ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Danny Taillon
On ne divulgâchera rien en écrivant qu’il s’agit de l’histoire, se déroulant sur quelques jours, d’un jeune homme qui multiplie les mauvaises décisions et dont la vie dérape solidement.
Ça commence alors que Dave, un peu réchauffé dans un party, rencontre des gars un peu louches qui partagent leur cannabis avec lui et qui l’entraînent dans une embrouille. Embrouille qui lui fera perdre sa job, puis sa copine, et possiblement sa liberté…
King Dave est un roman d’apprentissage en accéléré, une descente aux enfers ultramoderne, qui nous transporte des clubs de Saint-Laurent à Pointe-aux-Trembles, en passant par un quartier de Laval où poussent les McMansions.
Dave, un verbomoteur un peu impulsif qui veut bien faire, multiplie les choix douteux et tombe dans un cercle vicieux de vengeance et de violence.
Pour chaque petite victoire remportée par Dave, un problème plus important finit par surgir, formant ainsi un cercle vicieux bien familier pour quiconque ayant déjà frayé avec la pauvreté.
La note juste
Patrick Abellard, qu’on a vu sur d’autres planches (notamment dans Choir Boy au Centaur en 2018), ainsi qu’au petit et grand écran (il a joué pour Denys Arcand et a même crevé l’écran dans l’un des sketches de Tales from the Hood 3), est assez talentueux pour habiter proprement les sneakers de ses prédécesseurs. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il foule la scène de Duceppe, ayant interprété en septembre dernier un avocat fort dynamique dans Manuel de la vie sauvage – et cette scène, il se l’approprie totalement.
À la différence de la création originale et de l’adaptation cinématographique de Podz, on passe un bon moment à expliquer l’origine systémique de l’oppression que vit le personnage, du racisme ordinaire – et extraordinaire – qu’il vit presque quotidiennement, et des agressions répétées dont il est victime, ce qui ajoute une dimension supplémentaire au personnage, nous faisant encore plus apprécier toutes les nuances dans l’interprétation sensible et extrêmement solide d’Abellard.
Passer 1 heure et 45 minutes à monologuer énergiquement avec de courtes poses pour danser ou encore pour jouer du piano, et ce, pratiquement sans fausses notes, c’est un tour de force.
«King Dave» au Théâtre Duceppe en images
Par Danny Taillon
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