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Crédit photo : Ema Riot (BLVCKGOLD)
La pop savoureuse de Rosie Valland
C’est à Rosie Valland que l’organisation du festival a réservé la case horaire de 17 h 50 au parc de la Francophonie. C’est donc dire qu’elle donnait le coup d’envoi officiel de cette 55e édition!
C’est certes un bel honneur pour la chanteuse originaire de Granby, mais ça restait une tâche difficile. Au moment de sa prestation, bon nombre de festivaliers affluaient vers la Vieille Capitale, étaient pris dans le trafic sur le pont Pierre-Laporte, ou encore faisaient la file pour manger une galette libanaise sur Grande Allée.
C’est devant une foule clairsemée que Rosie Valland a mis les pieds sur scène. Dommage qu’il n’y ait pas eu plus de spectateurs à ce moment-là, car la pop de Rosie Valland, un peu dans le style d’Angèle, a fait son effet et a envoûté les spectateurs présents.
Durant son spectacle, l’auteure-compositrice-interprète a présenté des titres de son plus récent album, Emmanuelle, ainsi qu’une reprise très réussie de «Désenchantée» de Mylène Farmer.
Dotée de pièces accrocheuses et d’une prestance scénique indéniable, l’artiste a laissé une belle carte de visite à l’assistance qui grossissait à vue d’œil!
Salomé Leclerc: secrètement rock
Toujours au parc de la Francophonie, c’est Salomé Leclerc, que notre photographe Danielle Plourde a vue tout récemment au FestiVoix de Trois-Rivières, qui a pris la relève en cette soirée toute féminine.
Dès son apparition, on a compris qu’on allait changer de style. La preuve, elle a agrippé sa guitare électrique et elle ’est mise à jouer un air rock qui détonnait de la pop de Rosie Valland. Le ton était donné.
Si ses albums sont tous excellents, en particulier son petit dernier, Mille ouvrages mon cœur, duquel elle a tiré six des huit titres joués jeudi, c’est en spectacle que la musique de Salomé Leclerc prend vie.
La musicienne a offert des versions plus musclées de ses chansons, ce qui a fait que ça déménageait pas mal plus que ce qu’on aurait pu imaginer. À la voir se démener sur sa guitare, je suis sûr qu’elle aurait pu être aux commandes d’un band grunge à la Sleater-Kinney dans une autre vie. Chapeau à son acolyte d’ailleurs, le batteur José Major, qui a joué un grand rôle dans ce spectacle en duo.
Ce fut donc une prestation énergique qui a bien mis la table pour la suite des choses, alors que je me préparais à me déplacer vers les Plaines d’Abraham et ses guitares lourdes.
Une quinzaine de minutes avec Les Shirley
Les organisateurs du festival, cette année, ont eu le souci du détail, puisqu’ils ont offert une sacrée belle vitrine aux artistes féminines québécoises en cette soirée d’ouverture. Alors qu’Ariane Roy, Milk & Bone et Cœur de Pirate jouaient du côté du parc de la Francophonie, c’est le power trio Les Shirley qui lançait les hostilités sur les Plaines d’Abraham.
Évidemment, le temps de déplacement entre les scènes m’a fait manquer le début du spectacle, je n’ai donc pu assister qu’à une quinzaine de minutes de la prestation de ces dernières, mais ça m’a donné l’élan suffisant pour me convaincre de les revoir dans un futur très proche.
Et laissez-moi vous dire que leur prestation décapante ne laisse aucun doute sur le fait que Dave Grohl, leader des Foo Fighters, a fait le bon choix en les invitant à jouer en première partie de leur concert à venir à l’auditorium de Verdun, ce lundi.
On se doute que c’est une semaine magique pour les trois Montréalaises!
Billy Talent: une autre prestation endiablée
«En ce monde rien n’est certain, à part la mort et les impôts», a déjà affirmé Benjamin Franklin. À ces deux constats, on peut ajouter la certitude que les gars de Billy Talent vont toujours tout donner lorsqu’ils sont sur scène.
Malgré les 40 degrés Celsius ressentis au début du spectacle, le groupe a offert une prestation endiablée. Des premières notes de «Devil in a Midnight Mass» aux dernières de «Red Flag», la foule a été survoltée pendant 90 minutes.
En fait, il est impossible de ne pas être survolté dans une foule menée de main de maître par le chanteur Ben Kowalewicz, sans doute l’un des frontman les plus sous-estimés du rock.
Nous avons eu droit à un moment touchant lorsque le batteur original, Aaron Solowoniuk, qui ne peut malheureusement plus jouer avec le groupe depuis qu’il est atteint de la sclérose en plaques, est venu rejoindre ses comparses le temps d’une version puissante de «Pins & Needles».
L’album Billy Talent II, duquel cette dernière est tirée, a d’ailleurs composé une bonne partie du setlist, avec pas moins de sept titres sur les vingt joués. Le 20e anniversaire du premier effort du groupe a également été souligné au son de «Try Honesty», «River Below» et «Nothing to Lose».
Il faut cependant noter que le groupe a joué des morceaux de chacun de ses six opus, et le public les a tous aussi bien reçus. C’est une belle preuve de la longévité et de la popularité du quatuor.
Si je n’ai qu’un bémol à émettre, c’est que Rivers Cuomo, leader à lunettes de Weezer, n’est pas venu rejoindre le groupe lors de la pièce «End of Me». L’invitation avait pourtant été lancée…
Weezer: une avalanche de hits
Rivers Cuomo s’est plutôt pointé sur scène uniquement à l’heure prévue pour l’apparition de son groupe Weezer. Les Californiens ont lancé le bal avec «My Name is Jonas», chanson d’ouverture de leur premier et plus populaire opus en carrière.
Dès la deuxième chanson, l’entraînante «Beverly Hills», la foule s’est mise de la partie en chantant et en tapant des mains. Si le public était réceptif aux plus grands succès de la formation, la plupart ne semblaient pas de grands connaisseurs du band.
Certaines de leurs meilleures chansons, comme «El Scorcho» et «Only in Dreams», ont été applaudies, mais n’ont pas engendré le même enthousiasme que leurs vers d’oreille, je pense ici à «Island in the Sun» ou «Porks & Beans».
Leur reprise d’«Enter Sandman» de Metallica a d’ailleurs été un moment fort du spectacle. Comme quoi on ne peut jamais se tromper avec du Metallica sur les Plaines!
Autre moment fort, l’excellente «Say It Ain’t So», chantée en chœur par tout le public!
Bref, ce fut un excellent spectacle, mais Weezer n’avait aucune chance de rivaliser avec leurs prédécesseurs au niveau de l’énergie déployée. Il aurait peut-être été préférable d’inverser les deux groupes au sein de la programmation.
Cependant, la cavalcade de succès présentés par Weezer justifie à lui seul leur place en tête d’affiche!