MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook officielle de U2
Mention honorable: Original Soundtracks 1 (1995)
Sorti sous le nom de Passengers, ce projet compte dans ses rangs les quatre membres de U2 ainsi que leur producteur Brian Eno, qui remplace leur talent de mélodistes par une volonté d’exploration musicale.
La meilleure critique qu’on puisse en faire vient du batteur lui-même, Larry Mullen Jr., qui l’a décrit ainsi: «There’s a thin line between interesting music and self-indulgence. We crossed it on the Passengers record».
C’est néanmoins sur ce projet que l’on retrouve «Miss Sarajevo», sublime duo avec le légendaire ténor Luciano Pavarotti.
14. No Line on the Horizon (2009)
Alors que l’une des grandes forces du groupe reste la plume de Bono, j’ai encore de la misère à décrire à quel point l’effet a été bizarre et saisissant lorsque j’ai entendu le premier extrait de No Line on the Horizon, avec ses paroles «Hey! Sexy boots, Get on your boots yeah!» On ne peut pas dire que le parolier y est à son zénith, et ça se reflète sur le reste de l’album d’ailleurs.
Les meilleurs moments de ce disque rappellent leurs meilleures chansons déjà sorties, et sincèrement, ça donne plutôt envie de retourner écouter ces dernières, au lieu de donner une chance aux nouvelles!
Le trio final, composé de «White as Snow», «Breathe» et «Cedars of Lebanon», se démarque du reste. Dommage, toutefois, que ces petites perles soient cachées à la toute fin d’une œuvre qui ne nous incite pas à les réécouter souvent.
13. Songs of Experience (2017)
C’est l’œuvre la plus générique que le quatuor a proposée au cours de sa carrière. Et peu de moments réussissent à se démarquer sur cet opus surproduit. Comme beaucoup de productions pop modernes, trop de producteurs se partagent la tâche, et le produit final en perd sa personnalité.
Certains morceaux ont toutefois plus de potentiel que d’autres, sauf qu’ils auraient bénéficié d’une production moins aseptisée. «Red Flag Day» et «Summer of Love» sont sans doute les plus intéressantes du lot.
L’opus, en général, aurait été meilleur s’il avait été plus cohérent dans son ensemble, ce qui n’est pas le cas ici. Les chansons se suivent, mais ne créent pas un ensemble satisfaisant.
12. October (1981)
Rare faux pas durant leur première décennie, October a bien failli être le dernier album du groupe! À cette époque, Bono, The Edge et Larry Mullen Jr. sont tiraillés entre leur succès grandissant et leur lien étroit avec une communauté chrétienne très dévouée.
Le thème central, vous l’aurez deviné, est donc Dieu, ce qui ne donne pas lieu à beaucoup de moments d’euphorie. Si on reproche souvent à Bono de se prendre trop au sérieux, cette critique n’est jamais aussi justifiée que sur October.
Musicalement, on remarque une certaine évolution depuis Boy, particulièrement chez Adam Clayton à la basse, qui maîtrise de mieux en mieux son instrument, alors que The Edge ajoute le piano à son arsenal. On n’y retrouve cependant pas l’urgence et l’énergie qui rendaient leur premier effort aussi marquant.
«Gloria» et la chanson-titre se démarquent cependant du lot et elles sont d’ailleurs les deux seules pièces encore jouées en concert à ce jour.
11. Rattle and Hum (1988)
C’est un exercice difficile que celui de classer Rattle and Hum! Servant de trame sonore au documentaire du même titre, on y retrouve neuf nouvelles compositions, mais aussi quelques extraits en concert.
Comme accompagnement musical à un film, c’est très convenable, mais comparativement aux autres efforts studio du groupe, ça reste très inconsistant.
On y retrouve U2 à l’apogée de son rêve américain, alors qu’ils incorporent des éléments country et blues à leur musique, et qu’ils invitent de grosses pointures comme B.B. King et Bob Dylan à se joindre à eux.
La force de ses singles, soit «Desire», «Angel of Harlem» et «All I Want is You», tous devenus des classiques, lui permet tout de même de s’élever de quelques positions dans ce classement.
10. Songs of Innocence (2014)
Les plus cyniques détracteurs de U2 ont tendance à dire que leur musique sonne toujours de la même façon, ce qui est totalement faux. Or, si un album peut leur donner raison, c’est bien Songs of Innocence.
