LittératureLa petite anecdote de
Crédit photo : Jocelyn Michel
Je suis contente que vous me demandiez de raconter une anecdote, parce que je me suis donné comme défi d’inventer des histoires sur les artistes que mon personnage côtoie au lieu de raconter celles que j’avais vécues.
En voici donc une qui m’est arrivée pour vrai.
Lorsque j’étais dans la vingtaine, je travaillais pour une maison de disque et je passais beaucoup de temps avec un chanteur très en vogue à cette époque.
Un soir, on va manger au restaurant. J’avais quelque chose de personnel, voire gênant à lui raconter, et je voulais lui demander son avis à propos de cette situation.
On entre donc dans l’établissement. C’est l’hiver, nous sommes emmitouflés dans nos manteaux, et le restaurant est presque vide. Je suis soulagée, parce que, souvent, lorsqu’on est en public, les gens le reconnaissent, et il arrive très souvent que les gens autour épient nos conversations. Je n’ai vraiment pas envie que tout le monde et sa sœur écoutent ce que j’ai à raconter à celui que je considère alors comme mon ami et confident.
On prend place sur une banquette. Personne ne semble l’avoir reconnu. Tout est parfait.
On commande, puis je me lève pour aller à la salle de bain. Mais juste avant de tourner les talons, je me penche vers lui pour lui dire que je trouve la musique du resto vraiment poche. Le problème, c’est que je n’avais pas remarqué la chandelle au milieu de la table, et v’là tu pas que mon foulard prend feu!
Je portais un très long foulard mince d’un rose presque fluo (écoutez, c’était la mode de l’époque). Le chanteur se lève pour m’aider à l’enlever sans me brûler (c’est que ça brûle vite, le synthétique) et il le jette aussitôt par terre et se met à sauter sur le feu pour l’éteindre. Évidemment, tout le restaurant, qui avait commencé à se remplir, se lève et commence à murmurer son nom. Donc, pour l’intimité, on repassera.
J’ai donc attendu un autre jour pour lui raconter ce que j’avais à lui dire…