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Crédit photo : Laracaille
Violette, à quel moment as-tu réalisé que tu souhaitais vivre de ta passion et te servir de l’art du tatouage comme médium pour laisser libre cours à ta créativité?
«Pour être honnête avec toi, j’ai toujours voulu vivre de ma passion, mais je ne savais pas que cette passion serait le tatouage. Je n’aurais jamais pensé me lancer dans ce monde si ce n’était pas de mon amoureuse Laracaille. Quand nous avons commencé à sortir ensemble, j’étais très curieuse d’en apprendre plus sur son travail; nous en parlions souvent.»
«À un certain point, elle m’a proposé d’apprendre à tatouer sous son aile en tant qu’apprentie. Avant de commencer à tatouer, je n’avais pas vraiment de technique sophistiquée en dessin. J’ai alors développé un style minimal qui m’a permis d’illustrer mes idées et mon humour enfantin.»
Certains thèmes reviennent fréquemment dans tes illustrations, que ce soit les animaux, la nourriture, ou même des clins d’œil aux icônes de la culture pop, comme Les Simpsons, Naruto, l’émission Broad City et l’univers coloré des drag queens! Comment décrirais-tu ta signature artistique, et surtout, d’où vient ton inspiration?
«J’aime beaucoup dessiner des choses ou des objets du quotidien qui se retrouvent plus ou moins dans les thématiques classiques du tatouage. Je trouve que ça fait des pièces parfois inusuelles, parfois en marge des habitudes et des lieux communs. La culture populaire est aussi un vaste champ d’inspiration. Ce sont des dessins qui vont plaire à une petite partie de la population, mais qui vont avoir ce point en commun avec plusieurs autres individus.»
«C’est vraiment le fun de rencontrer des gens qui ont les mêmes centres d’intérêt et d’en jaser pendant une séance. J’aime aussi quand mes flashs font rire. Parfois, on me dit que certaines pièces que j’ai tatouées font beaucoup rire les amis et inconnus. C’est souvent ce que je recherche dans mes designs. On pourrait dire que je fais du tatouage ignorant. Du moins, c’est clairement le hashtag qui me correspond le plus!»
D’après toi, pourquoi y a-t-il une clientèle aussi passionnée, assidue et régulière dans le monde du tatouage? On aimerait aussi savoir à quels besoins cette pratique artistique répond chez certains. On est curieux!
«Je pense qu’il y a beaucoup de raisons qui poussent les gens à aller se faire tatouer. C’est autant une manière de prendre ou de reprendre le contrôle de son corps qu’un moyen d’exprimer sa personnalité.»
«Certains vont prendre un rendez-vous chez le tatoueur pour avoir un moment relaxant pour soi, d’autres viennent nous voir pour une bonne dose d’adrénaline. Plusieurs viennent aussi pour le plaisir de rencontrer et d’échanger avec nous. Un tatouage peut être aussi une manière de rendre hommage, ou encore de souligner un passage ou un moment important. Il y a tellement de raisons différentes, les possibilités sont infinies!»
En tant qu’habituée, on imagine bien que tu as dû en voir de toutes les couleurs depuis que tu es une tatoueuse professionnelle! As-tu déjà ressenti un petit malaise ou un moment touchant face à la demande d’un client? Si oui, accepterais-tu de nous raconter la petite anecdote?
«En tant qu’apprentie dans un studio de tatouage collaboratif privé (Les chochottes dans HoMa), j’avoue que je ne suis pas la tatoueuse avec la plus longue liste d’histoires loufoques ou cocasses. J’ai l’impression que la majorité des expériences notablement mauvaises ont tendance à se passer dans les salons de tatouage de walk-ins.»
«Étant donné que nos clients viennent sur rendez-vous seulement et qu’ils choisissent leur artiste tatoueur en basant leur choix sur leur esthétique, nous vivons généralement des séances respectueuses et vraiment le fun!»
Tu as fondé, avec ton amie Zéa Beaulieu-April, La Fièvre, une formation musicale aux sonorités pop électronique et aux rythmes ensorcelants qui démontre une créativité percutante et singulière. D’ailleurs, on vous avait interviewées il y a quelques mois! Selon toi, est-ce que ces deux médiums artistiques sont, d’une certaine façon, interreliés?
«Il y a définitivement un lien entre les deux, mais ça dépend toujours des dessins. Certains designs sont directement reliés à La Fièvre, car ils sont inspirés de thématiques qu’on aborde dans la musique et le texte parfois.»
«Faire des tatouages de La Fièvre est une manière de financer notre projet, dont notre premier album, sorti le 31 octobre dernier. D’autre part, faire des tatouages sous Violette Violence me permet aussi de sortir de l’univers de La Fièvre et d’étendre ma créativité dans une esthétique qui n’aurait pas existé autrement.»
On aimerait finalement que tu nous présentes les tatouages que tu arbores sur ton corps, si ce n’est pas trop personnel, et que tu nous expliques leur signification! Et parmi ceux-ci, lequel est ton petit favori?
«J’avoue que la plupart de mes tatouages ont été faits par mon amoureuse! Qu’est-ce que vous voulez, j’adore son style, et c’est vraiment le fun de se faire des séances coup de tête! Il y a quelques mois, elle m’a fait deux gros chrysanthèmes symétriques sur les cuisses/hanches/fesses/côtes. Deux pièces qui bougent magnifiquement avec le mouvement du corps.»
«Sinon, j’aime beaucoup un tatouage fait par tristan.machine de deux boxers qui se tape dessus. De la poésie en lignes!»
«Et pour finir, un tatoueur de Prague nommé Kazisvet m’a fait une chaîne de squelettes typique à son style au-dessus du coude. Bel humain et bon tatoueur! Je ne sais pas si j’ai une pièce favorite par contre, ça change tout le temps!»
Pour celles et ceux qui sont curieux, vous pouvez écouter le premier album du groupe La Fièvre ci-dessous. Pour découvrir nos précédentes chroniques «En vogue avec…», visitez le labibleurbaine.com/En+vogue+avec…
Les tatouages de Violette Violence en images
Par Violette Violence