C’est un opus qui s’écoute bien, mais qui ne réinvente pas la roue non plus, et on ne sent pas le besoin de le revisiter outre mesure. Sa sortie controversée – on se souviendra qu’il a été déposé directement dans la bibliothèque personnelle de tous les utilisateurs d’iTunes! – n’a certainement pas aidé sa cause non plus.
Parmi les bons coups, «The Miracle (of Joey Ramone)» et «The Troubles» sont en soi un commencement et une finale fort efficaces, alors que la pièce «Sleeps Like a Baby Tonight» n’aurait pas paru déplacée si elle avait figuré sur l’un de leurs disques parus au cours des années 1990.
9. How to Dismantle an Atomic Bomb (2004)
Après le succès qu’a été All That You Can’t Leave Behind l’année de sa sortie, le groupe n’a pas voulu «trop» toucher à une formule gagnante. D’un point de vue commercial, nous devons leur donner raison, puisque How to Dismantle an Antomic Bomb s’est hissé au top des palmarès et s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires.
D’un point de vue artistique, c’est décevant, surtout venant d’artistes qui ont passé les quinze dernières années à ne pas se satisfaire d’un statu quo.
Malgré tout, cet album est loin d’être mauvais, même que c’est le dernier à ce jour où l’on retrouve des titres incontournables au sein de leur discographie, comme «Vertigo» et surtout la superbe «City of Blinding Lights».
8. Pop (1997)
Album mal-aimé s’il en est un, Pop n’est pas le préféré de beaucoup de fans. Et le plus drôle, c’est qu’il n’est pas le préféré du groupe non plus.
Les membres de U2 ont souvent confié en entrevue que le résultat final de cet album ne reflète pas leur intention de départ, et ceci s’explique par le fait que la sortie a été précipitée par une tournée qui avait été prévue avant que le l’album ne soit terminé. Ils ont d’ailleurs retravaillé plusieurs chansons par la suite lors de sorties de simples ou de compilations.
Cependant, Pop est bien meilleur que sa réputation le laisse croire. Au cœur d’une discographie aussi vaste, c’est bien d’avoir une carte cachée, c’est-à-dire une œuvre qui, sans nécessairement être excellente, sort du lot par sa différence.
Pop est cette carte cachée au sein de la discographie de U2.
7. Zooropa (1993)
Moins expérimental que ce qu’ils ont fait avec le projet Passengers, et moins pop qu’Achtung Baby, Zooropa est la balance parfaite entre ces deux opus.
Ce n’est pas un effort avec lequel les membres de U2 ont engrossé leur catalogue en hits, et ce n’était pas leur but non plus, heureusement.
Chaque fois que la formation promet un album plus expérimental, les fans sont toujours déçus, car les plus aguerris ont déjà entendu ce dont ils sont capables sur Zooropa, surtout quand ils mettent réellement leurs ambitions commerciales de côté.
C’est loin d’être une œuvre qui plaira à tous, mais si vous prêtez l’oreille et que vous lui donnez une chance, elle saura sans doute vous surprendre.
6. The Unforgettable Fire (1984)
Pour certains, The Unforgettable Fire est l’un des meilleurs efforts du groupe. En tout cas, il ne fait aucun doute que c’est une étape charnière au sein de leur évolution musicale.
C’est que l’arrivée de Daniel Lanois et de Brian Eno comme producteurs a eu une influence considérable sur les quatre Irlandais, devenant presque les cinquième et sixième membres de U2.
On assiste ici au début de leur relation de complicité: ils apprennent à se connaître, ils explorent, mais la magie opérera seulement à partir de l’album suivant.
Vous vous demandez peut-être pour quelle raison il ne se retrouve pas plus haut dans cette liste? C’est juste parce que j’ai rarement envie de le réécouter dans son entièreté. Je ne peux toutefois pas nier que «Pride (in the Name of Love)» et «Bad» sont des morceaux absolument incroyables.
5. All That You Can’t Leave Behind (2000)
Célébré comme le grand retour de U2 au moment de sa sortie, le band étant à cette époque au sommet de sa popularité, All That You Can’t Leave Behind ne jouit cependant pas de la même réputation que les classiques du groupe.
Le fait qu’il soit sorti après vingt ans de carrière lui donne peut-être un certain désavantage comparativement à ses prédécesseurs, surtout pour les fans de la première heure. Mais une simple réécoute permet de voir à quel point c’est un excellent album.
