MusiqueL'épopée musicale de
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Pendant que plusieurs artistes repoussaient les dates de sortie de leurs albums en 2020, le groupe a continué, tel que promis en début d’année, à sortir chaque mois une nouvelle chanson jusqu’à la sortie en octobre de Song Machine, Season One: Strange Timez, son septième effort. Voyons voir où il se classe dans la discographie du groupe!
7. The Fall (2010)
Durant la tournée qui a suivi la sortie de Plastic Beach, Damon Albarn a décidé d’enregistrer des chansons entièrement sur son iPad, comme une sorte de journal de tournée. Il s’agit du premier album commercialisé ayant été enregistré complètement sur une tablette. Et c’est malheureusement la raison principale pour laquelle cette œuvre va passer à l’histoire. Le concept est intéressant, mais force est d’admettre que c’est l’album le plus faible de Gorillaz à ce jour, et de loin.
Par contre, c’est aussi le plus expérimental, et il se démarque en ce sens. Il est loin d’être déplaisant, mais après quelques écoutes, il est facile de le mettre de côté pour ne plus y revenir. Albarn en parle comme étant l’album le plus sous-estimé du groupe, avouant au passage que ce n’est pas vraiment un produit fini, mais que si on imagine les versions finales, c’est en soi un excellent album. Vous pouvez tenter l’expérience, mais il est plutôt conseillé de se tourner vers un des albums achevés du groupe à la place.
Fait à noter: la pièce qui ouvre l’album, «Phoner to Arizona», a été enregistrée à Montréal.
6. Humanz (2017)
Alors que tout le monde croyait le projet mort et enterré suite à une dispute entre Hewlett et Albarn, Gorillaz renaît de ses cendres après une absence de sept ans. Il n’y a vraiment aucune chanson faible sur l’album, ce qui est tout de même un exploit pour un album comptant vingt titres (vingt-six sur la version de luxe).
Le problème, c’est qu’il manque de cohésion. Et pourtant, pour la première fois, un album de Gorillaz contient des interludes, ce qui auraient dû établir une continuité. Le leader reste un peu trop en arrière-plan et laisse beaucoup de place aux invités, ce qui a pour effet d’atténuer son empreinte personnelle. Et l’album peut parfois donner l’impression d’être en fait une compilation d’artistes variés plutôt que l’œuvre d’un groupe, contrairement aux autres disques.
Or, les chansons prises individuellement valent presque toutes le détour. Mentionnons, au passage, «Saturnz Barz», «We Got the Power» et «Ascension», comme de très bons moments, ainsi que «Busted and Blue», seul titre sans invités.
5. The Now Now (2018)
Sorti quatorze mois après Humanz, The Now Now est un peu à l’opposé de ce dernier: beaucoup plus concis, conçu avec très peu de collaborateurs, et Damon Albarn est même demeuré à l’avant-plan jusqu’à la fin. The Now Now pourrait presque être un effort solo de ce dernier, en fait, ressemblant plus à son album Everyday Robots qu’aux autres albums de Gorillaz.
Si Humanz était le party opulent avec la guestlist imposante, avec The Now Now, on se réveille seul et un peu en mode lendemain de veille. Dans un sens, il est un peu à Humanz ce que The Fall était à Plastic Beach, mais cette fois, les chansons ont été travaillées et enregistrées en studio. C’est aussi, avec The Fall, l’album le moins hip-hop du projet, penchant plutôt vers le new wave. Mais il ne faut pas se méprendre, il y a quand même des chansons très entraînantes, dont l’excellente «Tranz».
4. Song Machine, Season One: Strange Timez (2020)
Il s’agit là bien plus qu’un simple album! Les morceaux sont présentés comme des épisodes d’une web-série, alors que chaque nouvelle pièce est accompagnée d’un vidéoclip. La liste d’invités est la plus prestigieuse à ce jour, avec de grosses pointures telles que Beck, Elton John et Robert Smith de The Cure. Mais ont collaboré aussi des invités moins connus du grand public, comme le duo punk Slaves ou encore le rappeur Octavian.
Contrairement à Humanz, la signature de Gorillaz est forte et les collaborations ne viennent qu’enrichir le tout sans voler la vedette, même s’ils ont l’étoffe pour le faire. Il en résulte l’album le plus éclectique du projet depuis leur premier effort. «The Pink Phantom», où se côtoient Elton John, de même que le rappeur 6LACK, est particulièrement réussie, à l’instar de «Désolé», avec la chanteuse malienne Fatoumata Diawara.
3. Gorillaz (2001)
Propulsé par le simple «Clint Eastwood», ce qui ne devait être, au départ, qu’un projet pour s’amuser, voilà que c’est devenu pour Damon Albarn son plus grand succès, et ce, en dehors de son Angleterre natale. Jusque-là connu uniquement comme le chanteur de Blur, groupe se battant avec Oasis pour la suprématie de la britpop, il faut dire que personne ne pouvait s’imaginer à quoi pourrait ressembler ce nouveau projet!
En voyant ce groupe animé débarquer sur les ondes des chaînes MusiquePlus et MTV de ce monde, la réaction initiale des mélomanes a été de penser que la force du projet se trouvait dans sa forme et non dans son fond. Et pourtant, l’album présente un savant mélange de hip-hop, de punk et de new wave, d’alternatif, de trip hop et de musique du monde tout à fait inédit. Ceux qui se sont arrêté à «Clint Eastwood» ont raté un excellent album qui a non seulement influencé la musique, mais également les séries animées et les jeux vidéo dans les années qui ont suivi.
2. Demon Days (2005)
Après le succès surprise de l’album homonyme, tout le monde attendait le second effort du groupe. Albarn et Hewlett ont pris le défi très au sérieux et n’ont pas déçu avec un opus mieux balancé et un tube encore plus monstrueux que «Clint Eastwood», avec «Feel Good Inc.» C’est la version 2.0 du projet. La musique est plus travaillée, les dessins et les vidéos le sont tout autant. Co-produit par Danger Mouse, cet album est moins éparpillé que son prédécesseur, voire plus focalisé.
«Feel Good Inc.», «Dare» et «Dirty Harry» comptent toutes des centaines de millions de vues sur YouTube, et l’album, vendu à huit millions d’exemplaires, figure dans la plupart des listes des meilleurs albums des années 2000. Si plusieurs se demandaient encore s’il fallait prendre Gorillaz au sérieux après le premier album, ici la question ne se pose plus.
1. Plastic Beach (2010)
Pour la plupart des critiques, Demon Days est le meilleur opus du groupe. Cependant, Plastic Beach est la perle cachée. Il ne contient pas de succès dignes de «Feel Good Inc.» ou «Clint Eastwood», comme les deux premiers albums, ce qui explique pourquoi il s’est vendu environ cinq fois moins que ces derniers, mais il est plus consistant.
Vaguement présenté comme un album concept se déroulant dans un avenir rapproché et dystopique, Plastic Beach offre une sonorité qui représente en soi un nouveau départ par rapport à ses prédécesseurs. Ce changement le rend plus difficile à apprivoiser, mais c’est en fait l’opus à la sonorité la plus ouvertement pop que le groupe a présenté jusqu’alors. C’est également le premier effort du projet avec une liste d’invités exhaustive, dont Snoop Dogg, Lou Reed, Paul Simonon, Mick Jones de The Clash, Bobby Womack et Mos Def, entre autres… Et chacun vient mettre l’épaule à la roue pour créer un album mémorable qui a très bien vieilli.