Littérature3 bonnes raisons de
Crédit photo : Illustration de la couverture: Melissa Wilcox @ Éditions XYZ
Ces remises en question qui résonnent en chacun de nous
D’emblée, Majesté dépeint un univers plutôt standard de la société actuelle, celui des relations virtuelles. L’ère du numérique a modifié l’interaction humaine, que ce soit dans la façon de rencontrer, de se présenter, de communiquer et même d’épier les autres, pour certain·es!
Dans sa quête de trouver l’amour parmi l’interminable défilé de profils d’inconnus, Rosemarie consomme également beaucoup de ce qu’on appelle la psychopop par le biais de balados ou de vidéo en ligne. Elle évalue son intelligence émotionnelle, les “reds flags“ des autres ainsi que les siens, le comportement d’un pervers narcissique, ou encore le complexe du sauveur.
Que ce soit en lien avec sa vie amoureuse ou professionnelle, ses remises en question demeurent universelles. Face à un échec ou à un obstacle, on arrive tous et toutes à un moment de notre vie où l’on cherche des réponses et où la seule façon de les trouver est d’apprendre à mieux se connaître soi-même d’abord.
«Rencontrer est le nouveau peindre. […] Avant de faire le portrait des autres, commence par te bricoler une rencontre artisanale avec toi-même, c’est ça qu’elle voulait me dire, mon amie. Achète-toi des papiers japonais, un gun à colle chaude, des toiles vierges format mégalomane, garroche de la couleur des mots des sons du beau du laid, offre-toi une catharsis de décoration intérieure ou d’aménagement paysager si c’est ça qui te tente.»
Cette protagoniste qui brille par son authenticité
Sans aucun doute, vous vous attacherez à cette protagoniste introvertie, plutôt rêveuse et aux tendances anxieuses, en plongeant dans son récit commenté en toute franchise. Elle avoue elle-même, dans son blogue, être totalement honnête sous le prétexte de l’anonymat.
«Quoi de plus libérateur que de se soustraire au regard des autres? Bien sûr, se soustraire au nôtre.»
Loin des projecteurs, elle gagne sa vie en tant que recherchiste et cumule ainsi de nombreux dossiers dans l’éventail de ses connaissances. Curieuse dans l’âme, elle se livre à de nouvelles aventures, et ce, même si cela inclut parfois de sortir de sa zone de confort.
Au rythme des billets de blogue qui racontent l’«odyssée sentimentale» de cette quadragénaire, le lecteur·trice suit simultanément le défilé d’habits de mariage d’époque auquel elle assure cette fois l’animation. Ne pouvant se cacher derrière un écran ni à l’arrière-scène, elle dévoile à la fois son charme et sa maladresse au public.
Cette plume singulière dont vous vous souviendrez longtemps
Il va sans dire que Majesté se démarque par l’originalité de sa narration. L’écriture de Candide Proulx vous amène loin des clichés et de la prévisibilité. C’est avec finesse qu’elle crée des images sans équivoque dans nos esprits avec une touche d’humour parfois cynique et un langage qui lui est propre.
Ancrée dans l’actualité, l’histoire se déploie sans jamais trop s’enfoncer dans des détails évidents ou accessoires. Elle laisse plutôt le loisir aux lecteur·trices de savourer une panoplie de néologismes bien ficelés et de clins d’œil à de grandes œuvres littéraires qui font sourire.
«La grande existentialiste que je suis est une tenace vadrouilleuse de passé, c’est là que débutent toutes les histoires que je me raconte. Lui commence sa narration au présent, avec le curseur qui clignote, et l’action se passe dans le futur. Un futur où la technologie a effacé toutes les cicatrices des humains. De la science-fiction. Je suis les sœurs Brontë, il est Asimov.»
Un incontournable à ajouter à votre PAL (pile à lire) pour vos séances de lecture ensoleillées!