MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Virginia Tangvald
Mention honorable: The Last Assassins (2011)
L’album éponyme de ce groupe, composé de Virginia Tangvald, Mathieu Leclerc et Jean Leloup lui-même (sous l’alias Jean Welltipper), a volontairement été omis du classement. Il diverge trop des autres entrées dans sa discographie, puisque l’artiste y joue un rôle plus effacé en se consacrant uniquement à la guitare. En tant qu’œuvre de Leloup, il aurait sans doute dû se contenter du dernier rang pour cette raison, mais ça n’aurait pas rendu justice à un album qui en vaut sincèrement le détour.
9. Mexico (2006)
À la fin de sa tournée Big Band, Leloup tue son personnage. Une «mort» d’ailleurs fort bien documentée par le film La mygale jaune (accompagnant Exit, son album en concert). À peine deux ans plus tard, il ressurgit sous son vrai nom, Jean Leclerc, et nous livre Mexico. Cet opus n’est pas totalement dénué d’intérêt: «Tangerine», «Everybody Wants To Leave» et «Les amours mortes», entre autres, se démarquent. Malgré tout, on ne sent pas l’artiste très engagé, et on finit par se demander si ce n’est pas un simple coup d’argent qui motive le projet. L’absence de succès populaires, combinée à la résurrection du personnage mythique de Leloup trois ans plus tard, n’aide pas au fait que cet album soit tombé aussi rapidement dans l’oubli, sauf peut-être pour les fans les plus fidèles.
8. Menteur (1989)
Voilà un album qui n’a pas très bien passé l’épreuve du temps. En fait, il avait à peine eu le temps d’atteindre les magasins que Leloup lui-même le reniait en pleine tournée promotionnelle. Il a trop fait de concessions aux producteurs qui voulaient un produit très propre et radiophonique et, au final, il s’est retrouvé avec un album plutôt fade, générique et dont le son trahit la date de sortie. Mexico est sans doute plus original et intéressant dans son ensemble, cependant Menteur a laissé sa marque grâce à deux chansons qui sont sorties du lot et qui ont donné au chanteur ses premiers classiques: «Alger» et «Printemps été». Ces deux titres, à eux seuls, lui évitent la dernière position. Mais, une chanson comme «Miss Mary Popper» donne une meilleure idée du produit.
7. L’étrange pays (2019)
Le concept est simple: Leloup, seul avec sa guitare, enregistre ses chansons sur des balcons et des bancs de parc entre Montréal et le Costa Rica. L’idée est charmante, le talent est toujours présent, mais il manque quelque chose pour que la magie opère. La discographie de Leloup compte un grand nombre de chansons acoustiques qui sont des moments forts de leurs albums respectifs. Malheureusement, treize titres consécutifs de ce type rendent cet album-ci linéaire. Les meilleures chansons, «Nouvelle alerte» et «Rosier-douleur», par exemple, sont moins percutantes que si elles avaient été placées sur un album plus varié. Mais ça reste joli, très joli.
6. À Paradis City (2015)
Retour de Leloup, le chanteur, après six années d’absence où il s’est consacré à son groupe The Last Assassins et à son film Karaoké Dream. Pour plusieurs, il s’agit de son meilleur album depuis La vallée des réputations. La chanson titre est définitivement son plus gros succès commercial des quinze dernières années et, avec dix pièces, c’est son album le plus concis depuis Menteur. Il n’y a pas trop de place aux excentricités et on sent le rockeur en pleine forme. Il manque cependant une touche de cette folie si entraînante et propre à Leloup. C’est très bon, mais un peu trop carré.
5. Mille excuses Milady (2009)
C’est le premier album paru suite à la résurrection de «John The Wolf». Très éparpillé, il peut être difficile de l’écouter, du début à la fin, sans faire de pause. Il aurait été souhaitable que certains délires restent sur la table de découpage. Cependant, les meilleures chansons surpassent celles de À Paradis City, même si elles ont moins résonné auprès du grand public. «La plus belle fille de la prison» et «Laisse-moi» sont des vers d’oreilles indéniables, alors que «Recommencer» est une de ses plus touchantes compositions. Voilà un album sous-estimé qui aurait gagné à être épuré.
4. La vallée des réputations (2002)
Le cinquième album de Leloup est aussi le dernier de sa «période classique», avant qu’il ne tue et ressuscite ensuite le personnage. Les chansons ne passeront pas toutes à la postérité, mais celles qui le feront sont parmi les plus belles de son répertoire: «Ballade à Toronto», «Je suis parti», «Paradis perdu»… Ajoutez à cela l’entraînante «Voilà», ainsi que l’excellente chanson qui donne son nom à l’album, et on peut ainsi dire que ce dernier est un album marquant, le premier de cette liste.
3. Les fourmis (1998)
Si quelqu’un s’offusquait de voir cet album en troisième place, on ne pourrait lui en tenir rigueur. Il y a des raisons valables pour mettre n’importe quel album de ce top 3 en première position. Pourquoi est-il seulement troisième, alors? Pour plusieurs raisons, en fait: «Satyre» n’est pas vraiment une chanson, trois pièces ont déjà été sur des albums précédents (quoique cette version de «La chambre» est possiblement la meilleure), «Les filles à canon» est plutôt moyenne… En revanche, quelques-unes de ses meilleures compositions se trouvent ici: «Voyager», «Je joue de la guitare», «Les fourmis», «La vie est laide»… Quand même dur à battre, tout ça! Et pourtant…
2. L’amour est sans pitié (1990, réédité en 1991)
Voici l’album où Leclerc est réellement devenu Leloup et où le public l’a découvert. Le disque est sorti en 1990 avant d’être publié à nouveau en 1991, avec l’ajout de deux excellentes chansons, «1990» (la version remixée par James Di Salvio) et «Décadence», ainsi qu’une seconde version de «Cookie». C’est la version toujours en vente à ce jour. Dans un monde idéal, Menteur n’existe pas et ceci est le premier album (et, encore mieux, «Alger» et «Printemps été» remplacent «Dr. Jekyll & Mr. Hyde» et «Smoky Man»). Même si les succès se sont enchaînés par la suite, aux yeux du grand public, c’est sur cet album que se trouvent ses chansons les plus célèbres: «1990», «Cookie», «Isabelle», la chanson-titre… Cette fois-ci, il n’y a aucune concession. Leloup s’y présente à sa façon totalement originale.
1. Le dôme (1996)
On arrive finalement à l’album le plus réussi du chanteur. On y retrouve de magnifiques chansons acoustiques («Sang d’encre », «I Lost My Baby»), des pièces aux rythmes entraînants («Edgar», «Johnny Go»), des textes incroyables («Faire des enfants», «Le dôme»)… Tout ce qu’on aime de Leloup y est à son apogée. C’est également là qu’il se libère de l’accent franchouillard des deux premiers albums et chante avec sa «vraie» voix. De bons albums ont suivi, comme on a pu le voir, mais jamais il n’a su retrouver l’équilibre parfait qu’il y a sur celui-ci. C’est, sans l’ombre d’un doute, l’un des meilleurs albums jamais produits au Québec. Voilà presque vingt-cinq ans qu’il est sorti et il n’a pas pris une ride.