Il s’ouvre avec quatre succès coup sur coup: «Beautiful Day», «Stuck in a Moment You Can’t Get Out Of», «Elevation» et «Walk On». Le reste de l’opus n’est cependant pas en reste, avec particulièrement les forts jolies «Kite» et «In a Little While».
4. Boy (1980)
À ses débuts, U2 était un groupe post-punk de plus dans le paysage musical, mais dès le départ, on sentait que ces quatre jeunes irlandais voyaient déjà grand.
La batterie de Larry Mullen Jr. était prête à remplir des arénas, et les mélodies de Bono laissaient paraître un artiste plus enragé que jamais.
«I Will Follow» est l’une des meilleures chansons en ouverture de ce premier album, annonçant l’arrivée du groupe telle une explosion. «Out of Control» et «The Electric Co.» sont dans la même veine, alors qu’«An Cath Dubh» et «The Ocean» montrent leur côté plus atmosphérique.
Malgré toute leur grandiloquence et leurs ambitions, ou peut-être à cause de celles-ci, justement, les mélodies de U2 n’ont jamais sonné aussi honnêtes et urgentes que sur Boy.
3. War (1983)
Après un premier microsillon prometteur et un second effort plus difficile à digérer, la pression était grande sur le groupe. Mais Bono et ses acolytes ont su livrer la marchandise. Dès les premiers coups de tambour de «Sunday Bloody Sunday», le ton est déjà donné.
War, c’est à la fois l’album au sein duquel le quatuor trouve son juste ton, mais également le dernier du premier cycle de leur carrière. Le quatuor y amène au maximum de ses possibilités la sonorité post-punk qui a fait sa réputation depuis Boy, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les membres ont décidé de changer de direction l’année suivante, avec The Unforgettable Fire.
L’un des éléments qui restera, par contre, c’est le penchant de Bono pour les enjeux politiques à travers ses paroles, et bien sûr sa façon de toujours les ramener d’un point de vue personnel.
2. The Joshua Tree (1987)
The Joshua Tree est l’opus qui s’est le plus vendu et qui est constamment mentionné dans les palmarès des meilleurs albums de tous les temps. Il aurait dû se hisser facilement au sommet de cette liste, mais le groupe avait une autre carte dans sa manche (j’y reviens dans quelques instants!)
Le trio de départ contient certains des plus grands succès de U2. De fait, «Where the Streets Have No Name» est l’une des chansons les plus épiques jamais produites, «I Still Haven’t Found What I’m Looking for» est un hymne inspirant, et «With or Without You» est, quant à elle, l’une des plus belles ballades que j’ai eu la chance d’entendre.
Après une telle entrée en matière, on se serait attendu à un essoufflement, mais le reste de l’œuvre, même s’il n’atteint pas de hautes sphères d’excellence, conserve de très hauts standards.
«Bullet the Blue Sky» demeure un incontournable en concert, à cause des émotions transmises par les paroles et la musique, et c’est aussi le morceau le plus menaçant jamais endisqué par le groupe, à l’instar d’un orage qui se pointe à l’horizon. «Running to Stand Still», écrite pour un ami héroïnomane, est d’une douceur et d’une simplicité envoûtante. C’est sans contredit un grand classique de U2!
1. Achtung Baby (1991)
Départager les deux premières positions de ce classement n’est pas une mince tâche. Même si U2 a donné naissance à d’excellents albums, dont plusieurs sont devenus au fil des ans des intemporels, il y en a toutefois deux qui s’élèvent incontestablement au-dessus de la mêlée.
Lequel est le meilleur? Je crois qu’il n’y a pas de mauvaise réponse ici. Pour certains, il n’y a aucune possibilité de débattre, c’est The Joshua Tree, alors que pour d’autres, c’est Achtung Baby. Pour moi, ça dépend des jours. Mais je crois que 183 jours sur 365 j’accorde la première place à Achtung Baby (c’est plus compliqué lors des années bissextiles, j’en conviens!)
Rarement dans la musique rock une réinvention a été aussi réussie. Les montées épiques et les paroles politisées des albums précédents laissent place ici à des chansons plus sombres et personnelles, habillées d’une musique dansante.
Que vous aimiez les mélodies accrocheuses («The Fly»), les expérimentations («Zoo Station»), les rythmes entraînants («Mysterious Ways»), ou encore les songes introspectifs («Love is Blindness»), vous y trouverez votre compte.
Et vous ai-je mentionné la présence de «One», l’un des plus grands tubes du quatuor?