LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Jean-Michel Dufaux
Benoit, tu vis à Montréal. Marie, tu habites à Paris. Un jour, vos chemins se sont croisés, et une histoire d’amour est née de cette rencontre. Et il semblerait que mille et un détails entourent la naissance de cette histoire, ce coup de foudre. Racontez-nous brièvement le récit de votre première rencontre, on est curieux!
B. R. «Tout se passe en Normandie, au très bel hôtel Le Cise, sur les hauteurs impressionnantes des falaises d’Ault. Je suis alors à la conquête des plages de France avec une petite équipe télé. Le promontoire m’enchante, la vue m’enivre, mais c’est son regard (intrigué, suspicieux et taquin), croisé pour la première fois, qui retient toute mon attention. La revoir m’obsède. J’aurai cette chance car Marie est venue donner un coup de main à son père qui possède l’hôtel.»
M. S. «J’ai vu cette équipe entrer dans le restaurant de l’hôtel, et leurs attitudes m’ont tout de suite intriguée. Ils ne ressemblaient pas à la clientèle habituelle, plus décontractés et amusants. Puis, le lendemain, je les ai revus en train de tourner sur la terrasse. Je leur ai demandé comment s’appelait leur émission. C’est Benoit qui m’a répondu: « Benoit à la plage. – Et qui est Benoit ? – C’est moi ? »J’ai été séduite immédiatement.»
Qu’à cela ne tienne, vous avez pris la décision commune de vivre votre histoire d’amour à distance, avec un océan qui vous sépare, et des aller-retour Montréal-Paris pour vous retrouver. C’est de ça que parle Nos traversées: carnet romantique et pratique sur Montréal et Paris, paru aux Éditions de l’Homme. Lequel d’entre vous deux a eu l’idée de faire paraître ce livre, et qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer?
M. S. «Benoit est toujours à la recherche de choses à créer, et il adore m’entraîner dans ses idées. Il sait mon amour des livres et mon envie de me lancer dans l’écriture. On a commencé lors d’une énième séparation. Je devais retourner travailler à Paris, et Benoit a eu l’idée de commencer à parler de nos endroits préférés et de nos différences culturelles. Écrire a permis de revivre les bons moments en attendant les suivants.»
B. R. «C’est le temps gris d’un printemps montréalais capricieux, combiné à ma détresse de voir repartir Marie, qui m’ont suggéré l’idée du livre. Nous sortions du magnifique Crew Collective & Café de la rue St-Jacques et nous avions le blues. «Et si on faisait un livre avec toutes nos photos!? Tu pourrais enfin raconter ta fascination pour les autobus scolaires. Dire qu’un bâton de hockey, pour toi, c’est une crosse! Que les écureuils du Parc Lafontaine t’attendrissent autant que les koalas!» Et Marie a dit oui à l’idée, tout comme Judith Landry des Éditions de l’Homme.»
Nos traversées, ce n’est pas du tout un guide touristique comme les autres! Bien sûr, vous y partagez quelques bonnes adresses, autant à Montréal qu’à Paris, mais ce livre, c’est aussi et avant tout le récit de vos petites joies et de vos remises en question obligées. Dites-nous ce qui attend le lecteur au fil des pages et ce que vous souhaitiez lui partager!
B. R. «Je souhaite qu’il se divertisse et qu’il se sente inspiré. Qu’il se laisse toucher par notre histoire. Vouloir faire découvrir sa ville à celle ou celui qu’on aime, ça pousse à l’émerveillement et ça fait taire le cynisme. J’aimerais que le lecteur ait envie de venir tremper un bagel dans le cream cheese à Montréal, ou d’aller voir un concert au Petit Palais de Paris. Que l’authenticité du livre le charme. Si Oscar et Polina sortaient un livre du genre entre Oslo et Modène, j’aimerais beaucoup le lire!»
M. S. «Oui, qu’il garde l’esprit curieux et le goût de l’inconnu! Ce livre représente quatre années de découvertes dans Montréal et Paris. En effet, outre une multitude d’adresses qui sont devenues nos incontournables, on suit l’évolution d’une histoire d’amour ballotée par les affres de la distance. C’est une sacrée aventure de construire une histoire pareille! Il y a évidemment des moments de doutes et d’angoisses. Il nous a fallu y croire malgré tous les obstacles, et apprendre à se concentrer sur le positif en attendant d’être réunis. Avec la foi et une bonne dose de folie, tout est possible!»
On imagine bien que, si vous avez pris la décision de vivre votre amour à distance, c’est que vous aviez chacun de solides attaches dans vos villes respectives. Parlez-nous un peu de vos métiers respectifs et des projets sur lesquels vous travaillez actuellement, on aimerait en savoir plus sur vous!
B. R. «Depuis quelques années, j’anime des émissions sur les chaines Zeste et Évasion au Québec (Benoit le Bienheureux, Un Québécois à Paris, Sur le Pouce). Ce sont des séries voyage où la gourmandise prend beaucoup de place. J’aime l’écriture de fiction, tout comme j’aime dire que j’ai un bac en Littérature et que Françoise Sagan et Jacques Poulin sont parmi mes préférés. J’évite par contre de parler du piètre box-office du film Le cas Roberge en 2008. Pour faire diversion, je vous annonce la sortie de Quand Benoit est là (saison 2) à l’hiver 2021 sur Zeste!»
M. S. «J’étais comédienne lorsque j’ai rencontré Benoit en 2016. Je jouais dans plusieurs pièces de théâtre à Paris, notamment au théâtre Clavel et celui des Déchargeurs. Ensuite, j’ai laissé le théâtre de côté pour me consacrer entièrement à ma première passion: le piano. Aujourd’hui, j’enseigne dans une école de musique et travaille en parallèle comme auteure pour la Revue Zola.»
Et est-ce un projet pour le futur de vous retrouver et d’enfin vivre votre histoire, ensemble? Si, demain, vous aviez à prendre une décision, est-ce toi, Benoit, qui viendrais rejoindre Marie à Paris, ou bien est-ce toi, Marie, qui viendrais rejoindre Benoit à Montréal?
B. R. «À la fin du livre, nous adressons chacun une lettre au gouvernement canadien. Bien qu’elle soit rédigée sous le couvert de l’humour, elles témoignent de notre envie de vivre ensemble. Je cherche un qualificatif approprié au mot envie. Brûlante, urgente, vitale, nécessaire? Pourquoi avoir choisi le pays des caribous et des neiges éternelles pour s’emmitoufler en tandem? Je vais laisser Marie, en conclusion, développer un peu là-dessus.»
M. S. «Au début de notre histoire, il était compliqué pour moi de venir car j’étais comédienne et je ne me voyais pas jouer la comédie en québécois vu la sonorité désastreuse de mon accent! Après de nombreux aller-retours, mon accent ne s’est pas amélioré, mais le temps a passé et je suis retournée à mon premier amour, la musique. On attendait de voir lequel de nous deux pouvait continuer son métier ailleurs et il semble qu’aujourd’hui, il est plus pratique pour moi de faire la traversée. J’appréhende un peu l’hiver montréalais mais j’ai la chance d’avoir un fameux trappeur pour prendre soin de moi!»