Littérature
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Hochelaga, mon amour (2010) de Michel Legault · Guy Saint-Jean Éditeur
Ce deuxième roman du journaliste et auteur Michel Legault est en fait la suite de son premier opus, Amour.com, paru en 2007. Hochelaga, mon amour reprend donc l’histoire de Max, un correcteur à la pige dans la trentaine et romantique fini, alors qu’il retourne habiter dans le quartier de son enfance.
Ce dernier, pour se donner un coup de pouce après avoir vécu un échec amoureux, se met à philosopher sur les méandres de l’amour. Et grâce à la plume agile de l’auteur, on verra le quartier ouvrier de l’Est se transformer en véritable lieu romanesque.
On y retrouve, au fil des rencontres entre les sympathiques personnages que sont le voisin excentrique de Max, la belle Isabelle et le barman aux allures de dur à cuir, des souvenirs d’enfance associés à cet arrondissement quelque peu défavorisé à cette époque.
La trame narrative, quant à elle, oscille entre un hommage nostalgique à Hochelaga et un enchaînement de déboires amoureux, offrant une lecture légère et agréable. Étant lui-même résident de ce quartier, Michel Legault nous fait ainsi «faire le tour — non pas du propriétaire — mais tout au moins celui du résidant permanent», à travers cette œuvre qui prend des airs d’autofiction.
Je voudrais qu’on m’efface (2010) d’Anaïs Barbeau-Lavalette · Éditions Hurtubise
Ayant comme sujet de prédilection le sort des enfants malmenés par la vie, Anaïs Barbeau-Lavalette n’en fait pas exception dans ce tout petit roman paru, lui aussi en 2010, et qui aborde les vies parallèles de Roxane, Mélissa et Kevin. À peine âgés de douze ans, ces jeunes sont confrontés à des destins tragiques où putes, alcool, lutte, abandon, dettes et violence se croisent dans le bloc-appartements de la rue Aylwin.
Vous l’aurez deviné, Je voudrais qu’on m’efface n’est en rien un livre joyeux. L’autrice dépeint un Hochelaga miteux, noir et froid avec une plume franche qui nous va droit au cœur. Composé de courts paragraphes percutants, on plonge donc dans des bribes de la vie dysfonctionnelle de ces enfants dont la misère et la pauvreté nous collent à la peau.
On sort de cette lecture le cœur gros, chamboulé.e.s de cette visite dans la réalité d’un Hochelaga et sur laquelle on préfère fermer les yeux, mais dont il est toutefois nécessaire de dénoncer l’urgence.
Ce roman a également fait office de l’adaptation en websérie éponyme, qui a remporté le Prix Gémeaux 2021 de la meilleure série produite pour les médias. L’autrice Florence Lafond et le réalisateur Eric Piccoli ont transposé l’histoire originale d’Anaïs Barbeau-Lavalette dans Saint-Michel et ont adapté les personnages aux réalités propres à ce quartier, qui leur est plus familier.
L’évasion d’Arthur ou La commune d’Hochelaga (2019) de Simon Leduc · Le Quartanier
Toujours dans la catégorie des romans qui dépeignent le côté plus sombre et glauque d’Hochelaga, on retrouve le roman de Simon Leduc, l’ancien chanteur du groupe punk La descente du coude, qui s’est récemment tourné vers la littérature. Ce dernier dresse, pour sa part, un portrait affectueux de son quartier d’adoption.
L’évasion d’Arthur ou La commune d’Hochelaga, c‘est donc l’histoire du petit Arthur, dix ans, qui, à la suite d’une série d’événements fâcheux, fait la rencontre de Choukri, un dandy schizophrène et citoyen de la commune d’Hochelaga qui le prend alors sous son aile.
Avec un ton à la fois comique et farfelu, Simon Leduc accorde lui aussi une grande place aux enfants qui vivent toutes sortes d’aventures, alors qu’ils tentent de sortir de leur propre misère.
Ayant lui-même côtoyé des groupes militants par le passé, l’auteur place au cœur de son récit des personnages anarchistes et marginaux. L’humour qu’il emploie permet de briser le stigma qui entoure parfois leur mode de vie alternatif et ajoute une touche de douceur au sérieux de certaines situations.
On y rencontre divers personnages qui tentent de survivre à l’aide d’un bel esprit d’entraide et d’espoir.
Le roman prend des airs quelque peu fantastique et imaginaire au sein duquel les personnages peuvent, par exemple, creuser dans le sol pour en faire un passage vers les égouts. Cela allège agréablement la dimension politique et sociale, ainsi que la dure réalité de ce quartier ouvrier que Simon Leduc dépeint avec une grande agilité.
Les justiciers d’Hochelaga (2018) de Peter Kirby · Linda Leith
Décidément, la réputation de quartier difficile et violent d’Hochelaga alimente la très grande majorité des œuvres dont l’histoire s’y déroule!
Les justiciers d’Hochelaga est un polar alimenté par la mystérieuse disparition de trafiquants de drogues et de prostituées aux abords de la rue Ontario. Luc Vanier, commandant de police du quartier, soupçonne que la vague d’embourgeoisement qui atteint Hochelaga est à l’origine de la disparition de ces personnages indésirables.
Évidemment, il s’agirait de l’explication qui lui conviendrait le mieux; elle entraîne une baisse du taux de criminalité du quartier et améliore donc ses perspectives de carrière. Toutefois, l’auteur Peter Kirby avait un autre scénario en tête…
Il nous réserve en effet une histoire tordue qui mélange trafic de drogues, durs à cuir des Hells Angels et prostitution, sur un fond de quartier décrépit et grouillant de magouilles en tous genres.
Grâce à une intrigue solide, on suit l’enquête de Vanier qui, après la découverte d’un dealer mal en point, se retrouve au sein d’une sorte de milice populaire portant le nom des Partisans de l’ordre de Montréal. Il découvrira bien vite qui contrôle réellement les rues de ce quartier. Qui donc détient le pouvoir de l’ordre, alors que la police semble fermer les yeux sur les magouilles et les complots qui y sévissent?
Ce n’est qu’à la toute fin de ce roman que les morceaux d’une histoire pleine de rebondissements s’agenceront…