ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Victor Diaz Lamich
Adapté du scénario du film, lui-même adapté d’un roman de Philippe Beaussant, le texte aéré et aérien a perdu tout dialogue superflu, et rehausse la poésie du mouvement et des grandes aspirations de Louis XIV et de sa prestigieuse cour, mais aussi les visions diamétralement opposées de Molière et de Giovanni Battista Lully à propos de l’art.
Le Roi-Soleil vivait pour la scène, du moins dans la première partie de sa vie, et ne se sentait vivant que par le biais du mouvement, devant public de préférence.
Le metteur en scène Michel-Maxime Legault, qui espérait depuis longtemps monter ce spectacle, a renoncé à nous montrer le luxe presque tapageur de Versailles et a choisi de nous faire la chronique d’un règne sur une scène en grande partie dépouillée, de laquelle on peut descendre par un escalier qui mène on ne sait où, et sur laquelle traînent quelques chaises capitonnées, laissant l’imagination du public faire une grande part du travail hallucinatoire de recréation de l’époque.
On se concentre donc sur les performances, qui sont à la hauteur des personnages: Mattis Savard-Verhoeven, altier, incarne Louis XIV et ses paradoxes; Simon Landry-Désy est un Lully hanté, tant par son attirance pour le roi que par la musique qui l’habite; le Molière de Jean-François Nadeau est enjoué et très physique, et se lance parfois dans des cabotinages qui s’étirent. Marie-Thérèse Fortin, dans le rôle d’Anne d’Autriche, la mère du roi, propose un habile mélange de force et de vulnérabilité.
L’un des éléments les plus spectaculaires de cette création, c’est sans contredit les costumes de Daniel Fortin, où l’or et le noir dominent, à part pour les vêtements du roi, qui opte pour un blanc lumineux.
Ce roi, qui a provoqué la rencontre et l’union artistique de Lully et Molière, finit par s’effacer pour laisser place à leurs querelles, qui deviennent de plus en plus conséquentes.
Comme souvent dans ce genre de collaboration, les relations tendues et torturées auront raison de la santé mentale d’au moins l’un d’entre eux. Si leur art ne les élève plus au-dessus de la mêlée, et que le roi les délaisse, que deviendront-ils?
À force de trop vouloir briller dans les yeux du peuple, on finit par disparaître.
La pièce «Le roi danse» en images
Par Victor Diaz Lamich
L'avis
de la rédaction