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Crédit photo : Young Turks / XL Recordings
Sur Coexist, le deuxième album du trio londonien paru en septembre dernier, le pari était de garder ce puissant mélange de post-dubstep, d’atmosphères post-rock, de riffs de guitare ingénieux et de rythmes sensuels, tout en évoluant et sans perdre l’essence du son «xx». Et c’est ici que la plupart des groupes s’égarent lors de la création d’un deuxième album en voulant ajouter de nouvelles couleurs à leur palette. Ici, The xx retire tous les artifices et recettes attribués à leur musique pour n’en retenir que l’essentiel: la sensualité, l’intimité et cette proximité que possèdent les voix de Romy et Oliver, comme s’ils nous chuchotaient à l’oreille.
Dès les premières notes, le ton est donné par les morceaux «Angels» et «Chained», desquels se dégage d’une sensualité désarmante et qui décrivent à merveille cet état de désespoir quand une relation est sur un point de rupture. C’est à la mi-parcours, notamment avec «Reunion» et «Sunset», que l’on retrouve les influences house qu’on avait pu entendre sur le travail solo de Smith. Les pièces suivantes respirent la tristesse d’amours déçus et révèlent des trésors d’une beauté diaphane et vaporeuse enveloppées par la signature musicale du groupe et soutenues par des basses profondes et lourdes. Plus accompli que leur premier album, mais également moins facile d’accès, Coexist n’est pas truffé de grosses bombes comme l’était son prédécesseur. Toutefois, il n’en est pas moins intéressant, original et captivant.
Le corps de l’album est porté par les voix de Romy Madley Croft, d’une sensualité inouïe, et Oliver Sim, qui fait montre d’une vulnérabilité de tous les instants sur la superbe «Missing». Même si une attention particulière est portée aux pistes vocales, Jamie xx, principal arrangeur du trio, laisse respirer les morceaux par des arrangements subtils et doux qui portent à merveille les chansons empreintes de départs et de ruptures. Comme une peine d’amour qui n’en finit plus de faire mal, Coexist peut être un peu long à s’approprier et assez sombre à la première écoute, tant les chansons sont cohésives et empruntent une direction analogue. C’est après plusieurs écoutes que l’on saisit la justesse du raffinement des arrangements et l’ambition du trio de faire un album ambiant et délicat.
Comme le dirait le maître du Bauhaus Mies Van Der Rohe, «Less Is More», et ça, Jamie xx et sa bande l’ont bien compris.
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de la rédaction