LittératureCroisée des mots avec
Crédit photo : Tous droits réservés @ AAOF
Mélanie, peux-tu croire que ça fait déjà un an et quelques jours qu’on a discuté pour la toute première fois? Et tu te souviens, c’était à propos de ton premier roman, Plurielle, publié aux Éditions David, en plus! Le temps, inéluctable, a fait son œuvre, et depuis, ton roman a fait son entrée dans l’imaginaire de nombreux lecteurs et lectrices. Et alors, ont-ils afflué par centaines, ces fans, et dis-nous donc comment cette œuvre a été reçue par le public.
«Par centaines? Mais enfin, pour qui me prends-tu, Bible urbaine? Ils se comptent par millions. D’ailleurs, je ne peux même plus sortir de chez moi sans être harcelée par une horde de fans déchaînés. Je me suis ruinée en lunettes noires et déguisements en tous genres!»
Plus sérieusement, je n’ai absolument aucune idée de ce qu’il est advenu de mon livre après sa publication. J’ai reçu des commentaires enthousiastes de la part de mes amis, mais je les soupçonne d’être légèrement biaisés. Si tu as lu le livre, tu comprendras pourquoi je n’ai pas reçu de commentaires de ma famille 😂».
«J’espère que l’émission du 14 novembre me permettra d’en savoir plus.»
Dans ce roman polyphonique que tu rêvais d’écrire depuis ta tendre vingtaine, on part à la découverte de trois protagonistes féminines, Victoire, Lola et Sara, qui ont, et ce sont tes propres mots, «une rage de vivre à toute épreuve». Pourquoi, jeune adulte, ça te démangeait autant de vouloir coucher sur papier ce récit? Profites-en donc pour nous titiller un peu, aussi, car on aimerait bien que Plurielle atterrisse sur quelques tables de chevet prochainement!
«Ce roman, il sonne pour moi comme une revanche. Durant toute mon enfance et mon adolescence, on m’a dit de ne pas me faire remarquer, de ne pas penser par moi-même, de ne pas sortir du chemin qu’on avait tracé pour moi. J’ai littéralement compté les jours qui me séparaient de ma majorité.»
«Tout comme les personnages de mon roman, la liberté, la vraie, celle qui te permet de te sentir vraiment toi-même, n’est pas arrivée d’elle-même aux douze coups de minuit, le jour de mes dix-huit ans. Je me suis battue pour l’obtenir, et je crois que ce roman est en quelque sorte l’aboutissement de ce long combat.»
«Parler, oser raconter, c’est souvent l’étape indispensable d’une guérison réussie. Dire SA vérité, ça prend parfois des années, voire toute une vie, mais qu’on l’écrive dans un roman ou qu’on la chuchote sur un oreiller, l’important c’est de la confier à quelqu’un d’autre que soi. C’est donc pour cette raison que Plurielle a vu le jour: pour que chaque lecteur porte en lui un bout de cette histoire et la rende ainsi moins difficile à porter.»
Et durant la dernière année, as-tu été happée par une idée de génie qui aurait tout le potentiel de devenir un deuxième roman? Disons qu’on est impatient∙e de te relire à nouveau, tu t’en doutes!
«J’adore ton enthousiasme et je serais ravie de te balancer un scoop, mais pour le moment, je n’ai rien de très concret. J’ai bien une petite idée qui me trotte dans la tête, mais c’est à peine le début d’un commencement de frémissement au bout des doigts.»
«Et ça m’a pris dix ans pour pondre Plurielle, alors il va falloir t’armer de patience, même si je comprends que ce suspens insoutenable te consume à petit feu, et j’en suis vraiment navrée.»
Malgré le fait évident que la langue anglaise prédomine dans un pays aussi vaste que le Canada, qu’on se le dise, la littérature franco-ontarienne a toute sa légitimité dans le milieu littéraire francophone, bien sûr au Canada, mais aussi à travers toute la francophonie. Aurais-tu la gentillesse de nous présenter trois auteurs ou autrices de l’Ontario français et leurs œuvres, afin de donner un bel avant-goût de nos talents francophones à nos lecteurs et lectrices?
«Je suis vraiment désolée, mais je suis obligée d’être honnête et de t’avouer que j’ai bien du mal à répondre à cette question. Ma culture ontarienne est vraiment très pauvre et, même si quelques livres m’ont fait de l’œil ces derniers temps, je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y atteler.»
«Je compte bien remédier à cette honteuse lacune rapidement.»
Le 14 novembre prochain, à 19 h, tu seras la troisième invitée de l’animateur Hugues Beaudoin-Dumouchel à l’occasion de la causerie littéraire gratuite Croisée des mots, présentée par l’AAOF et la Bibliothèque publique de Toronto. Chaque mois, via la plateforme Zoom, les amateurs et amatrices de littérature franco-canadienne découvriront, en direct de leur chez-soi, de nouveaux visages de l’Ontario francophone. Qu’aurais-tu envie de dire, comme mot de la fin, pour convier le public à cette rencontre-discussion d’une heure?
«Heuuu, venez? Je sais que les rencontres Zoom ce n’est plus tellement de saison et que ça nous rappelle tous une période qu’on préférerait oublier, mais comme je ne suis présentement plus au Canada, c’est pour moi une superbe occasion de rencontrer mes éventuels lecteurs.»
«Le destin m’a privée des différents salons littéraires qui ont eu lieu l’année passée et je serais donc ravie de pouvoir échanger avec vous et de répondre à vos questions les plus embarrassantes. Je rougis facilement, donc ça pourrait être marrant. En plus, ça tombe pile à l’heure pour l’apéro…»