MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Warner Bros.
Pas besoin de s’éterniser longtemps sur le succès retentissant que cet album a eu sur Michael Stipe (chanteur et leader de la formation) et ses trois comparses de longue date. Il suffit de jeter un oeil sur les chiffres: trois Grammys et plus de 18 millions de copies vendues à travers le monde, dont près de quatre millions rien qu’aux États-Unis.
Et tout ça, sans aucune tournée pour promouvoir l’album!
Mais puisque la qualité d’un album ne se juge pas avec les chiffres, plongeons donc plus avant au cœur de cette œuvre majeure du groupe, à classer dans les grands crus aux côtés d’Automatic for the People (1992), qui paraîtra l’année suivante.
Une pincée de pop, une petite poignée de folk. Ajouter un peu de funk, de country et de classique. Assaisonner. Et surtout, bien mélanger…
Décidément, les premières années de 1990 ont été bonnes pour R.E.M, et leur recette musicale a fonctionné à merveille! Avec Out of Time, le groupe surprenait sans pourtant autant déstabiliser, et il proposait un beau mélange d’épices (musicales) qu’à peu près tout le monde voudrait volontiers savourer. Plusieurs instruments peu communs dans le rock de l’époque (mandolines, orgue, guitare sèche, etc.) venaient se greffer au son de R.E.M.
Et à 45 minutes bien tassées, le festin s’avère facile à déguster jusqu’à la fin!
Le chanteur Michael Stipe expliquait ainsi ce changement de cap dans une entrevue accordée au magazine Rolling Stone: «Après Green, les gars en ont eu assez de jouer de leurs propres instruments. Alors, ils ont tous sauté sur les mauvais instruments».
Ainsi, trois ans après Green (1988), où on pigeait déjà dans un amalgame d’influences, le groupe a continué de se réinventer et confirmait par le fait même son statut d’incontournable de la pop et du rock alternatif.
Personnellement, je trouve difficilement un autre groupe rock de l’époque qui a su être aussi à cheval entre les deux, tout en restant à ce point durable dans le temps.
Sur Out of Time, on trouve de tout (mais peut-être pas un ami!)
Ouais, il y en a vraiment pour tout le monde sur ce Out of Time. On parle ici d’un vrai de vrai album de rock alternatif, pour ses influences multiples, du funk («Radio Song»), au folk rock (l’immense «Losing My Religion» et sa célèbre mélodie à la mandoline), à la pop rose bonbon («Shiny Happy People», où collabore Kate Pierson, chanteuse des B-52’s), au country («Country Feedback»), en passant par des moments plus classiques avec des instruments à vent (la magnifique pièce instrumentale «Endgame»).
L’opus commence en surprise avec la très funky «Radio Song» et une brève apparition de la légende du hip-hop KRS-One (eh oui, qui l’eût cru?) Ensuite, c’est «Losing My Religion», probablement la plus célèbre chanson dont la mélodie ne comporte aucun refrain…!
Puis, on nous amène complètement ailleurs: au fil des pièces s’entrechoquent violons, violoncelles, claviers, saxophones, cors et j’en passe!
On en a plein les oreilles et, malgré son titre, cet album majeur de R.E.M. ne sera jamais passé date. C’est d’ailleurs le cas de bien des albums qui, comme Out of Time, ne suivent aucune mode musicale.
Et malgré la séparation du groupe en 2011, mon petit doigt me dit que cet album tournera encore pour un autre 30 ans, minimum!