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Même en étant devenue maman l’an dernier et en étant mariée depuis 2006, P!nk est toujours à la recherche des secrets de l’amour solide, celui qui dure. Parfois très vulnérable sur son sixième album studio, The Truth About Love, elle n’a toutefois rien perdu du caractère qu’on lui connaît bien et de son humour décapant.
Débutant en force avec l’une des pièces les plus entraînantes de l’album et assurément la plus «vers d’oreille», P!nk tombe à pieds joints dans la pop. Suivi par le premier extrait radio, «Blow me (One Last Kiss)», la chanson «Are We All We Are» présente un refrain intense, grâce à une batterie omniprésente tout au long du morceau. Malgré que ce soit la seconde chanson qu’on entende depuis quelques semaines dans les radios commerciales, la pièce d’ouverture est certainement la plus solide de l’album. C’est d’ailleurs l’habitude qu’avait pris la chanteuse sur ses deux derniers opus, en ouvrant avec ses premiers singles et, par le fait même, avec ses chansons les plus pop («So What» sur Funhouse et «Stupid Girls» sur I’m not Dead).
On se plaît tout de même à retrouver «Blow me (One Last Kiss)» en seconde piste, dans laquelle elle remet une fois de plus son couple en doute. «I think I finally had enough, I think I maybe think too much, I think this might be it for us, Blow me one last kiss», y chante-t-elle gaiement, de la même façon qu’elle faisait état de ses incertitudes antérieurement avec des pièces mélodieuses, mais évocatrices comme «Please Don’t Leave me» (Funhouse). À lire les paroles de l’artiste, on croirait que sa relation avec le pilote de motocross Carey Hart est parsemée de hauts et de nombreux bas. C’est l’impression qui se dégage de pièces comme «Blow me (One Last Kiss)», mais aussi de «True Love», une pièce co-écrite et chantée avec Lily Rose Cooper, alias Lily Allen. Avec des paroles très humoristiques comme seul le duo P!nk et Lily Allen peut l’écrire, cette cinquième pièce de The Truth About Love présente très bien la dualité amour-haine grâce à des paroles telles «Sometimes I hate every single stupid word you say. Sometimes I wanna slap you on your whole face» et «You’re an asshole but I love you».
Le plus beau, ce qui rend le vrai fan de P!nk heureux, c’est la chanson «Slut Like You», qui débute de façon parlée, avec une voix enfantine suivi d’un rire franc: «I’m not a slut, I just love Love!» Le côté provocateur de la chanteuse reprend du service, six ans après la non moins subtile «U + Ur Hand» (I’m Not Dead), dans une pièce très entraînante abusant presque des «Youhou!» en chœurs qui restent à coup sûr dans la tête. La chanson possède même un petit bout de simili-rap de la part de la chanteuse, ce qui prépare pour le onzième morceau, «Here Comes the Weekend», en duo avec le rappeur Eminem. Deux ans après «Won’t Back Down», un duo fort réussi de P!nk et Eminem présent sur l’album Recovery de ce dernier, la même équipe d’écriture, notamment composée de DJ Khalil (Khalil Aboul Rahman) et Marshall Mathers (Eminem), récidive pour offrir une chanson dynamique où vient s’insérer un couplet du rappeur vers la fin. Malgré les bonnes intentions en utilisant un rythme très saccadé dans la mélodie, le rap du chanteur jure un peu avec le reste de la chanson.
Pour des pièces plus «sérieuses», où P!nk se laisse aller dans la vulnérabilité, il faut se tourner vers «Try» et «Just Give me a Reason», toutes les deux plus lentes et sur fond de piano très doux. C’est d’ailleurs sur cette dernière que le chanteur du groupe de l’heure, Fun., peut se faire entendre autant en voix que dans les sonorités apportées à la pièce, rappelant celles de son propre groupe. «Beam me Up» est également très douce et acoustique, mais ce sont véritablement les deux dernières pièces de l’album qui se démarquent. Si «Where Did the Beat Go» est la plus vocalement demandant, c’est «The Great Escape» qui utilise le plus les voix de tête. Mêlées au piano et à un quatuor à cordes, elles forment une chanson extrêmement douce pour l’oreille. Cette dernière pièce montre la chanteuse sous un tout autre jour, alors qu’elle tente d’empêcher quelqu’un de sombrer en lui redonnant espoir. Elle détonne malheureusement avec le reste de l’album, où P!nk paraît le plus souvent très fière.
C’est sur la huitième chanson de l’album, la pièce homonyme «The Truth About Love», que P!nk révèle la raison d’une aussi longue quête du secret de l’amour: «The truth about love comes at 3AM. You wake up fucked up […] and you say to yourself I’m gonna figure it out, I’m gonna crack that code, gonna break it down. […] no one has the answers, so I guess it’s up to me to find the truth about love». Elle ne pourra toutefois aider personne, puisqu’elle n’a pas trouvé toutes les réponses. La preuve: un peu plus loin, elle fait la «Walk of Shame», l’une des pièces les plus rythmées et entraînantes de l’album. «Fuck me my feet are sore. I’m wearin’ last night’s dress and I look like a hot-ass mess» en sont les paroles. Du pur P!nk.
La chanson «How Come You’re Not Here» est digne de mention également. Avec un début très rock et un effet spécial dans la voix rappelant les Black Keys, alliés à un refrain intense, elle plaît dès la première écoute, et fait dodeliner de la tête au rythme du subtil xylophone dissimulé à travers les guitares électriques. Il ne faut rien laisser de côté sur cet album. Si aucune pièce n’est absolument différente des précédents projets de P!nk, elles sont toutes absolument représentatives de ce qui a fait la renommée de la chanteuse en plus, soyons francs, de nous faire danser à tout coup.
Appréciation: *** 1/2
Crédit photo: Sony Music
Écrit par: Alice Côté Dupuis