LittératureRomans québécois
Crédit photo : Alire
Avec la série Malphas, Patrick Senécal s’éloigne de sa zone de confort, c’est-à-dire de l’horreur et du sexe durs qu’il avait mis en scène dans Sur le seuil (1998), Les sept jours du talion (2002), Le vide 1 et 2 (2007) et plus récemment Hell.com (2009), afin de rejoindre un public adolescent et surtout jeune adulte grâce à l’usage d’un ton léger et davantage humoristique. Dans le premier tome, intitulé Malphas, 1. Le cas des casiers carnassiers (2011), le changement de cap de Senécal a été clairement opéré et le lecteur peut désormais apprivoiser une nouvelle facette de l’écrivain spécialisé en horreur, à savoir un humour un brin puéril jonglant entre l’ironie et le sarcasme. Patrick Senécal, avec sa plume incisive, récidive donc avec ses pointes habituelles mais ô combien divertissantes en s’attaquant, notamment, à Guy Laliberté, à Facebook, aux végétariens et aux rappeurs sans grande originalité.
Dans ce deuxième tome tout aussi réussi que le premier, Patrick Senécal a conservé l’ambiance surnaturelle de Malphas et l’atmosphère glauque de la ville de Saint-Trailouin au profit d’un récit fantastique légèrement moins sanglant, à quelques gouttes près. Si Julien Sarkozy se voit davantage confronté à des tremblements de terre, à des rêves où apparaissent des corbeaux sinistres et à des phénomènes surnaturels pour le moins inquiétants, il n’en demeure pas moins que certains proches meurent tragiquement et que le compte à rebours, avant qu’un désastre inéluctable ne recouvre le sol ensorcelé de Saint-Trailouin du sang des innocents, est définitivement enclenché.
Julien Sarkozy, toujours aussi curieux et obsédé par le sexe, s’entoure à nouveau du flair du journaliste amateur Simon Gracq, son complice en affaires, et de sa MILF préférée, la plantureuse Rachel (avec laquelle il n’a toujours pas expérimenté les plaisirs charnels, soit dit en passant!), pour tenter de résoudre le mystère qui recouvre tel un voile maléfique la petite communauté de Saint-Trailouin. Dans le premier tome, les corps liquéfiés des victimes étaient retrouvés dans des casiers verrouillés par des cadenas maléfiques alors qu’ici ce sont les personnages qui se retrouvent ensorcelés après avoir lu un passage d’un roman classique entre les murs du local 1814, où la peinture s’écaille et où une craque au tableau s’agrandit jour après jour.
Nul doute, donc, que la lecture des romans de Voltaire, Boris Vian, Marquis de Sade et Émile Zola, et celle plus moderne d’Umberto Eco et Michel Houellebecq est à la source des problèmes qui ont lieu au cégep de Malphas. Le fondateur du club de lecture, un nouveau professeur appelé Michel Condé, qui semble avoir une personnalité quelque peu déviante par moments, ne semble pas réaliser au premier abord, tout comme les autres d’ailleurs, qu’il se passe des phénomènes étranges dans cette salle. De fait, le sol tremble sous leurs pieds et ces derniers se métamorphosent progressivement, suite à la lecture de leur roman, non pas avec les qualités du protagoniste en question, mais avec ses vices les plus horrifiants.
Si vous avez apprécié le premier tome de la série Malphas, il est fort à parier que vous adorerez vous plonger à nouveau dans les aventures de Julien Sarkozy, et, cela dit, certains passages, en particulier la finale particulièrement sanglante, vous donneront la chair de poule, c’est garanti.
Le lancement officiel du roman Malphas, 2. Torture, luxure et lecture se tiendra au bar Verre Bouteille, situé sur l’avenue Mont-Royal, le 22 août dès 17h00.
À consulter si vous aimez les romans de Patrick Senécal:
- Malphas – 1. Le cas des casiers carnassiers (Alire, 2011)
- Malphas – 3. Ce qui se passe dans la cave reste dans la cave (Alire, 2013)
- 15 minutes (Série: L’Orphéon, VLB)
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de la rédaction