MusiqueCritiques d'albums
Ils ont contribué à la résurrection milléniale du post-punk avant de s’éparpiller dans l’électro et l’expérimentation douteuse. On les croyait perdus pour toujours, emportés par l’enfer des side projects et du eurodance. Eh bien non, les gars de Bloc Party sont vivants et unis comme jamais si on en croit le titre de leur nouvel opus.
Intimacy, le dernier album du quatuor Londonien, en avait déçu plus d’un lors de sa parution en 2008. Avec de nouvelles influences électro et hip-hop intégrées de façon peu convaincante, le disque montrait un groupe tiraillé, hésitant face aux directions sonores à prendre. Suite à son excursion dans l’univers des clubs en tant qu’artiste solo, le chanteur Kele Okereke semble avoir évacué tout le dance de son système. Dieu soit loué. Bloc Party revient donc enfin au Rock avec un R majuscule, assisté par Alex Newport (At The Drive-In, The Mars Volta, Death Cab For Cutie) à la réalisation. Aurions-nous finalement affaire au digne successeur de Silent Alarm? Pas exactement.
Four est un album qui tente de ramener Bloc Party à l’essentiel: une voix, deux guitares, une basse, et une batterie. Les pièces sont même entrecoupées de jasettes en studio pour souligner le caractère live de la réalisation. C’est un retour aux sources qui fonctionne pour une bonne portion de l’album. «So He Begins To Lie» et «Team-A» brillent par l’ingéniosité des riffs du guitariste Russell Lissack. Le groupe a retrouvé son agressivité d’autrefois et livre un post-punk sombre et brutal. «Octopus», choix de premier single inexplicable, prend tout son sens dans le contexte du disque. Atmosphère tendue, pédales de delay qui font du temps supplémentaire, et un solo inspiré d’«Aerodynamic» de Daft Punk. Pas mal du tout.
Ailleurs, la «rockification» de Bloc Party prend une tournure plutôt catastrophique. «Kettling» semble provenir d’un des pires épisodes du Top 5 Musique Plus de 2006, demi-heure de gloire du rock emo de masse. Le groupe obtient des résultats semblables avec «Coliseum» et ses passages limite-nu-metal. Toujours dans la même lignée, «We Are Not Good People» conclut l’album de façon regrettable, en dévalisant la discographie de Queens of the Stone Age avec un manque de subtilité flagrant. Le temps de ces quelques morceaux, Bloc Party semble avoir été remplacé par une troupe de fratboys qui pisseraient sur Silent Alarm s’ils en avaient l’occasion.
Heureusement, le groupe réussit à préserver l’intégrité de l’album avec une poignée de chansons pop très bien ficelées. Le refrain et la mélodie de «V.A.L.I.S.» sont irrésistibles. Déroutante par la simplicité de ses arrangements, c’est une des meilleures pièces de l’album. «You gotta show me the way», entonne Okereke lors d’un appel à l’aide qui reflète involontairement toute la confusion stylistique de Bloc Party.
Appréciation: ***
Crédit photo: www.blocparty.com
Écrit par: Louis-Jean Trudeau