LittératureLa petite anecdote de
Crédit photo : Sandra Lachance
Avec un poignard
Qu’est-ce qui est vrai?
C’est ce que l’on me demande le plus.
Quand on joue avec les codes de l’intime et de l’impétuosité, il semble que cette question obsède beaucoup les lectrices.eurs.
C’est celle que l’on posait à Marguerite Duras.
C’est celle que l’on posait à Cyril Collard.
C’est celle avec laquelle on a harcelé Nelly Arcan.
La question me fait encore sourire, mais j’avoue aussi ne pas comprendre en quoi elle est importante pour la littérature ou pour la réception d’une œuvre. J’ai l’impression que cette question sert surtout à nourrir le côté malsain de notre humanité. Notre attirance pour le secret et le tordu.
Pour la petite anecdote, je dirai que j’ai véritablement séjourné trois mois à Las Vegas et trois autres à Berlin.
Pour la petite anecdote, je reconnaîtrai que j’ai bien vécu dans Rosemont un peu plus de deux ans.
Pour la petite anecdote, j’admettrai sans gêne avoir fréquenté beaucoup d’hommes.
Pour la petite anecdote, je concèderai que le Jean-Michel du roman est très près de mon propre père.
Pour la petite anecdote, je confierai qu’hier soir, absolument out of the blue, un Américain que j’ai beaucoup aimé et à qui je n’ai pas parlé depuis presque quatre ans — ce même Américain qui a inspiré un des personnages d’Avec un poignard —, m’a contacté pour me dire qu’il avait lu le roman.
Mais je n’ai jamais fait de mal à un animal.
Je n’ai que faire de la Heineken.
Et je n’ai jamais eu de conversation avec David Bowie.
Qu’est-ce qui est vrai? Tout et rien.
Et à qui appartient la vérité de toute façon?
À la littérature, peut-être.