SortiesDanse
Crédit photo : Guzzo Desforges
Un «chaos structuré»
Parts+Labour_Danse propose un univers singulier où l’on étudie l’éphémérité de la vie, thème abstrait dont on a extrait l’essence pour la transposer au mouvement. On peut reconnaître dans les états de corps des interprètes certaines émotions, comme la détresse ou le lâcher-prise, qui évoquent la thématique sans nous gaver de mimétisme.x
Avec l’aide de deux courts monologues, on touche aussi plus concrètement à la dualité entre la vie et la mort, mais encore une fois, sans cliché ou lourdeur. L’approche du sujet est sensible et suscite l’empathie. La livraison des textes est juste et bien insérée à la dramaturgie de l’œuvre.
Le phrasé chorégraphique qu’on observe est un amalgame d’ordre et de «chaos structuré». Les jeux allant de l’isochronie à l’unisson sont captivants, mais les unissons manquent parfois de synchronisme, nuisant de cette façon aux contrastes possibles de la proposition.
Bien que quelques tableaux semblent s’étirer, des ruptures viennent rompre les longueurs et revitalisent la création. La gestuelle est fluide, entraînante, avec des qualités félines mariant agilité et précision: elle est ainsi mise en valeur dans un travail de l’espace scénique qui renouvelle régulièrement le regard porté sur l’action.
Une bonne cohésion artistique
Les interprètes Charles Brecard, Léna Demnati, Maïka Giasson, Brianna Lombardo, Milan Panet-Gigon, Nicolas Patry et Fabien Piché constituent une belle équipe pour porter la pièce, autant grâce à leur qualité de présence qu’à leur virtuosité. On sent qu’une fine écoute leur permet de naviguer à travers la performance et de donner une sensation de communauté, malgré les nombreux moments de solitude. On peut également apprécier la façon de bouger de chacun.e, conservée pour préserver leur individualité.
Efer met en valeur les différents médiums qui la composent. Danse et théâtre, certes, sont mis de l’avant. Toutefois, la musique et les éclairages viennent habiter la création sans rester dans le décor. La musique nourrit la gestuelle, et une conversation prend place entre la danse et la partition.
Quant aux jeux de lumière, ils contribuent à déjouer le regard ainsi qu’à bâtir le rythme des tableaux. La construction chorégraphique satisfait l’œil avec beauté, surprises et évolution fluide de la dramaturgie.
En bref
Efer offre une réflexion sur des questions existentielles avec poésie et une pointe d’humour. On assiste à une pièce vivante et humaine où une thématique sérieuse, potentiellement angoissante, est amenée de façon presque invitante.
L’œuvre de David Albert-Toth et Emily Gualtieri remplit la promesse du programme, en suggérant un spectacle intellectuel et léger à la fois.
L'avis
de la rédaction