Cinéma3 bonnes raisons de
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Pour découvrir l’histoire du premier gang de motards criminalisés de l’histoire
Selon un article publié sur The Associated Press, le désir de Jeff Nichols de réaliser une œuvre cinématographique sur l’âge d’or des motards est venu lorsqu’il feuilletait le livre de Danny Lyon chez son frère il y a plus de vingt ans déjà.
Bien que le film donne vie aux personnages des Vandals, le livre relate plutôt la vraie histoire du Outlaws Motorcycle Club, fondé il y a près de 90 ans à l’extérieur du Bar Mathilda sur la mythique route 66 à McCook, en Illinois, en banlieue de Chicago.
Après des années lors desquelles les activités du gang ont été plutôt limitées en raison de la Deuxième Guerre mondiale, le premier rassemblement a eu lieu en 1946.
La période d’après-guerre a été particulièrement favorable au marché de la moto. Les surplus militaires ont rendu les motocyclettes plus accessibles et, de retour chez eux, les vétérans désiraient s’évader pour échapper à l’ennui du quotidien.
C’est lors de cette période que l’on a vu apparaître plusieurs autres clubs de motos, dont les Hells Angels – formé en 1948 à Fontana, en Californie – les ennemis jurés des Outlaws.
Lors des années suivantes, le gang a pris de l’expansion à travers les États-Unis, et c’est en 1964 qu’il a attiré l’attention d’un jeune motocycliste du nom de Danny Lyon. C’est justement son personnage que l’on voit interviewer Kathy, la femme de Benny, dans le film.
Même si le personnage de Danny n’est jamais aperçu au volant d’une motocyclette à l’écran, le photographe est réellement devenu un membre officiel des Outlaws en 1965, ce qui lui a permis de documenter les aventures de ses compagnons de moto à l’aide d’un enregistreur analogique et d’un appareil photo.
Le livre de Danny Lyon, paru en 1968, a été le point de départ pour l’écriture du scénario. Cependant, il s’agit bel et bien d’une fiction. En ce sens, bien que plusieurs personnages soient conformes aux écrits et aux images recueillis par Lyon, d’autres sont inventés de toutes pièces.
Les Outlaws sont encore actifs de nos jours, mais le club est bien différent de celui d’autrefois.
Ils sont désormais considérés comme une organisation criminelle redoutable, principalement à cause des relations conflictuelles qu’ils entretiennent avec les Hells Angels. Celles-ci ont d’ailleurs mené à de violentes altercations au courant des années 1990.
Pour les performances remarquables des acteurs
Plusieurs acteurs de talent font partie de la distribution de ce film. Ils arrivent tous à se démarquer, et ce, malgré la psychologie peu complexe accordée à certains des protagonistes.
L’interprète de Kathy, la Britannique Jodie Comer (Killing Eve), livre ici une performance remarquable. Ses expressions faciales, ses manières ainsi que son accent – qu’elle a pu pratiquer grâce aux enregistrements audios de la vraie Kathy – lui ont permis d’incarner son personnage de manière efficace.
Cet accent lui a d’ailleurs donné du fil à retordre, puisque même si la vraie Kathy venait du nord de Chicago, sa manière de parler ne ressemblait pas vraiment à celle des habitants de sa ville natale. La coach de dialogue qui a travaillé de près avec l’actrice lui a donné le choix: pratiquer un accent typique de Chicago, ou bien parler de la manière qui ressemble le plus à la vraie Kathy Bauer!
L’actrice est en tout cas très naturelle devant la caméra et elle impressionne par son jeu. Une scène durant laquelle son personnage se retrouve dans une situation dangereuse – sans Benny pour venir la sauver – montre qu’elle maîtrise bien les émotions qu’elle souhaite projeter à l’écran.
Les acteurs masculins ne sont pas pour autant moins crédibles. D’un côté, Austin Butler (Elvis) personnifie l’aura de mystère qui entoure le personnage de Benny, un dur à cuire en quête de liberté, et de l’autre, Tom Hardy (Mad Max: Fury Road) est l’essence même du charismatique chef de gang qui force le respect.
Les personnages secondaires, quant à eux, sont colorés et divertissants. Ils parviennent à élargir l’éventail des personnalités du monde souvent stéréotypé des motards.
Michael Shannon (Take Shelter) est un choix récurrent dans les films du cinéaste. Il se glisse cette fois-ci dans la peau de Zipco, un motard qui s’est porté volontiers pour se battre à la guerre du Vietnam, pour ensuite se faire rejeter, puisqu’il n’a pas été en mesure de réussir les évaluations psychologiques exigées.
Le drôle de personnage, interprété par Norman Reedus (The Walking Dead), ressemble quant à lui davantage à un hippie qu’à un motard. Funny Sonny a les cheveux longs, une barbe négligée et les dents pourries. Il a fait la route de la Californie pour venir embêter les Vandals, mais semble bien peu menaçant. Sa présence témoigne de l’intérêt que suscitent les Vandals à travers le pays.
Enfin, le rôle du jeune qui tente de se tailler une place dans le gang et qui défie Johnny a été attribué à un jeune acteur peu connu du nom de Toby Wallace. Sa performance est renversante, et il y a fort à parier qu’il aura une brillante carrière au cinéma dans un futur proche!
Pour les merveilleuses images qui nous transportent à une autre époque
Le directeur de la photographie Adam Stone, connu pour avoir participé à plusieurs projets de Jeff Nichols dont Take Shelter et Midnight Special, a une fois de plus travaillé en étroite collaboration avec le réalisateur pour tenter de recréer la beauté des photographies du livre de Danny Lyon au grand écran.
Pour ce faire, ils ont enregistré les images sur film plutôt que d’utiliser l’imagerie électronique d’une caméra vidéo. Cette technique, l’unique méthode utilisée par le réalisateur et son acolyte, est très peu répandue de nos jours.
Même si la caméra vidéo crée une image plus nette, le film permet d’obtenir plus de détails grâce à sa haute résolution. Le grain, la texture et la richesse des couleurs obtenues avec celui-ci offrent un style intéressant et distinctif qui se prête à merveille aux années 1960 et 1970.
Le format 35 mm et l’objectif anamorphique qui ont servi pour ce projet sont des techniques idéales pour l’élaboration de plans larges à l’horizontale. En effet, ces dernières ont permis de filmer les membres des Vandals se promenant côte à côte sur leurs motocyclettes – des Harley-Davidson antiques, pour le plus grand plaisir des amateurs de motos! – tout en offrant un aperçu du paysage.
Puisque les photographies présentées dans le livre de Danny Lyon sont majoritairement en noir et blanc, une palette de couleurs a dû être développée pour les besoins de ce film. Stone et Nichols se sont fiés aux cinq photos en couleurs prises par le photographe pour recréer l’esthétisme de l’époque, et ce, le plus fidèlement possible.
Les couleurs chaudes ont été privilégiées et, à l’aide du numérique, les images ont été quelque peu saturées et retouchées afin de faire ressortir des tons de sépia. Le résultat est fort attrayant et amène une touche rétro convaincante. Certaines couleurs ressortent de manière frappante, comme le rouge de la chemise portée par Johnny, le fondateur des Vandals.
Les Harley-Davidson qui défilent tout au long du film sont également mises en valeur, ce qui rend un bel hommage aux créateurs de cette moto légendaire et à ceux et celles qui se plaisent à les conduire.
Puisque The Bikeriders est une histoire fictive et non pas le récit d’évènements réels, le film aurait certainement pu nous amener plus loin – autant au niveau de l’intrigue que de la complexité des personnages – avec une dose d’audace supplémentaire.