliard de vues sur YouTube.

En 2018, le père de l’une des victimes, Colin Parry, s’est entretenu avec BBC pour l’émission de radio Good Morning Ulster. Il a tenu à remercier le groupe pour ses «paroles à la fois majestueuses et très réelles» inspirées par son fils.

«Live Forever» d’Oasis

Tirée de l’album Definitely Maybe (1994)

«Live Forever» est le troisième extrait du premier album d’Oasis, Definitely Maybe, sorti en 1994.

Son histoire commence en 1991, alors que Noel Gallagher, le guitariste et auteur-compositeur d’Oasis, travaille pour une entreprise de construction. Après s’être blessé à un pied lors d’un accident, il se voit confier un emploi dans le magasin où il passe des heures à rêvasser et à composer des chansons.

À ce moment-là, le musicien ne fait pas encore parti d’Oasis, le groupe de son frère cadet, Liam Gallagher.

En 2007, il a avoué au magazine Blender qu’il avait été inspiré par la pièce «Shine a Light» des Rolling Stones, mais que la chanson n’évoluait pas plus loin que la phrase «Maybe, I don’t really want to know…»

Cependant, au moment de se joindre au groupe, l’aîné des frères Gallagher avait suffisamment travaillé sur les paroles de celle-ci pour présenter une chanson complète aux autres membres de la formation, qui ont été réellement impressionnés.

La pièce est en quelque sorte une réponse à l’attitude négative et à la façon de voir le monde plutôt pessimiste des groupes grunge de cette époque, et plus particulièrement une référence à Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana, qui écrivait la plupart des chansons pour son groupe.

Noel Gallagher a indiqué qu’elle avait été écrite en plein milieu du mouvement grunge des années 1990, après qu’il ait entendu la pièce «I Hate Myself and Want to Die» de Nirvana.

Paroles de la chanson «Live Forever» d’Oasis

L’artiste, qui a admis être un fan invétéré de Nirvana, se souvient s’être dit: «Je ne veux pas de ça!»

«Je ne peux pas laisser des gens comme ça venir ici, sous l’emprise de stupéfiants, dire qu’ils se détestent et qu’ils veulent mourir. C’est de la foutaise. Les jeunes n’ont pas besoin d’entendre ces bêtises», a-t-il déclaré lors d’une entrevue qui s’est retrouvée sur le DVD Stop the Clocks d’Oasis en 2006.

Même si Gallagher a déclaré qu’il n’avait pas eu l’intention de répondre directement à la musique de Nirvana avec «Live Forever», les paroles optimistes de la chanson semblent être totalement à l’opposé de celles écrites par Cobain.

Il a ensuite comparé la vie du leader de Nirvana à celle des membres de son groupe au même moment: «Il me semble que c’était un gars qui avait tout et qui était malheureux à cause de ça. Et nous, on n’avait rien, et je pensais toujours que le fait se lever le matin était la meilleure chose au monde, parce qu’on ne savait pas où on allait finir la nuit», a-t-il ajouté.

Kurt Cobain était bien connu pour son humeur dépressive et sa consommation excessive d’alcool et de drogues dans les années 1990. En avril 1994, il a été retrouvé mort dans sa résidence de l’État de Washington après avoir mis fin à ses jours à l’aide d’une arme à feu.

Ce dernier avait pourtant déclaré que les paroles fortes de «I Hate Myself and Want to Die» n’étaient rien de plus qu’une simple blague.

En entrevue avec le magazine Rolling Stone en 1993, il avait expliqué qu’il s’agissait d’une référence à la perception que le public avait de lui, comme quoi il était un «schizophrène énervé, plaintif et paniqué qui veut se suicider tout le temps».

Les musiciens sont passés maîtres dans l’art d’exprimer des émotions à travers la musique. Ils parviennent à trouver les mots justes pour raconter une histoire, qu’elle soit triste, traumatisante ou plutôt optimiste. Dans la quatrième partie de cette série, nous analyserons d’autres chansons inspirées de faits réels, certaines ayant même permis de dénoncer des situations problématiques.

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début