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Crédit photo : Tous droits réservés @ Les Roches Qui Roulent
Melissa, c’est un plaisir de faire ta connaissance! Pourrais-tu nous parler de ton parcours et de la petite histoire derrière ta compagnie Les roches qui roulent, laquelle est spécialisée en «illustrations de coin de table [qui s’inspirent] de traductions boiteuses issues de l’iconographie de la musique»?
«Salut la Bible urbaine! Heureuse de faire ta connaissance! Avant de démarrer Les Roches Qui Roulent, Julien et moi-même travaillions en sérigraphie depuis plusieurs années. Notre atelier dans Hochelaga ne servait autrefois qu’à soutenir nos pratiques artistiques et à imprimer des affiches de spectacles. Peu à peu, on s’est équipé pour l’impression textile, alors on a offert de sérigraphier des t-shirts autour de nous. Étant aussi des musiciens, on s’est retrouvé avec une clientèle surtout composée de groupes de musique de la scène locale.»
«Un soir qu’on s’entretenait avec des amis anglos, on s’amusait tous à traduire des noms de bands de l’anglais au français. On se relançait les uns les autres et ça nous faisait rire, tellement ça sonnait bizarre, voire absurde, des fois. C’est un exercice, je crois, que tous les francophones ont déjà fait à un certain moment, celui de prendre chaque mot d’une chanson ou d’un nom d’artiste et d’en faire une libre traduction. C’est quand même très montréalais de constamment jongler d’une langue à l’autre.»
«Ça m’est resté dans le subconscient, faut croire, car le lendemain je me suis réveillée avec l’idée de faire des dessins totalement brouillons pour accompagner les traductions loufoques dont on avait jasé la veille. Je voulais faire des dessins qui suggéraient une impulsivité brute et qui allait incarner l’instantanéité des traductions.»
«Conséquemment, avec notre déformation professionnelle, le fait de concrétiser ces illustrations sur des t-shirts nous semblait tout indiqué. C’est comme ça que le projet est né.»
Peux-tu nous en dire plus sur les valeurs et la mission de ton entreprise?
«On est de l’école du DIY, donc on aime tout faire, et c’est tant mieux, car notre projet nous demande de porter tous les chapeaux d’une petite entreprise. On ne fait pas de grosse production, car on ne veut pas avoir du overstock plein les tablettes.»
«On privilégie les petites quantités afin de répondre à la demande, autant pour nos commandes en ligne que pour les boutiques qui vendent nos chandails. Contrairement aux cycles habituels de l’industrie de la mode, on ne fait pas de sorties régulières de collections, mais plutôt des dévoilements sporadiques, et ça, c’est toujours excitant.»
«On a décidé de produire uniquement des tailles unisexes depuis le jour un, car pour nous, les vêtements non genrés ont une esthétique plus inclusive. Quand on fait des envois postaux, on essaie de limiter le suremballage autant que possible.»
«Chaque client et chaque colis est important pour nous. On prend notre travail à cœur, et j’ose croire que ça paraît.»
Parlons de ton processus de création en tant que tel! Qu’est-ce qui t’attire dans le print et comment choisis-tu les groupes de musique qui figurent sur vos vêtements? Dis-nous aussi comment tu procèdes pour en arriver avec un look final!
«On s’amuse! On gribouille! On essaie des choses! Le choix ne manque pas, mais on tente de choisir des artistes mythiques, des albums marquants, parfois plus obscures, et qui ont laissé une empreinte visuelle. C’est dans cette mémoire collective un peu nostalgique qu’on va piger.»
«Ensuite, ça prend un crayon de plomb bien gras et un échange de sketchbooks entre Julien et moi. Parfois, on tient une super bonne idée, mais l’illustration ne vient pas ou ne se concrétise pas à notre goût. Des fois, c’est Julien qui fait le dessin, des fois c’est moi. L’idée, c’est de rester dans la spontanéité et de ne pas avoir un résultat trop besogneux. On aime quand ce n’est pas parfait, quand c’est croche, quand on sent que c’est un peu garoché, comme les traductions.»
«Essentiellement, il faut capturer l’artiste ou l’album choisi au premier coup d’œil, et c’est encore mieux si la traduction sonne weird. On laisse reposer et on y revient avant de s’exclamer: “that’s it!”.»
Pourrais-tu nous raconter l’origine d’un de tes designs, ton favori ou celui que tu as eu le plus de fun à créer? On est curieux!
«Prenons le modèle «Bisou» par exemple: c’était le tout premier dessin. Je l’ai fait en expliquant mon idée de concept à Julien. Sur un bout de papier qui traînait avec un crayon qui marche mal, j’ai sketché, de mémoire, la face de Gene Simmons, chanteur et bassiste de KISS. Pas qu’on est des fans de KISS, mais c’est un groupe qui a une imagerie facile à reconnaître; ça fait partie de la culture populaire. En y mettant le «bisou» dans une typo qui rappelle celle du groupe, le résultat parlait de lui-même! Le contraste du dessin un peu grotesque et un peu trash, avec le petit mot gentil, était parfait.»
«On a même essayé de mieux le redessiner, mais c’est vraiment le premier jet qui a su capturer le concept. Ça nous a tout de suite inspirés pour les modèles suivants.»
Qu’est-ce qui te rend le plus fière en tant que créatrice et fondatrice de ta propre entreprise, et quels projets rêves-tu de réaliser avec ta marque?
«On est très étonnés, mais si fiers d’expédier nos chandails à travers le monde! On ne pensait pas que l’humour dans nos designs rejoindrait autant de gens. Nos ventes sont non seulement au Québec, au Canada et en France, mais aussi aux États-Unis, au Brésil, en Chine, en Pologne, en Australie, en Afrique du Sud, en Angleterre, et j’en passe.»
«C’est surprenant que des t-shirts en français rayonnent autant à l’international.»
«On est très flattés aussi lors de collaborations qui demandent notre esthétique. Par exemple, on a dessiné, à sa demande, un chandail d’édition spéciale pour un spectacle de clôture d’Hubert Lenoir. Le résultat était franchement une réussite! Le fait de voir nos chandails sur des gens dans la rue est toujours une belle surprise réjouissante.»
«Ça serait vraiment fou de voir, un jour, quelqu’un d’hyper connu porter l’une de nos créations, c’est quand même un rêve. Autrement, quand on participe à des foires, les gens nous disent constamment qu’on tient une bonne idée, et c’est toujours flatteur et motivant de connecter avec eux.»
Et alors, qu’est-ce qui se «dessine» prochainement pour Les roches qui roulent? Est-ce que de nouvelles créations sont au menu, et si oui, peux-tu nous donner quelques indices sur ce qui s’en vient pour vous dans un futur proche?
«Haha! On est toujours en train de penser aux prochains modèles! La beauté, c’est quand même de savoir qu’on a un concept pratiquement inépuisable. Il y en aura beaucoup d’autres, c’est certain. À suivre…»
Vous avez eu un coup de cœur avec leurs créations? Découvrez leurs différents concepts d’imprimés sur leur page Etsy! Et pour découvrir nos précédentes chroniques «En vogue avec…», visitez le labibleurbaine.com/En+vogue+avec…
Les créations de Les Roches Qui Roulent en images
Par Les Roches Qui Roulent et Catherine Rose Dionne